Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Aubigné (Théodore Agrippa d’) (suite)

Une espérance trahie

Compagnon incorruptible d’Henri IV, d’Aubigné n’avait déposé l’épée que pour mettre sa plume au service de son parti et de sa religion. Si sa véhémence et son ironie nourrissent encore son pamphlet contre les abjurations des protestants (Confession catholique du sieur de Sancy) et sa peinture de la frivolité de la Cour (Aventures du baron de Foeneste, 1617), il s’efforce à l’impartialité dans son Histoire universelle depuis 1550 jusqu’en 1601 (1616-1620). À près de soixante-dix ans, il est compromis dans la conspiration contre le duc de Luynes. Il abandonne ses terres et les fureurs romantiques de son œuvre confidentielle (le Printemps) pour se réfugier à Genève. Il y vivra assez pour se remarier et voir la ruine du parti protestant : plus que la prise de La Rochelle le touchent les désordres de son fils Constant, qui tue sa première femme et renie sa religion. La fille de cet enfant portera un coup définitif à l’œuvre de foi de son grand-père, par la part qu’elle prendra à la révocation de l’édit de Nantes : ce sera Mme de Maintenon.

A. M.-B.

➙ Baroque / Épopée / France.

 A. Garnier, Agrippa d’Aubigné et le parti protestant (Fischbacher, 1928 ; 3 vol.). / J. Plattard, Une figure de premier plan de nos lettres de la Renaissance : Agrippa d’Aubigné (Boivin, 1931). / A. Lebois, la Fortune littéraire des « Tragiques » d’Aubigné (Lettres modernes, 1957). / J. Galzy, Agrippa d’Aubigné (Gallimard, 1965). / J. Rousselot, Agrippa d’Aubigné (Seghers, 1966).

Auckland

Principale ville et premier port de la Nouvelle-Zélande ; 650 000 hab. (près du quart de la population totale de l’État).


Au moment de l’installation de l’Angleterre en Nouvelle-Zélande, la région d’Auckland est peuplée par les Maoris, venus de Polynésie. En 1840, le capitaine William Hobson remarque la baie abritée de Waitemata, achète aux Maoris 1 200 ha et, sur la rive sud, fonde la ville à laquelle il donne le nom du lord de l’Amirauté, George Eden, comte Auckland. Le développement de la nouvelle agglomération est rapide : la population atteint 7 000 habitants dès 1851 et, malgré le transfert du siège de la capitale de la colonie à Wellington en 1865, l’essor d’Auckland se poursuit après la fin des guerres maories (1869). Auckland est un port d’escale important sur les routes du Pacifique, un centre d’exportation des produits agricoles de l’île du Nord et un entrepôt pour le reste de la Nouvelle-Zélande, en dépit de sa situation excentrique ; le trafic de redistribution se fait par cabotage. La population dépasse 100 000 habitants à la veille de la Première Guerre mondiale. Grâce à ses fonctions de place de commerce internationale et à son importance croissante comme centre industriel, Auckland est la ville néo-zélandaise qui s’est le plus rapidement développée depuis un demi-siècle.

La ville actuelle est très étalée, comme toutes les villes d’Australasie. La complexité de sa structure s’explique d’abord par son site. Auckland a été fondée à l’endroit où l’île du Nord est le plus étroite, entre les deux baies ramifiées de Waitemata et de Manukau : il y a un véritable enchevêtrement de la terre et de la mer. De plus, les terrasses sur lesquelles la ville s’est étalée sont parsemées de petits cônes volcaniques aux pentes raides (le plus haut, le mont Eden, a 195 m), qui ont été pour la plupart transformés en jardins publics. Il n’y a pas à Auckland de « ceinture verte », mais de nombreux parcs d’étendue limitée. À la complexité du site s’est ajouté le morcellement administratif, l’aire urbaine étant divisée entre la City d’Auckland (160 000 hab.) et trente-deux Boroughs et County Towns.

Le cœur de la cité, le Central Business District, correspond à la ville primitive et s’allonge du nord au sud, de part et d’autre de l’artère centrale de Queen Street. Pendant la journée, les deux cinquièmes de la population active de l’agglomération viennent y travailler, dans les bureaux, les grands magasins, et la circulation y est difficile. La nuit, après la fermeture des cinémas et lieux de spectacle, c’est le calme : la population résidente diminue chaque année. De l’autre côté d’Albert Park se dresse l’université.

C’est en bordure de la baie de Waitemata que se trouvent la plupart des installations portuaires ; la baie de Manukau est très peu utilisée. Les mouvements de passagers ont beaucoup diminué depuis le développement de l’aviation (un aéroport international a été installé à Mangere, au sud de la ville). Le trafic commercial du port dépasse 4 Mt. Les exportations des produits agricoles (produits laitiers, laine, viande, etc.) représentent un tonnage inférieur aux entrées des combustibles, des produits de consommation et des matières premières nécessaires aux industries du nord de la Nouvelle-Zélande.

Auckland est en effet le principal centre industriel du pays. Dans la zone urbaine, plus de 2 300 usines occupent quelque 80 000 personnes, dont un tiers de femmes. La valeur ajoutée de la production représente le tiers de celle de toute l’industrie néo-zélandaise. Les usines se localisent surtout sur les bords de Waitemata Harbour (raffinerie de sucre de Chelsea, construction navale de Devonport), et dans les quartiers de New Lynn (textile, céramique) et de Mount Roskill (bois), à l’ouest de la ville, de Penrose, au sud (caoutchouc, verreries), et du Tamaki, à l’est (constructions mécaniques). Sur une ramification de Manukau Harbour, à Glenbrook, une usine sidérurgique est en voie d’achèvement.

Les quartiers de résidence sont très largement étalés : ils sont constitués de villas individuelles entourées de jardins. Sur les 125 000 logements de l’agglomération, on compte 85 p. 100 de maisons particulières. À l’ouest de la City, les faubourgs ont souvent des habitations assez denses (Grey Lynn), tandis qu’à l’est on trouve des quartiers de belles villas, avec jardins exotiques et vue sur la baie de Waitemata. Située à 36° 5 de latitude S., Auckland est une ville au climat humide, mais agréable, très doux en hiver et aux chaleurs estivales tempérées par la présence de l’océan. Ses baies constituent de magnifiques plans d’eau pour le yachting, et de belles plages s’étendent à proximité de la ville, en particulier au nord de celle-ci (Hibiscus Coast). Le développement des quartiers de résidence sur la rive nord de Waitemata Harbour a rendu nécessaire la construction d’un grand pont de 1 km de long à travers la baie ; ce Harbour Bridge achevé en 1959, a son tablier à 43 m au-dessus de l’eau.

Auckland est la ville la plus dynamique et la plus cosmopolite de la Nouvelle-Zélande. C’est aussi l’agglomération où le groupe maori est le plus important : il représente environ 35 000 personnes, soit près de 6 p. 100 de la population totale. Il s’y ajoute une vingtaine de milliers de Polynésiens venus depuis la dernière guerre de leurs archipels surpeuplés (Samoa Cook, Tonga).

A. H. de L.