Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Attila (suite)

Après quelques années de règne conjoint avec son frère Bléda, qu’il élimine en 445, il poursuit seul la politique d’expansion qu’il a entreprise dès son avènement. Cette politique, qui vise d’ailleurs moins à conquérir le terrain qu’à y prélever le maximum de butin, il la mène avec prudence. Ayant assuré ses arrières en obtenant d’Aetius la cession de la Pannonie occidentale en 439, il s’en prend d’abord uniquement à l’empire d’Orient, auquel il veut imposer sa suzeraineté ainsi que le doublement du tribut annuel de 350 livres d’or que Théodose II versait à ses prédécesseurs depuis 432. Pour aboutir à ses fins, il envahit chaque année les territoires balkaniques situés au sud du Danube. Secondé par les Ostrogoths, les Gépides, les Hérules et les Skires, c’est-à-dire par les peuples barbares qui reconnaissent la puissance prééminente des Huns, il fait ravager par ses troupes les plus importantes villes de cette partie de l’empire : Naissus, Viminacium, Singidunum, Sirmium, etc. Aussi contraint-il à deux reprises son adversaire à négocier : d’abord en 447, quand il l’oblige à lui verser désormais un tribut annuel ; ensuite en 448-449, quand il reçoit Priscos en ambassade et qu’il finit par accepter d’évacuer les territoires romains situés au sud du Danube et d’orienter désormais sa politique expansionniste vers l’empire d’Occident, à l’intérieur duquel sa diplomatie lui a déjà ménagé de nombreux alliés. Au premier rang de ceux-ci, il faut citer les Bagaudes gaulois et leur chef Eudoxe, les Francs, dont un clan aspire à l’empire pour son chef, les Vandales, qui auraient peut-être sollicité son appui contre les Goths (?), et surtout la princesse Honoria, qui lui offre sa main pour se venger de la mort de son amant Eugène, tué par ordre de son frère, l’empereur Valentinien III.

Deux raids marquent alors cette dernière étape de la vie d’Attila. La première débute avec l’année 451. Remontant en plein hiver le Danube et le Rhin, Attila pénètre dans l’empire à la hauteur de Mayence. Ravageant la Belgique, incendiant Metz le 7 avril, assiégeant peut-être Orléans, défendue par le roi Alain Sangiban et par saint Aignan, il est finalement mis en échec par Aetius au « Campus Mauriacus » (les célèbres champs Catalauniques) le 20 juin. S’étant replié en Pannonie, il y prépare un nouveau raid, qui déferle cette fois sur l’Italie du Nord, dont les grandes villes tombent toutes entre ses mains. À la dernière minute, pourtant, Turin et, sans doute, Rome sont sauvées par les négociations qu’il engage près de Mantoue avec le pape Léon Ier le Grand et avec les représentants de l’empereur : le consulaire Avienus et le préfet du prétoire Trigetius. Recevant un tribut et la promesse de la main d’Honoria, Attila peut se retirer en emportant le butin matériel et humain (les habitants d’Aquilée) pris dans la péninsule, peut-être fort heureux de sauver son armée de la famine et de l’épidémie dont elle paraît souffrir, et de porter ses forces sur le Danube, où le nouvel empereur d’Orient, Marcien, refusant de verser le tribut, menace le cœur de ses possessions. Le conflit, pourtant, n’éclate pas avant la mort d’Attila, qui aurait succombé d’une hémorragie nasale au soir de ses noces avec la blonde Germaine Ildico. Cette dernière fut-elle l’instrument volontaire ou non de cette disparition brutale, parfois attribuée à Aetius ? Nous l’ignorons. Il reste que la mort d’Attila entre la Tisza et le Körös scelle le destin de son empire, auquel les rivalités de ses fils et les révoltes des peuples satellites portent le coup final.

La bataille dite « des champs Catalauniques »

Longtemps localisé près de Châlons-sur-Marne, le site de cette bataille est aujourd’hui fixé au lieu dit « Campus Mauriacus » (Moirey, devenu Dierrey-Saint-Julien), c’est-à-dire à 20 km à l’ouest de Troyes, là où les Huns furent rattrapés par leurs adversaires. La rencontre elle-même n’a sans doute jamais eu l’importance historique que les historiens, trop fidèles au récit de Jordanès, lui attribuaient jadis, les forces d’Attila n’ayant très certainement subi qu’un demi-échec face aux armées coalisées du Romain Aetius (Francs, Burgondes, Gaulois armoricains) et du Wisigoth Thorismond, fils de Théodoric Ier. D’ailleurs, les Huns purent regagner sans difficulté la Pannonie.

P. T.

➙ Barbares / Huns.

 E. A. Thompson, A History of Attila and the Huns (Oxford, 1948). / F. Altheim, Attila und die Hunnen (Baden-Baden, 1952 ; trad. fr. Attila et les Huns, Payot, 1952). / L. Hambis, Attila et les Huns (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).

attitude

En psychologie, disposition de l’individu qui oriente ses comportements et l’amène à adopter des conduites similaires dans différentes circonstances.


Ce n’est donc pas une entité immédiatement accessible ; il n’est pas possible de l’étudier par l’observation directe, mais seulement de l’inférer, ou de la construire, à partir de l’observation de différents comportements. C’est donc une variable intermédiaire ou une variable latente.

Par exemple, on dira d’un individu qu’il a une attitude conservatrice si, lorsqu’il est amené à effectuer un choix dans le domaine politique, et peut-être aussi dans d’autres domaines, il opte le plus souvent pour l’éventualité traditionnelle, la moins novatrice. Parler d’une attitude conservatrice, c’est affirmer l’existence d’une cohérence entre des comportements et aussi que cette cohérence peut varier d’un individu à l’autre.

Le concept d’attitude est principalement employé en psychologie sociale, mais il peut également être utilisé dans d’autres domaines : dans l’étude de la perception ou de l’intelligence, par exemple, on pourra parler d’une attitude analytique ou synthétique.