Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Split (suite)

La ville fut détruite par les Avars et les Slaves vers 614, et, à l’intérieur de son enceinte, elle ne fut plus jamais ni repeuplée ni reconstruite. Hors de l’enceinte furent élevées à l’époque de l’État croate (v. Croatie) de nombreuses églises préromanes (ixe-xie s.) : Saint-Pierre de Rižinice, église du monastère bénédictin fondé, pense-t-on, par Gottschalk (v. 805 - v. 868), qui y séjourna en 846-848 ; la basilique Saint-Étienne de l’île Gospin Otok, mausolée des rois croates (xe s.) ; la basilique Saint-Moïse-Saint-Pierre ou église du Couronnement (xie s.) ; etc. Détruites dans les guerres mongoles et turques, elles sont connues par les fouilles.


Split

Les habitants de Salone, en s’installant dans le palais de Dioclétien, transformèrent celui-ci en cité. Mais on ne sait rien de celle-ci jusqu’au début du ixe s., où la province entière, appelée dès lors la Dalmatie*, fut temporairement incluse dans l’empire de Charlemagne. C’est alors que Split, à proprement parler, entra dans l’histoire sous le nom de Spalatum. Le mausolée de Dioclétien fut aménagé en cathédrale, et le temple de Jupiter en baptistère, car la cité, se considérant l’héritière légitime de Salone, fit rétablir à son profit le siège épiscopal de l’Illyricum. Cependant, la juridiction de l’église de Split, tombée en 812 sous le pouvoir politique et religieux de Byzance, resta limitée à ses cités suffragantes : Zadar, Trogir et Dubrovnik*. En effet, à la même époque, la Cour carolingienne fit installer à Nin, près de Zadar, un évêque pour la principauté croate, dépendant, elle, du patriarcat d’Aquilée et de l’empire d’Occident. Après une longue lutte avec Nin, Split, avançant ses origines « apostolique » et se détachant de Byzance pour passer sous l’obédience de Rome, parvint, dans les années 925-928, à étendre son pouvoir sur tout le pays, devenu le royaume croate (v. Croatie). Après la chute de celui-ci en 1102, la ville conserva son autonomie municipale dans le cadre de l’État hungaro-croate. Elle passa sous la tutelle de Venise en 1420 et sous celle de l’Autriche en 1797.

Le plus important monument de Split est le palais de Dioclétien, le seul palais romain dont les murs demeurent en partie ; à la fois résidence et camp militaire, il était caractérisé par sa somptueuse façade le long de la mer et par les puissantes murailles à tours carrées qui l’entouraient des trois côtés sur la terre ferme. Split est également un important centre de la civilisation croate. L’époque préromane et l’époque romane y ont laissé les petites églises voûtées qui caractérisent le style « vieux-croate » : Sainte-Trinité à six lobes, basilique Saint-Nicolas, chapelle Saint-Martin dans un couloir du palais, toutes du ixe s. ; Notre-Dame-du-Clocher, des xe-xie s. L’art roman et l’art gothique y apparaissent dans une seule et même expression, sous forme d’un roman qui tend à se structurer à la manière gothique, avec une prédominance des ouvertures et des membrures. Les exemples les plus marquants en sont le grand clocher de la cathédrale (xiii-xive s.) ainsi que son portail sculpté (xiiie s.), œuvre d’Andrija Buvina, dont le style s’apparente à celui du maître Radovan, son contemporain de la cité voisine de Trogir (portail de la cathédrale, 1240). Au xve s. fut construit l’hôtel de ville en style gothique fleuri (rénové au xixe s.). Dans le milieu du siècle travaillait à Split l’architecte et sculpteur Georges le Dalmate (Juraj Dalmatinac) [† 1473], maître principal de la cathédrale de Šibenik ; il a notamment construit à Split le palais Papalić (aujourd’hui musée de la ville), dans ce même gotico fiorito, et l’autel de saint Anastase (à la cathédrale), dont le relief de la Flagellation représente un des sommets de l’art croate.

Au xvie s., la ville était menacée par les Turcs. On construisit des palais de style renaissant, mais surtout de nouvelles fortifications. Ce siècle fut celui des lettres. Un cercle d’humanistes s’était constitué autour de Marco Marulić (1450-1524), écrivain latin et croate, auteur notamment du poème Judita, inspiré par la lutte contre les Turcs, une des toutes premières œuvres modernes des lettres croates (écrite en 1501, imprimée en 1521). Au xviie et au xviiie s., les Turcs étaient sous les murailles de la ville, et ce n’est qu’après l’affaiblissement de leur puissance, au xixe s., que la vie s’anima de nouveau. C’est alors que commença la sauvegarde et l’exploration systématique du palais ainsi que les fouilles de Salone, animées par l’archéologue Frane Bulić (1846-1934), qui y découvrit les monuments principaux et y organisa en 1894 le premier congrès européen d’archéologie chrétienne.

Le xxe s. a donné plusieurs artistes de grande renommée, tels les sculpteurs Toma Rosandić (1878-1958) et Ivan Meštrović (1883-1962) ainsi que le peintre Emanuel Vidović (1872-1953). Split possède de nombreux musées, notamment le Musée archéologique, fondé en 1820, et le musée des Monuments archéologiques croates, fondé en 1893 (sculpture décorative à entrelacs de l’art « vieux-croate », ixe-xie s.). Dans le palais Meštrović se trouve la galerie du même nom, constituée par la donation du grand sculpteur.

A. Z.

➙ Croatie / Dalmatie / Dioclétien / Yougoslavie.

 E. Hébrard et J. Zeiller, Spalato, le palais de Dioclétien (Massin, 1912). / Forschungen in Salona (Vienne 1917-1939 ; 3 vol.). / J. Brøndsted, Recherches à Salone (Schultz, Copenhague, 1928-1933 ; 2 vol.). / E. Dyggve, History of Salonitan Christianity (Oslo, 1951). / G. Novak, Histoire de Split (en croate, Split, 1957-1965 ; 3 vol.).

Spongiaires

Embranchement d’animaux simples, vivant fixés dans les mers ou en eau douce, et dont le corps est continuellement parcouru par un courant nourricier.



Introduction

Quelques espèces sont exploitées pour leur squelette souple et capable de retenir les liquides dans ses mailles : les Éponges naturelles.

Les Spongiaires forment un groupe bien délimité, considéré comme le plus primitif des Métazoaires. Connu depuis le Précambrien, cet embranchement renferme actuellement 4 000 espèces, la plupart marines ; les deux genres Spongilla et Ephydatia habitent les eaux douces.