spéléologie (suite)
• La topographie souterraine. Presque tous les spéléologues établissent le plan des grottes qu’ils découvrent. Les topographes, en d’interminables séances, prennent la direction des galeries à la boussole, calculent leur pente au clisimètre et en mesurent le développement soit au décamètre, soit avec un « topofil », boîtier muni d’un compteur et débitant un fil perdu fixé aux extrémités des segments relevés. Les topographies de cavernes authentifient les records, permettent d’établir des inventaires de cavités (celui de la France est détenu par le Bureau de recherches géologiques et minières) et sont exploitées en vue d’une meilleure connaissance scientifique du monde souterrain (morphologie des conduits surtout).
• Les méthodes spéciales. Les moyens mis en œuvre au cours des investigations ne sont pas limités. Les spéléologues peuvent gravir des cheminées à la façon des alpinistes ou à l’aide d’agrès spéciaux appelés araignées ; il leur arrive d’utiliser les explosifs pour élargir certains boyaux ; pour les séjours prolongés, ils recourent au camping souterrain dans des tentes isothermiques (comme chaque année au gouffre Berger) ou des hamacs. Afin de localiser le lieu de résurgence des eaux souterraines, ils procèdent parfois à leur coloration à la fluorescéine ; pour abaisser les plans d’eau qui forment siphon, ils emploient des pompes ; etc.
Les applications
L’utilisation la plus courante des découvertes souterraines est incontestablement touristique.
L’aménagement des cavernes (ascenseurs, passerelles, rambardes, projecteurs, etc.) permet au public de visiter sans effort et sans risque l’univers minéral des stalagmites, colonnes, draperies, cristallisations et concrétions de toutes formes et toutes couleurs. Dans certaines régions arides et pauvres, l’intérêt économique de l’exploitation de telles curiosités naturelles est capital (le gouffre de Padirac ou l’aven Armand dans les Causses, la célèbre grotte de Postojna en Yougoslavie, celle de Han-sur-Lesse en Belgique).
Dans le domaine hydro-électrique, les explorations souterraines sont souvent indispensables ; ainsi, lors du captage des eaux du cirque de Lez (Ariège), un tunnel creusé sur les indications de Casteret a permis de récupérer dans un gouffre l’eau d’un torrent qui aurait échappé aux turbines de la centrale. Des recherches spéléologiques servent, en outre, à déceler d’éventuelles pertes de charge avant la construction de barrages en terrain calcaire (Sainte-Croix sur le Verdon ou Cernon-Menouille dans le Jura).
L’alimentation en eau potable peut être tributaire de découvertes spéléologiques : la Société des eaux de Marseille doit aux explorateurs de la résurgence de Port-Miou la possibilité de capter cette rivière souterraine suffisamment loin de la mer pour qu’elle soit dessalée.
Enfin, à la suite de l’expérience de survie souterraine de Michel Siffre en 1962, des recherches sont menées dans des cavernes américaines, dans le cadre d’études sur l’adaptation de l’organisme humain aux conditions des vols spatiaux (isolement, perte de la notion du temps, etc.).
J. D.
H. P. Guérin, Spéléologie. Manuel technique (Susse, 1944) ; Spéléologie, le matériel et son emploi (Vigot, 1951). / R. de Joly, la Spéléologie (Elzévir, 1947). / F. Trombe, Traité de spéléologie (Payot, 1952) ; la Spéléologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1956 ; 3e éd., 1973). / B. Gèze, la Spéléologie scientifique (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1965). / P. Minvielle, la Conquête souterraine (Arthaud, 1967). / M. Sifre, Dans les entrailles de la terre (Flammarion, 1975).