Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Augsbourg (suite)

À la fin de la Renaissance, l’axe de la ville haute se ponctue de fontaines monumentales dues à des artistes néerlandais : celle d’Auguste, dont la margelle supporte de souples figures de nymphes, est l’œuvre d’Hubert Gerhard (v. 1545-1620) ; celles de Mercure et d’Hercule sont dues à Adriaen de Vries (v. 1546-1626) ; les unes et les autres restent dans la tradition de Giambologna. Augsbourg a alors le privilège d’un architecte municipal de haute valeur, Elias Holl (1573-1646), qui, formé par un voyage en Italie et surtout par les livres d’architecture, n’ignore rien de l’art ultramontain mais garde une personnalité singulière. Son chef-d’œuvre, un peu froid, est l’hôtel de ville (1615-1620) à nombreuses et hautes fenêtres superposées, couronné d’un fronton. D’autres édifices de sa manière sont l’arsenal (1602-1607), dont la façade porte un superbe saint Michel en bronze de Gerhard, la boucherie (1606-1609), la chancellerie et l’hôpital. Les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ont détruit la célèbre « salle dorée » de l’hôtel de ville, imposante mais lourde, due à Matthias Kager.

Aujourd’hui, le visiteur ne manque point d’être frappé par l’aspect classique, presque italianisant du vieil Augsbourg, dû sans doute à l’absence de relief des façades et à la largeur des rues principales.

P. D. C.

Auguste

En lat. Caius Iulius Caesar Octavianus Augustus, empereur romain (Rome 23 sept. 63 av. J.-C. - Nola 19 août 14 apr. J.-C.).



La jeunesse d’Octave

Du côté paternel, Octave appartenait à une famille honorable de Velitrae (auj. Velletri), dans le Latium, mais qui n’était ni patricienne ni anciennement noble. Son arrière-grand-père et son grand-père faisaient partie de l’ordre équestre et avaient fait carrière dans des fonctions subalternes. Son père avait été le premier à pénétrer dans la noblesse sénatoriale par les échelons du cursus honorum : après avoir rempli la prêture, il avait été gouverneur de Macédoine, charge qu’il accomplit à la satisfaction de tous. Comme compensation à cette médiocre notoriété, Octave connut l’aisance, sinon la richesse, ce qui permit, plus tard, de le calomnier en tant que fils de changeur. Du côté de sa mère, Atia, il était, en revanche, lié aux plus grandes familles de Rome. Atia était la fille de M. Atius Balbus, d’ancienne famille sénatoriale apparentée au grand Pompée, et de Julie, une des sœurs de Jules César. Être le petit-neveu du dictateur fut la chance du jeune Octave.

Il fut élevé à Velitrae, où il perdit son père à l’âge de quatre ans. Quoique remariée à L. Marcius Philippus, sa mère suivit de près son éducation, d’autant plus que sa faible constitution, prompte à succomber aux atteintes de la maladie, lui donnait de multiples craintes. Il fut un élève doué et attentif, que ce soit en rhétorique, dont M. Epidius lui inculqua les éléments, ou dans les lettres et la pensée grecques, que lui enseignèrent des maîtres imprégnés de stoïcisme, Apollodore de Pergame, Arius d’Alexandrie, Athénodore de Tarse.

C’est en grande partie cette intelligence ouverte qui, très tôt, attira sur lui l’attention de son grand-oncle Jules César. Dès l’âge de douze ans, il eut à prononcer, devant le peuple assemblé, l’éloge de sa grand-mère lors de ses funérailles ; ce fut son premier rôle public. À quatorze ans, il revêtit la toge virile. Les distinctions n’allaient plus, désormais, manquer au jeune Octave. En 48, il pénétra dans le collège des pontifes, que présidait Jules César en tant que grand pontife. En 47, durant l’absence de César de Rome, il exerça les fonctions de préfet de la ville. Mais le dictateur aurait aussi voulu lui faire prendre une part active à ses succès militaires ; malheureusement, la santé d’Octave ne lui permit pas de se rendre en Afrique, ce qui n’empêcha pas son grand-oncle de lui faire accorder les dona militaria et la participation à la cérémonie du triomphe en 46. L’année suivante, atteint d’une grave maladie, il ne put rejoindre César en Espagne qu’une fois terminée la campagne décisive de Munda.

Tout le désignait déjà comme l’héritier de César, mais ce dernier voulait qu’il confirmât son éducation intellectuelle et militaire. Il l’envoya en Grèce, à Apollonia, achever ses études et surveiller les préparatifs de l’armée, que César avait dans l’idée de lancer bientôt contre les Parthes. C’est là que, à la fin du mois de mars 44, le jeune Octave reçut la terrible nouvelle ; l’homme qu’il admirait et respectait tant avait été assassiné en pleine curie.


La lente montée au pouvoir

Octave n’a pas encore dix-neuf ans, et il lui faut choisir la meilleure voie pour assurer son destin. Il aurait pu alors abandonner toute ambition, mais le spectacle offert par Rome depuis sa prime enfance lui a montré que le pouvoir appartient à ceux qui font preuve de ténacité et d’audace. Sachant combien la situation est difficile à Rome pour les meurtriers de César, mais comprenant surtout que son absence laisse la place libre à Antoine (né en 83 av. J.-C.), alors consul, qui se pose en vengeur de César, il décide de rentrer en Italie. Débarquant à Lupiae, près de Brindes (auj. Brindisi), à la fin du mois d’avril, il y apprend que, par son testament, César fait de lui son héritier et son fils en l’adoptant. Par ce moyen, Octave est désigné comme le successeur du dictateur assassiné ; il ne peut plus reculer devant son destin, malgré les objurgations de sa mère et de son beau-père. Il n’hésite pas à se rendre à Rome, où il arrive, comme un simple particulier, au début du mois de mai. Il prétend ne venir réclamer que l’héritage de son père ; tout, dans son attitude modeste, semble le confirmer. Mais il met Antoine dans un cruel embarras ; accorder au jeune Octave ce qu’il demande revient à lui donner le pouvoir. Toute l’action d’Antoine consiste à empêcher les comices curiates de reconnaître l’adoption d’Octave par César ; sans cette reconnaissance, Octave ne pouvait légalement être considéré comme le fils de César.