Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Suède (suite)

La Suède, maîtresse de la Baltique. le siècle d’or (1611-1718)


Le règne glorieux de Gustave II* Adolphe (1611-1632)

• 1611 : une charte royale établit une étroite collaboration entre le roi et son peuple ; le Riksdag prend allure de Parlement ; deux cours d’appel sont créées.

• Grand capitaine, Gustave-Adolphe dote la Suède d’une armée puissante, car il rêve de faire de la Baltique un lac suédois ; il met aussi cette armée au service du protestantisme.

• 1617 : la paix de Stolbova avec le Danemark et la Russie lui laisse les mains libres sur le continent. À l’intérieur, un règlement regroupe les quatre ordres (noblesse, clergé, bourgeois, paysans) dans le Riksdag ; la noblesse est appelée à coopérer au gouvernement.

• 1621-1629 : guerre contre la Pologne. Les Suédois s’emparent de la Livonie et occupent la Prusse ducale, terre dans la mouvance polonaise.

• 1630-1632 : Gustave-Adolphe entre dans la guerre de Trente Ans, débarque en Poméranie, « boulevard de la Suède », d’où il déloge les Impériaux. Appuyé par Richelieu, il occupe le Brandebourg, écrase Tilly à Breitenfeld (17 sept. 1631), sauvant ainsi le protestantisme en Allemagne. Maître de l’Allemagne, il est près d’aller dicter la paix à l’empereur à Vienne, quand il est tué devant Lützen (16 nov. 1632).


Christine* de Suède (1632-1654)

• Christine, fille de Gustave-Adolphe, lui succède sous la régence (à partir de 1632) d’Axel Gustavsson Oxenstierna (1583-1654), qui, en 1634, dote la Suède d’une Constitution : celle-ci consacre le triomphe de la bureaucratie nobiliaire.

• 1644 : majorité de la reine ; début de son règne personnel.

• 1645 : paix de Brömsebro, qui donne à la Suède nombre de terres et d’îles danoises.

• 1648 : traités de Wesphalie, qui font de la Suède la maîtresse de la Baltique, notamment par l’acquisition d’une bonne partie de la Poméranie et l’installation des Suédois à l’embouchure des trois fleuves allemands.

• 1654 : attirée par le catholicisme et la France, Christine abdique en faveur de son cousin Charles-Gustave.

• De nombreux Allemands s’installent en Suède et contribuent à lui donner une armature économique de type occidental.


Charles X et Charles XI (1654-1697)

• Charles X Gustave (1654-1660) envahit la Pologne, qui se révolte sous ses pas avec l’aide des Danois. Ceux-ci, écrasés par les Suédois, signent le traité de Roskilde (1658), qui élargit les avantages gagnés par la Suède aux traités de Wesphalie.

• Charles XI (1660-1697) doit suivre le parti français dans une guerre contre l’empereur, les Provinces-Unies et le Danemark. Il est battu, mais grâce à Louis XIV, au traité de Saint-Germain (1679) il ne perd que la Poméranie occidentale, au profit du Danemark. À l’intérieur, Charles XI abaisse la noblesse et établit la monarchie absolue : le Riksdag devient un simple conseil royal (1682).


Charles XII*, héros national (1697-1718)

• Une grande partie du règne de ce soldat follement courageux (le « roi de fer ») est occupée par les péripéties de la guerre du Nord (1700-1721), qui oppose la Suède à une coalition comprenant le Danemark, la Russie, la Saxe et la Pologne, décidés à éliminer les Suédois des rives méridionales de la Baltique. Si bien que le roi, constamment absent, laisse tourner à vide les rouages du gouvernement, abandonnant au Holsteinois Georg Heinrich Görtz (1668-1719) le soin d’instaurer une économie de guerre.

• Vainqueur à Narva (1700), Charles XII est blessé et vaincu par Pierre le Grand à Poltava (1709), mais il réussit à se réfugier en Turquie (1709-1714). L’Empire suédois s’écroule : le retour de Charles XII n’y change rien. D’ailleurs, le roi est tué au siège de la forteresse de Fredriksten, à Fredrikshald (11 déc. 1718).


L’« ère des libertés » et l’ouverture aux idées nouvelles (1719-1771)


Une lourde succession

• Ulrique-Éléonore (1719-20), sœur de Charles XII, puis son époux, Frédéric Ier de Hesse (1720-1751), liquident une situation désastreuse : les traités de Frederiksborg (1720) et de Nystad (1721) marquent un net recul de la Suède, qui perd la maîtrise de la Baltique et abandonne des territoires importants (Estonie, Livonie, bouches des fleuves allemands, une partie de la Finlande...).

• À l’intérieur, Ulrique-Éléonore, sous la pression des nobles, qui se débarrassent de Georg Heinrich von Görtz, doit accepter d’être élue par le Riksdag. En 1720, Frédéric de Hesse accepte une Constitution qui ouvre l’« ère des libertés » dans le pays.

• Désormais, la Suède va se tourner vers des préoccupations économiques et culturelles sous l’influence du piétisme allemand et du rationalisme français.


L’« ère de la liberté » : règnes de Frédéric Ier de Hesse (1720-1751) et d’Adolphe-Frédéric (1751-1771)

• 1720-1738 : influence du chancelier Arvid Horn (1664-1742), chef des pacifistes (les Bonnets), qui intensifie l’activité économique. La flotte marchande passe de 228 à 480 bâtiments entre 1723 et 1726.

• 1731 : fondation d’une Compagnie suédoise des Indes orientales.

• Au parti pacifiste des Bonnets (de nuit) s’oppose le parti militaire profrançais, qui prend pour emblème le chapeau, symbole de liberté et de courage. En attendant la guerre avec la Russie (dont Horn passe pour être une créature), de nombreux jeunes nobles s’engagent dans l’armée française (le Royal-Suédois).

• 1738 : Carl Gyllenborg (1679-1746), chef des Chapeaux, supplante Horn et devient Premier ministre.

• 1741-1743 : guerre contre la Russie. Le traité de Turku (1743) enlève le sud-est de la Finlande à la Suède.

• La longue domination des Chapeaux favorise l’économie suédoise et aussi l’influence culturelle française : fondation de l’Académie des sciences (1739), de l’Académie des belles-lettres (1753).

• 1756-1771 : longue lutte d’influence des Chapeaux et des Bonnets. La Suède au bord de l’anarchie.