Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

structuralisme (suite)

La vérification, elle aussi, peut être empirique ou formelle. Empirique, elle est fournie par l’expérience ou l’ethnographie. Ce fut le cas pour l’explication du système murngin, à laquelle Lévi-Strauss avait abouti par déductions successives, à partir de modèles formels, et en utilisant l’algèbre et la théorie des groupes de substitution pour l’étude et la classification des lois du mariage ; la validité de son explication fut ensuite vérifiée sur place, et de façon tout à fait indépendante, par l’ethnologue R. M. Berndt.

Dans le domaine de la mythologie, c’est fréquemment par l’ethnographie ou par le contexte d’autres mythes qu’une interprétation peut être confirmée. C’est ainsi que les troisième et quatrième volumes des Mythologiques, consacrés essentiellement à la mythologie nord-américaine, ont permis à Lévi-Strauss de prouver la légitimité des analyses effectuées de manière largement déductive dans les deux premiers volumes, qui étudient la mythologie sud-américaine.

Il n’est, cependant, pas toujours possible de vérifier par les faits ou sur le terrain la pertinence d’une explication, étant donné le caractère souvent partiel et incertain des informations dont dispose l’ethnologue. Celui-ci doit alors se contenter d’une vérification de nature formelle, dont le but est de s’assurer à la fois de la rigueur de ses propres démarches et de la valeur explicative des structures mises à jour. Les critères d’une telle vérification sont ceux qui sont énoncés plus haut : simplicité, conformité au réel, caractère exhaustif de l’explication, possibilité à n’importe quelle étape de l’analyse de reconstituer par une démarche régressive le système étudié.

La méthode structurale telle que l’a pratiquée Lévi-Strauss s’est révélée à la fois rigoureuse et féconde. Certains n’ont pas manqué d’attribuer sa réussite au fait que la « pensée sauvage » constituait un objet privilégié et particulièrement adéquat, en raison de l’exubérance de ses arrangements syntaxiques et de la pauvreté de ses contenus sémantiques. Lévi-Strauss, cependant, refuse d’admettre une telle interprétation, qui rétablit la dichotomie traditionnelle entre mentalité primitive et mentalité civilisée (la première étant considérée comme inférieure par rapport à la seconde), toutes ses recherches tendant à prouver qu’elle n’est pas fondée, que la pensée humaine est une et qu’elle fonctionne selon des lois universelles et intemporelles. La méthode structurale, estime-t-il, n’a pas d’objets ou de domaines privilégiés, mais simplement des situations qui lui sont plus ou moins favorables. Or, la situation de l’ethnologue en face des sociétés exotiques est « éminemment favorable », en raison de la pauvreté de l’information dont on dispose à leur égard, de la distance qui existe entre l’observateur et son objet d’étude, l’une et l’autre le condamnant à n’en apercevoir que les caractéristiques fondamentales ; en raison, enfin, de l’existence d’écarts différentiels particulièrement marqués entre la société à laquelle appartient l’observateur et les sociétés qu’il étudie. La conclusion qu’il tire lui-même de ces constatations est qu’il est difficile d’appliquer la méthode structurale à l’étude des sociétés contemporaines. Il reste à prouver que cette difficulté n’est pas insurmontable.

M. M.-L.

➙ Anthropologie / Fonctionnalisme / Lévi-Strauss (Claude) / Mythe et mythologie / Parenté / Sociologie.

 R. Bastide (sous la dir. de), Sens et usages du terme structure dans les sciences humaines et sociales (Mouton, 1962). / « La Pensée sauvage » et le structuralisme, numéro spécial de Esprit (Éd. du Seuil, 1963). / Lévi-Strauss, numéro spécial de l’Arc (Aix-en-Provence, 1965). / J. Viet, les Méthodes structuralistes dans les sciences sociales (Mouton, 1965). / Le Structuralisme, numéro spécial de Aletheia (1966). / Problèmes du structuralisme, numéro spécial des Temps modernes (1966). / J.-M. Auzias, Clefs pour le structuralisme (Seghers, 1967). / J.-B. Fages, Comprendre le structuralisme (Privat, Toulouse, 1967). / Le Structuralisme et les sciences humaines, numéro spécial de Esprit (1967). / R. Boudon, À quoi sert la notion de « structure » ? (Gallimard, 1968). / O. Ducrot et coll., Qu’est-ce que le structuralisme ? (Éd. du Seuil, 1968). / J. Piaget, le Structuralisme (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1968 ; 6e éd., 1974). / Y. Simonis, Claude Lévi-Strauss ou « la Passion de l’inceste ». Introduction au structuralisme (Aubier, 1968). / P. Cressant, Lévi-Strauss (Éd. universitaires, 1970). / M. Marc-Lipiansky, le Structuralisme de Lévi-Strauss (Payot, 1973).

structure chimique

Agencement des atomes, des molécules ou des ions dans les espèces chimiques, considérées sous leurs divers états physiques.


Dans les gaz, formés de molécules en mouvement incessant et désordonné, la description de la structure se limite à celle des molécules ; il en est de même en général dans les liquides, bien que les mouvements des molécules y soient d’amplitude moindre que dans les gaz. Dans les solides, les particules constituantes, atomes, molécules ou ions, occupent des positions moyennes déterminées. Il en résulte qu’une structure du solide est à considérer, distincte de celle de ses constituants. Cependant, seul le solide cristallisé est caractérisé par un agencement ordonné et spécifique des particules ; le solide vitreux, amorphe, qui résulte d’un énorme accroissement de la viscosité du liquide dont il est issu par refroidissement, n’est qu’un prolongement de l’état liquide, sans organisation spécifique de ses parties constituantes.


Structure des molécules et des ions polyatomiques

Les liens internes entre atomes y sont de nature covalente. Si la molécule ou l’ion est diatomique (HCl, ClO), la seule donnée de structure est celle de la distance des noyaux. Par contre, si la molécule ou l’ion renferme au moins trois atomes, sa description comporte des données angulaires, car l’un au moins des atomes échange plusieurs liaisons covalentes, dont l’orientation mutuelle est à considérer. Par exemple :