Stuarts (les) (suite)
En tout cas, dans les années 40, son prestige était au plus haut. La France, désireuse de forcer l’Angleterre à retirer ses troupes de Flandre, songea à l’utiliser [v. Succession d’Autriche (guerre de la)]. L’Écosse était mal gardée et, de surcroît, murmurait contre le gouvernement hanovrien. Une expédition française, confiée au Maréchal de Saxe, échoua cependant, la flotte anglaise contrôlant la Manche. Avec une folle audace et une étonnante inconscience, Charles Édouard décida de monter lui-même une petite expédition. Dès son arrivée en Écosse en juillet 1745, il bénéficia de l’appui des clans Cameron et Macdonald. Surtout, un homme de très grande valeur, jouissant d’un très grand prestige dans les Highlands, lord George Murray, se rallia à sa cause. Avec ses Highlanders, le Jeune Prétendant descendit vers le sud, traversant Perth et Scone avant d’entrer dans Édimbourg (17 sept.), que la cavalerie anglaise venait de déserter (en un lieu dit « Canter of Coltbrig »). Cette réussite inattendue stupéfia l’Europe et valut à Charles Édouard une folle popularité.
Plein d’illusions, ce dernier s’attendait à conquérir l’Angleterre avec autant de facilités. Mais l’aide française tardait à arriver, et les Lowlands étaient moins enthousiastes que les Highlands. Surtout, Charles Édouard se défiait de son meilleur conseiller, Murray. Pourtant, il partit en novembre vers le sud : ayant battu les Anglais à Glansmuir, il traversa le Cumberland et descendit jusqu’à Manchester et à Derby (4 déc.) en évitant l’armée du duc de Cumberland, envoyée par Londres pour l’arrêter.
Son but semble avoir été la prise de Londres : mais les Highlanders désertaient en masse. Aucun signe d’adhésion des populations anglaises à la cause jacobite ne se manifestait. Les chefs écossais ramenèrent leurs troupes en Écosse, et, la mort dans l’âme, Charles Édouard dut les suivre (déc. 1745). Au début de 1746, il avait encore 9 000 hommes et put encore remporter une petite victoire à Falkirk (17 janv.). Mais ses troupes étaient épuisées : le 16 avril, elles furent écrasées à Culloden. Charles Édouard donna à ses partisans l’ordre de se disperser. Lui-même, déjouant toutes les poursuites, ne repassa en France qu’en septembre 1746.
Par la suite, il multiplia les combinaisons hasardeuses pour tenter une nouvelle expédition : mais aucun gouvernement n’avait plus confiance en lui, et Charles Édouard sombra dans l’ivrognerie. Il finit par s’installer à Rome, où il vécut sous le nom de comte d’Albany et où il se maria en 1772 avec la princesse Louise de Stolberg (1752-1824). Mais celle-ci l’abandonna pour le poète Alfieri. Charles Édouard mourut déconsidéré en 1788. Le titre royal passa à son frère Henry (1725-1807) [Henri IX d’Angleterre, Henri Ier d’Écosse] cardinal d’York, qui dut renoncer à son titre lors de la conquête de l’Italie par Napoléon Ier et qui mourut en 1807 (Henri IX/Ier).
J.-P. G.
➙ Écosse / Grande-Bretagne.
T. F. Henderson, The Royal Stewarts (Édimbourg et Londres, 1914). / C. A. Petrie, The Stuarts (Londres, 1937). / A. C. Addington, The Royal House of Stuart (Londres, 1969).