Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Stockholm (suite)

Avec ses nombreuses îles cernées par les eaux lacustres et marines, reliées souvent par des ponts aux lignes hardies, jouissant d’un climat agréable, chaud en été, la ville, qui allie harmonieusement les espaces verts, les parcs, et les grands ensembles résidentiels ou commerciaux avec la vieille cité historique et ses nombreux monuments, est une des plus belles de Scandinavie et le principal centre de tourisme du pays.

Par son site, Stockholm est une ville-pont, installée sur l’émissaire du lac Mälaren : le Riddarfjärden a son débouché dans le Saltsjön. Ce dernier, bas fjord d’une vingtaine de kilomètres au travers de l’archipel du « Skärgård » (« jardin d’écueils »), la met en communication avec la Baltique. La voie terrestre suit un long ôs (accumulation linéaire de matériel morainique reposant sur un socle de gneiss et granités), créant une chaussée naturelle orientée du nord-ouest au sud-est, qui forme un groupe de petites îles, Staden (la cité), Riddarholmen et Helgeandsholmen, entourées d’étroits chenaux. Site originel de la ville, ces îles en forment actuellement le cœur, et le lieu de passage le plus fréquenté, débouchant au sud sur le remarquable nœud de circulation, de « Slussen » (l’écluse), où se croisent voies routières, chemin de fer, métropolitain et navires, au pied de la haute et noire falaise méridionale de Södermalm.


Le développement historique

Ce serait vers 1252 que Birger Jarl, régent de Suède, fonda la cité de Stockholm sur l’île appelée aujourd’hui Staden (Staden mellan broarna : la cité entre les ponts) et fit construire le château appelé par la suite Tre Kronor (les Trois Couronnes), qui brûla en 1697 et à l’emplacement duquel fut édifié et terminé en 1754 l’actuel château royal. En 1264 débuta à proximité le chantier de la Grande Église, Storkyrkan (dédiée à saint Nicolas de Myre, patron des navigateurs), cathédrale nationale de la Suède. Cet édifice fut en grande partie reconstruit au xve s. et très remanié entre 1736 et 1743 par l’architecte J. E. Carlberg. Magnus VII Eriksson et Blanche de Namur y furent couronnés, ainsi que la reine Christine, Charles XII, Gustave III et les rois de la maison de Bernadotte.

Sur l’île proche de Riddarholmen fut fondé en 1270 par le roi Magnus Ladulås un monastère franciscain. Dans l’église édifiée vers 1280 reposent actuellement, depuis Gustave II Adolphe (1632), tous les souverains de Suède. La ville a tôt débordé aussi sur la rive nord du lac Mälaren, où fut fondé en 1282 le cloître Sainte-Claire, aujourd’hui disparu. À son emplacement s’élève, près de la gare, l’église Klara kyrka, bâtie au xvie s.

En 1397 fut réalisée l’Union de Kalmar, qui plaça la Suède, le Danemark et la Norvège sous la souveraineté du roi du Danemark : le conflit entre les intérêts danois et suédois provoqua l’éclipsé de Stockholm, qui souffrit en outre, dans ses intérêts économiques, du blocus hanséatique contre les pays scandinaves.

À la fin du xve s., la Suède parvint à secouer le joug danois, et des administrateurs nationaux, les Sture, gouvernèrent le pays. En 1520, cependant, le roi Christian II de Danemark (1513-1523) reconquit la Suède ; le dernier Sture fut tué dans la bataille, et Stockholm, héroïquement défendue par sa veuve, Kristina Gyllenstierna (1494-1559), dut capituler en septembre 1520. Les Danois noyèrent la révolte dans le sang : ce furent les « vêpres stockholmiennes ».

Mais ces massacres provoquèrent un sursaut national. En 1521, Gustave Vasa prit la tête de la révolte nationale, secoua le joug danois et, en 1523, entra en roi indépendant et victorieux à Stockholm, qui devint dès lors la capitale politique et économique de la Suède. Cependant, la ville ne prit vraiment son essor que sous le règne de Gustave II Adolphe (1611-1632) : sa population atteignait 9 000 habitants à la mort du souverain ; elle devait passer à 40 000 habitants vers 1660 (la croissance de la ville s’étant poursuivie sous le règne de Christine* [1632-1654], fille de Gustave II Adolphe), pour atteindre 75 000 habitants en 1700.

A partir de la seconde moitié du xviie s. et au xviiie s. furent bâtis de nombreux monuments dans une ville qui, débordant le cadre des îles, s’étendait sur les rives nord et sud.

Au xviiie s., Stockholm, devenue un important foyer culturel (scientifique et littéraire), commença à attirer les savants et les érudits, concurrençant Lund et Uppsala, en particulier sous le règne de Gustave III (assassiné en 1792).

Au début du xixe s., avec l’avènement de la dynastie des Bernadotte, la Suède s’installa dans la paix. La liberté économique et le libre-échange allaient, au milieu du siècle, favoriser l’expansion de Stockholm, tandis que le pouvoir administratif et politique s’y affirmait davantage. En 1850, la ville comptait 90 000 habitants.

La seconde moitié du xixe s. et le début du xxe s. voyaient, avec le développement des voies ferrées, s’installer des usines ; Stockholm s’étendait sur toutes les îles et les presqu’îles dans un rayon de 3 km autour de l’île de Staden avec de longues rues bien tracées, de grands immeubles et des parcs. Nombreux sont les monuments de cette époque : l’Opéra royal, le Musée national, édifié en 1866 dans le style de la Renaissance, la Bibliothèque royale, construite en 1870. Le Parlement, Riksdagshuset, fut élevé en 1905 dans l’île du Norrström, et le palais de justice (Rådhuset) fut inauguré en 1915 dans celle de Kungsholmen. Dans l’île de Djurgården furent fondés par le docteur Artur Hazelius en 1872 le Musée nordique (Nordiska museet) et en 1891 le célèbre Musée historique et folklorique en plein air de Skansen.


La ville actuelle

L’urbanisme est caractérisé par les solutions apportées aux problèmes de la circulation : grands ponts, échangeurs (croisement de « Slussen »), réseau moderne et efficace du métropolitain. Des quartiers et des villes satellites, bien reliés au centre de la ville, telle l’exemplaire cité de Vällingby (25 000 hab.), où l’on peut à la fois résider et travailler, se sont édifiés au milieu des parcs, sur les îles et les rives du lac Mälaren. En contraste, sur la rive nord, s’est construit depuis 1950 le Norrmalm, centre des affaires, carrefour où se dressent de hauts immeubles en aluminium, en acier et en verre, sièges des grandes sociétés industrielles, bancaires et commerciales du pays. À proximité se trouve Hötorget avec ses grands magasins, une circulation répartie sur différents niveaux et un important centre d’achat relié à la station centrale du métro.