Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

soufre (suite)

Le soufre et la pollution atmosphérique

L’utilisation des combustibles fossiles, charbon, fuel-oil domestique ou mazout lourd, disperse dans l’atmosphère sous forme d’anhydride sulfureux SO2 et d’anhydride sulfurique SO3 le soufre et les composés sulfurés qu’ils contiennent à l’état naturel.

En réalité, les fumées émises par les cheminées des fours et des chaudières contiennent des corps beaucoup plus nocifs que les oxydes de soufre, mais il est commode de prendre l’anhydride sulfureux comme critère de nuisance, car il est facile de mesurer sa concentration dans l’air, ce qui permet d’identifier les retombées et, suivant la direction du vent, de retrouver leur provenance. La lutte contre la pollution atmosphérique a conduit depuis quelques années, et notamment aux États-Unis, à limiter très strictement les tonnages de soufre mis à l’atmosphère et, par voie de conséquence, la teneur en soufre des combustibles brûlés. La conversion des chaudières à charbon et à mazout sur le gaz naturel et le kérosène (pétrole lampant), combustibles dits « propres » parce que non sulfureux, s’en est trouvée accélérée au point de provoquer en 1973 une pénurie de ces produits. Au Japon et en Europe, on s’intéresse de plus en plus aux procédés de désulfuration directe des résidus lourds de raffinage pour obtenir du fuel-oil à basse teneur en soufre (B. T. S.) permettant de satisfaire la législation contre les nuisances atmosphériques.

A.-H. S.

Soulages (Pierre)

Peintre français (Rodez 1919).


De son Rouergue natal, il a retenu « les grands plateaux déserts, les arbres dénudés », mais aussi et surtout les pierres gravées celtiques du musée Fenaille de Rodez, la pénombre rayée de lumière de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques. À dix-huit ans, il découvre à Paris les peintures du Louvre (notamment la Bataille d’Uccello) en même temps que l’art moderne de Cézanne à Picasso. De l’art contemporain, il apprendra la liberté de l’abstraction et la force du geste, mais, même s’il rencontre en 1957 aux États-Unis les peintres de l’action painting, puis en 1958 au Japon des calligraphes, « non seulement il ne partage en rien leur dévotion, leur superstition, d’un acte dont la rapidité est cause et gage de l’intérêt », mais il n’avance jamais « que d’un pas à la fois, en prenant appui sur ce qu’il vient de faire pour accomplir ce qu’il va faire » et en comptant « tout à la fois sur l’instinct et sur la science d’une technique bien possédée » (Bernard Dorival, catalogue de la rétrospective Soulages au musée national d’Art moderne, Paris, 1967). Lorsqu’il décide de se consacrer entièrement à la peinture, en 1946, il s’attache à explorer, dans des toiles abstraites aux traces noires ou brunes sur fond blanc, « les relations entre les formes, les couleurs, le fond, les matières — comment tout cela se met à vivre, à créer l’espace, la lumière — hors des références à un modèle ». C’est cette conception du travail pictural qui assure la cohérence de ses tableaux et l’unité de son œuvre, de même que c’est la recherche de l’expression la plus forte qui guide ses choix techniques : une palette réduite où le noir, privilégié, trouve son intensité et sa violence dans ses rapports au blanc ou aux rares couleurs. Cette cohérence et cette unité, on les retrouve dans les différentes phases de son évolution.

Dès 1947, Soulages dénie tout « caractère anecdotique et expressionniste », toute « durée » à la ligne, au profit d’un signe dynamique à appréhender d’un seul coup (Peinture, 1948-1, musée national d’Art moderne).

À partir de 1950, abordant les effets de clair-obscur (Peinture, 26 décembre 1955, Hamburger Kunsthalle, Hambourg), il accentue, par des coups de brosse répétés et juxtaposés, sa recherche du rythme (Peinture, 16 décembre 1959, musée d’Art moderne de la Ville de Paris).

En 1959, il entame une série de toiles où, après avoir étalé plusieurs couches d’empâtements, il fait apparaître par raclage les couches inférieures et dégage, en balafres croisées, des zones parfois rouges, bleues, brunes ou vertes.

À partir de 1963, les contrastes d’ombre et de lumières se font moins dramatiques et plus essentiellement picturaux. Les grandes compositions noires et massives (Peinture, 5 février 1964, musée d’Art contemporain, Montréal) sont parfois illuminées, vers la fin des années 60, par des lueurs nuancées ou, au contraire, fulgurantes (Peinture, 14 mai 1968, centre national d’Art contemporain, Paris).

Depuis 1970, poursuivant la même démarche, le peintre a encore clarifié ses compositions : grands signes rythmiques noirs, masses verticales noires sur fond brun, noires ou bleues sur fond blanc gagnent en force et en austérité. Mais toujours demeurent, dans les peintures comme dans les lithographies, les eaux-fortes ou les cartons de tapisseries, la même atmosphère pénétrante et mystérieuse, la même monumentalité, la même dialectique de la spontanéité et de la construction.

À l’équilibre et à la sobriété, au goût de l’unité et au besoin de réserve, qui appellent la notion de « classicisme », répond chez Soulages la modernité de son intense désir de peindre, comme de son besoin d’apprendre, au fur et à mesure de l’œuvre, ce qu’il cherche.

F. D.

 H. Juin, Soulages (Falaize et G. Fall, 1957). / J. J. Sweeney, Soulages (Ides et Calendes, Neuchâtel, 1972). / Soulages, Eaux-Fortes, lithographies, 1952-1973 (Yves Rivière, 1974).

sous-marin

Bâtiment de guerre conçu pour naviguer et combattre en plongée.



Les ancêtres du sous-marin

La première manifestation connue d’un bâtiment capable de se mouvoir sous l’eau remonte à 1624. À cette date, Cornelis Drebbel (1572-1633) fait plonger dans la Tamise un bateau muni d’un régénérateur d’air et propulsé par douze avirons. Les Anglais envisagent alors d’envoyer à La Rochelle deux bateaux similaires pour placer des pétards sous la digue qui fermait le port. À la même époque, le père Mersenne* (1588-1648) s’intéresse à la navigation sous-marine et imagine une coque métallique armée d’un canon tirant sous l’eau. Un autre Français, De Son, fait construire en 1653 à Rotterdam un sous-marin propulsé par une roue à aube actionnée à bras de l’intérieur. L’engin de l’Américain David Bushnell (1742-1824), la Tortue, aura le mérite de tenter la première attaque sous-marine de l’histoire en 1776 contre l’Eagle, vaisseau anglais mouillé devant New York. La Tortue se mouvait très lentement grâce à une hélice à vis, possédait des ballasts, deux pompes pour refouler l’eau de mer, un régénérateur d’air et un régulateur de plongée. Elle était munie d’un lest mobile, et son pilote pouvait fixer une mine sous la carène d’un vaisseau. Bushnell avait résolu expérimentalement les principaux problèmes posés par la navigation sous la mer, mais la technologie rudimentaire de son époque ne permettait pas d’obtenir une valeur suffisante du matériel.