Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

somation (suite)

Variations géographiques

Les individus appartenant à la même espèce occupent une aire de dispersion relativement bien délimitée, mais celle-ci n’en présente pas moins des régions qui diffèrent par la nature du sol, l’humidité, la chaleur, la lumière, la nourriture, ce qui fait que les individus d’une espèce donnée présentent des variations en rapport avec les divers milieux géographiques : on parle alors de races géographiques. C’est le cas du Lion, habitant toute l’Afrique, du nord au sud. Le Lion de l’Atlas, de forte stature, possède une longue crinière brun foncé s’étendant sur les flancs, tandis que le Lion du Cap, qui est le plus commun (c’est celui que l’on voit le plus fréquemment dans nos ménageries), est fauve avec une forte crinière, et qu’au centre de l’Afrique le pelage est plus pâle (pelage dit « désertique »), et la crinière à peine marquée.


Accommodats

Outre les variations saisonnières et géographiques, les individus d’une même espèce présentent des modifications structurales et physiologiques en réponse au changement de milieu ou d’habitudes que ces organismes subissent. C’est le cas des plantes amphibies (Polygonum, Sagittaria), dont les feuilles ont une forme différente suivant qu’elles se développent dans l’eau, sur l’eau ou à l’air. Gaston Bonnier, transportant des plantes de plaine en montagne, les a vues prendre l’aspect caractéristique des plantes alpines (diminution de taille, petites feuilles en rosette, vivacité du coloris des fleurs, etc.) et, les ramenant en plaine, il leur a rendu leurs caractères initiaux. De tels accommodats se retrouvent dans le règne animal, telles les callosités bien connues des travailleurs manuels ou les coquilles de Moules, qui sont petites et très épaisses sur les côtes rocheuses de Bretagne, alors qu’elles sont beaucoup plus minces sur les rivages sableux de la mer du Nord (Ostende).


Aberrations

À côté de ces modifications fonctionnelles, on voit apparaître parmi les individus d’une même espèce des anomalies congénitales, ou aberrations, qui cependant ne sont pas héréditaires. C’est ainsi que dans l’espèce humaine des individus naissent manchots sans que cette anomalie de leur développement se renouvelle chez leurs descendants, ou que, chez les Escargots, on rencontre des individus pour lesquels, la torsion s’étant faite en sens inverse, la coquille est senestre au lieu d’être dextre ; or, deux individus senestres accouplés donnent uniquement une descendance normale dextre.

R. H.

Somme. 80

Départ. de la Région Picardie ; 6 175 km2 ; 538 462 hab. Ch.-l. Amiens. S.-préf. Abbeville (26 581 hab.), Montdidier (6 298 hab.) et Péronne (9 414 hab.).


Correspondant au cœur de l’ancienne province de Picardie*, le département forme un rectangle grossier de près de 120 km d’ouest en est sur plus de 55 km du nord au sud, allongé ouest-nord-ouest - est-sud-est selon l’axe de la vallée de la Somme. L’ensemble du département est le domaine de la craie, tantôt recouverte de limons épais à l’est (Santerre), tantôt plus dénudée par l’érosion (plateau picard, autour d’Amiens), tantôt revêtue d’argile à silex à l’ouest (Vimeu au sud de la Somme, Ponthieu au nord), mais formant une large gouttière de part et d’autre de la Somme. La plaine picarde n’est vraiment typique qu’en Santerre ; ailleurs, ce sont des ondulations très souples et faibles (210 m au maximum près du pays de Bray, au sud-ouest), s’abaissant vers de larges vallées sèches ou parfois drainées et alors marécageuses. Sur la côte, les falaises de craie se meurent du sud au nord et s’empâtent, dès les abords de la baie de Somme, d’atterrissements marins formant au sud les Bas-Champs et au nord le Marquenterre. Sur ce relief mou, l’influence océanique humide et fraîche ne le cède que vers l’extrême est à une nuance plus continentale.

L’agriculture occupe encore une forte partie de la population active (près de 20 p. 100) et une très vaste surface agricole utile (S. A. U. : 78 p. 100 du département) pour un domaine forestier très réduit (8,5 p. 100 du département). L’exploitation est donc moyenne (33 ha) en dépit d’une concentration accélérée par les remembrements successifs depuis la Première Guerre mondiale et par une diminution de la population agricole ; elle n’est un peu plus vaste (de 40 à 60 ha) qu’à l’est (Santerre et Vermandois). Il s’agit cependant d’une agriculture de pointe menée par des hommes jeunes (plus de 55 p. 100 des exploitants ont moins de cinquante ans), très tôt soucieux de vulgarisation agricole, de modernisation et de nouveauté. La Somme est ainsi, avec l’un des plus hauts rendements, le deuxième département français producteur de blé et d’orge, comme de betterave industrielle ; elle figure aussi parmi les grands producteurs de pomme de terre industrielle. Cette culture s’est renouvelée récemment par l’introduction et le développement rapide de cultures légumières venues de Bretagne (petits pois, haricots verts, carottes) ou du Nord (endive), tandis que le maïs-grain gagne depuis le sud. L’élevage, d’apparence secondaire (22 p. 100 de la S. A. U.), représente plus de 50 p. 100 du revenu agricole. Le cheval disparaît ; le mouton survit dans les polders littoraux plus que sur les plateaux. Seuls les porcins et surtout les bovins s’accroissent avec une production laitière moyenne et absolue situant la Somme parmi les principaux départements fournisseurs et lui assurant une production de viande déjà notable.

L’industrie prend une place grandissante (près de 42 p. 100 de la population active) liée à un renouvellement profond offrant une gamme très élargie : métallurgie (36 p. 100), textile et habillement (22 p. 100), bâtiment et travaux publics (12 p. 100), industries alimentaires (10 p. 100) chimie et caoutchouc (8 p. 100). Ce renouveau a été facilité par plusieurs éléments : une main-d’œuvre rurale libérée par l’évolution de l’agriculture et venue chercher un emploi dans les villes après la Seconde Guerre mondiale, la proximité de la Région parisienne et les liaisons qui unissent celle-ci au département, les initiatives locales créatrices de zones industrielles. Tout cela a attiré des implantations parisiennes ou étrangères, généralement dispersées dans chaque ville notable plus que constituant une vaste région industrielle. La métallurgie est faite à la fois de vieilles spécialités du Vimeu (robinetterie, serrurerie) et des constructions mécaniques plus récemment installées : chaudronnerie (Amiens), mécanique-auto (à Amiens : Ferodo, Carbone-Lorraine ; Abbeville), constructions aéronautiques et machines-outils (Albert). Le textile, né au Moyen Âge avec la laine et renouvelé par le coton, le jute et les textiles artificiels et synthétiques, se survit difficilement dans quelques spécialités (velours et confection à Amiens, bonneterie dans le Santerre [Corbie, Villers-Bretonneux, Moreuil], moquette et tissu d’ameublement à partir du jute dans la basse vallée de la Somme). À Amiens sont concentrés la chimie (Procter et Gamble) et essentiellement le caoutchouc (Dunlop, Goodyear, Pirelli), faisant de la ville un des grands pôles de l’industrie française du caoutchouc. L’industrie alimentaire et agricole joint au vieux domaine sucrier, rassemblé dans le Santerre (deuxième sucrerie d’Europe à Eppeville) ou dispersé à l’ouest (Abbeville, Beauchamps, Rue), les laiteries (Yoplait à Amiens et Airaines) et les conserveries récentes (Estrées-en-Chaussée, Flaucourt).