Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Stuarts (les) (suite)

En tout cas, dans les années 40, son prestige était au plus haut. La France, désireuse de forcer l’Angleterre à retirer ses troupes de Flandre, songea à l’utiliser [v. Succession d’Autriche (guerre de la)]. L’Écosse était mal gardée et, de surcroît, murmurait contre le gouvernement hanovrien. Une expédition française, confiée au Maréchal de Saxe, échoua cependant, la flotte anglaise contrôlant la Manche. Avec une folle audace et une étonnante inconscience, Charles Édouard décida de monter lui-même une petite expédition. Dès son arrivée en Écosse en juillet 1745, il bénéficia de l’appui des clans Cameron et Macdonald. Surtout, un homme de très grande valeur, jouissant d’un très grand prestige dans les Highlands, lord George Murray, se rallia à sa cause. Avec ses Highlanders, le Jeune Prétendant descendit vers le sud, traversant Perth et Scone avant d’entrer dans Édimbourg (17 sept.), que la cavalerie anglaise venait de déserter (en un lieu dit « Canter of Coltbrig »). Cette réussite inattendue stupéfia l’Europe et valut à Charles Édouard une folle popularité.

Plein d’illusions, ce dernier s’attendait à conquérir l’Angleterre avec autant de facilités. Mais l’aide française tardait à arriver, et les Lowlands étaient moins enthousiastes que les Highlands. Surtout, Charles Édouard se défiait de son meilleur conseiller, Murray. Pourtant, il partit en novembre vers le sud : ayant battu les Anglais à Glansmuir, il traversa le Cumberland et descendit jusqu’à Manchester et à Derby (4 déc.) en évitant l’armée du duc de Cumberland, envoyée par Londres pour l’arrêter.

Son but semble avoir été la prise de Londres : mais les Highlanders désertaient en masse. Aucun signe d’adhésion des populations anglaises à la cause jacobite ne se manifestait. Les chefs écossais ramenèrent leurs troupes en Écosse, et, la mort dans l’âme, Charles Édouard dut les suivre (déc. 1745). Au début de 1746, il avait encore 9 000 hommes et put encore remporter une petite victoire à Falkirk (17 janv.). Mais ses troupes étaient épuisées : le 16 avril, elles furent écrasées à Culloden. Charles Édouard donna à ses partisans l’ordre de se disperser. Lui-même, déjouant toutes les poursuites, ne repassa en France qu’en septembre 1746.

Par la suite, il multiplia les combinaisons hasardeuses pour tenter une nouvelle expédition : mais aucun gouvernement n’avait plus confiance en lui, et Charles Édouard sombra dans l’ivrognerie. Il finit par s’installer à Rome, où il vécut sous le nom de comte d’Albany et où il se maria en 1772 avec la princesse Louise de Stolberg (1752-1824). Mais celle-ci l’abandonna pour le poète Alfieri. Charles Édouard mourut déconsidéré en 1788. Le titre royal passa à son frère Henry (1725-1807) [Henri IX d’Angleterre, Henri Ier d’Écosse] cardinal d’York, qui dut renoncer à son titre lors de la conquête de l’Italie par Napoléon Ier et qui mourut en 1807 (Henri IX/Ier).

J.-P. G.

➙ Écosse / Grande-Bretagne.

 T. F. Henderson, The Royal Stewarts (Édimbourg et Londres, 1914). / C. A. Petrie, The Stuarts (Londres, 1937). / A. C. Addington, The Royal House of Stuart (Londres, 1969).

stupéfiant

Toute drogue dont l’usage conduit à un état physiologique voisin de la narcose et qui est susceptible de provoquer un phénomène d’accoutumance se traduisant par une baisse de son activité médicamenteuse et par le besoin de prises plus fréquentes.



Introduction

L’usage non justifié ou non surveillé médicalement des stupéfiants peut conduire à la toxicomanie*.

Les stupéfiants, à l’origine représentés par des narcotiques, comprennent aujourd’hui certains psychotropes*, substances récemment introduites en thérapeutique, dont les toxicomanes savent exalter les propriétés en les associant à l’alcool ou aux sédatifs, ou encore à des substances non utilisées en thérapeutique, tels les hallucinogènes (v. hallucination).

L’emploi thérapeutique des stupéfiants fait l’objet de plusieurs articles du Code de la santé publique, qui en réglemente la prescription par les médecins, la détention par les pharmaciens aux différents stades de la profession et la dispensation aux malades, et qui institue les peines applicables aux contrevenants, professionnels ou usagers. Lès stupéfiants et les médicaments qui en comportent, sous réserve pour certains d’entre eux de quelques exonérations, sont inscrits au tableau B des substances vénéneuses.


Principaux médicaments stupéfiants

• Parmi les substances d’origine végétale, on trouve :
— l’opium*, ses dérivés galéniques (poudre, extrait, teinture, laudanum) ainsi que les alcaloïdes* qu’on en tire (morphine, codéine, codéthyline, diacéthylmorphine), qui sont de toxicité très variable (la codéine et la codéthyline, principalement prescrites comme antitussifs, bénéficient d’assez larges exonérations au niveau de la prescription ; par contre, la diacéthylmorphine, plus connue sous le nom d’héroïne, interdite en thérapeutique, sauf pour cures de désintoxication, est un stupéfiant redoutable, qui est recherché dans les milieux internationaux de la « drogue ») ;
— la coca, ses dérivés (poudre, extraits, teinture) et son principal alcaloïde, la cocaïne, utilisée comme anesthésique local.

• Parmi les substances synthétiques, citons :
— les analgésiques, tels que la péthidine, utilisée principalement dans la pré-anesthésie, et le dextro-moramide ;
— certaines amines de réveil et certains anorexigènes, telles l’amphétamine, l’oxazimédrine et la lévophacétopérane.


Détention des stupéfiants

À tous les stades de la profession pharmaceutique, les stupéfiants sont stockés dans des locaux ou des placards réservés à cet usage, fermant à clef et sous la responsabilité directe d’un pharmacien. Tout mouvement — achat, transformation, vente — fait l’objet d’une opération comptable consignée sur un registre coté et paraphé par le maire ou le commissaire de police. Toute commande à un autre établissement pharmaceutique est obligatoirement rédigée au moyen d’un carnet à souches d’un modèle officiel, délivré par le Conseil de l’ordre des pharmaciens.