Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sport (suite)

Cette dispersion, unique au monde, l’indifférence de certains milieux de l’enseignement, considérant toujours le sport non comme une éducation, mais comme un loisir volontaire, en dépit de mesures légales décidées périodiquement, l’absence d’un pouvoir global malgré la création, en 1971, d’un Comité national olympique et sportif français, dépourvu d’autorité et de moyens, expliquent la faiblesse générale du sport français dans les domaines représentatifs de l’athlétisme, de la natation par exemple, deux sports universellement pratiqués et considérés comme les plus importants lors des compétitions olympiques, malgré les efforts entrepris depuis 1960 en matière d’équipement (stades, gymnases, piscines).

Le sport, avec ses foules immenses, l’importance que lui accordent la télévision, la radio, les journaux, n’en reste pas moins un fait social de première importance. Si sa pratique est généralement bénéfique, elle présente certains dangers : risque d’accidents parfois mortels dans quelques sports de contact (football américain par exemple) ou simplement par inaptitude, soit congénitale, soit par manque de préparation de base.

Enfin, la trop grande importance que l’on attache aux succès dans les compétitions internationales peut conduire à des excès par déloyauté ou brutalité, ou simplement par l’utilisation de moyens artificiels, destinés à augmenter le rendement de la machine humaine.

En 1894, Pierre de Coubertin, se référant en partie au processus de déclin de l’esprit sportif en Grèce, a écrit : « Le rôle du sport paraît devoir être aussi considérable et aussi durable dans le monde moderne qu’il l’a été dans le monde antique ; il reparaît, d’ailleurs, avec des caractères nouveaux : il est international et démocratique, approprié par conséquent aux idées et aux besoins du temps présent. Mais, aujourd’hui comme jadis, son action sera bienfaisante ou nuisible selon le parti qu’on en saura tirer et la direction dans laquelle on l’aiguillera. Le sport peut mettre en jeu les passions les plus nobles comme les plus viles ; il peut développer le désintéressement et le sentiment de l’honneur comme l’amour du gain ; il peut être chevaleresque ou corrompu, viril ou bestial. Or la noblesse des sentiments, le culte du désintéressement et de l’honneur, l’esprit chevaleresque, l’énergie virile et la paix sont les premiers besoins des démocraties modernes. »

G. M.

➙ Éducation physique / Olympiques (jeux).

 B. Gillet, Histoire du sport (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1949 ; 4e éd., 1970). / J. Dumazedier, M. Baquet et A. Bayen, Regards neufs sur le sport (Éd. du Seuil, 1950). / J. Dauven (sous la dir. de), Encyclopédie des sports (Larousse, 1961). / G. Magnane, Sociologie du sport (Gallimard, 1964). / M. Bouet, Signification du sport (Éd. universitaires, 1968). / R. Caillois (sous la dir. de), Jeux et sports (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1968). / B. Le Roy, Dictionnaire encyclopédique des sports, des sportifs et des performances (Denoël, 1973).


Sport et médecine

La loi exige un examen médico-sportif pour la délivrance des licences sportives. En 1972, il y avait plus de 5 500 000 licenciés en France ; mais des millions de Français se livrent à des activités sportives sous des formes diverses. Ils ont tous intérêt à demander à leur médecin quel sport leur sera le plus profitable, et les limites qu’ils doivent assigner à leur activité.

Le sport entraîne un fonctionnement particulier de l’organisme. Celui-ci doit être apte, préparé et surveillé. C’est la tâche de la médecine de sport que de sélectionner, d’orienter et de surveiller les sportifs. Cette médecine sportive vise également à traiter certaines affections par le sport et par l’exercice physique : le sport est ainsi une arme thérapeutique non négligeable pour la rééducation des accidentés, des handicapés physiques, des convalescents de certaines maladies graves. Enfin, il apparaît aussi comme un facteur d’équilibre psychique.


Physiologie des activités physiques

La pratique sportive provoque des modifications du fonctionnement des appareils cardio-vasculaire, respiratoire et musculaire ainsi que des modifications biologiques.

• Appareil cardio-vasculaire. L’exercice physique provoque une augmentation du débit cardiaque qui peut passer de 4 à 5 l/mn au repos à 30 l/mn. Cela est obtenu grâce à deux mécanismes : augmentation du volume d’éjection systolique et augmentation de la fréquence cardiaque. Parallèlement, on observe une augmentation de la pression artérielle. En fin d’effort, le retour au calme est marqué par une régression de ces modifications, qui peut demander plusieurs heures en cas d’exercices violents et prolongés, mais qui doit être obtenue en quelques minutes après un effort bref. Le cœur du sportif se caractérise par une fréquence de repos lente (50 contractions par minute) ; il est volumineux de façon harmonieuse (augmentation à la fois de la masse musculaire et de la capacité ventriculaire). Malgré cela, les possibilités cardiaques du sportif peuvent être dépassées au cours d’un effort excessif. Cliniquement, cela se traduit par une augmentation de la fréquence cardiaque de repos, un pincement de la tension artérielle à l’effort et une fatigue inhabituelle. L’électrocardiogramme peut montrer des troubles de la conduction auriculo-ventriculaire.

• Appareil respiratoire. La contraction musculaire tire son énergie de la dégradation de matériaux énergétiques nécessitant de l’oxygène. L’apport au muscle de l’oxygène représente l’un des principaux paramètres limitant la capacité d’un individu à fournir un travail. Au cours de l’exercice musculaire, on note une phase d’augmentation rapide de la consommation d’oxygène, suivie d’une phase stable, élevée (en cas d’exercice d’intensité constante). L’accroissement brutal initial ne peut être fourni par une augmentation de la respiration. L’organisme puise dans ses réserves et crée une « dette d’oxygène » qu’il reconstituera après l’exercice. La quantité d’oxygène nécessaire à l’effort est obtenue grâce à une augmentation de la fréquence ventilatoire et, plus encore, par une augmentation du volume courant (v. respiration). Le débit ventilatoire passe ainsi de 8 l/mn à plus de 100 l/mn si besoin est. Il faut noter une capacité vitale augmentée chez le sportif (de 5 à 6 litres contre de 3,5 à 4 litres chez le sédentaire).