Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Soja ou Soya (suite)

Depuis une quinzaine d’années, les recherches scientifiques et technologiques, les congrès nationaux et internationaux ainsi que les créations industrielles relatifs aux produits alimentaires protéiniques extraits de la graine de Soja et destinés à l’alimentation humaine se sont considérablement multipliés dans le monde entier. On peut en mesurer l’ampleur en consultant les comptes rendus de la Conférence mondiale sur les protéines de Soja qui s’est tenue à Munich du 11 au 14 novembre 1973 et au cours de laquelle cinquante-quatre communications ont été exposées.

Des investigations très poussées ont pour objet de conférer aux concentrats et aux isolais de Soja une texture et une apparence rappelant celles de divers aliments carnés, afin d’en accroître l’appétence et la digestibilité. Des recherches non moins approfondies ont été poursuivies en vue d’éliminer — notamment par des traitements thermiques appropriés — les facteurs de toxicité qui ont été mis en évidence dans la graine de Soja ou pour en combattre les effets.


Les problèmes français relatifs au Soja

Les importations annuelles de graine, de tourteau et de farine de Soja destinés à l’alimentation animale ont été, ces dernières années, de l’ordre de 1 400 000 tonnes, provenant principalement des États-Unis, mais aussi — pour une part qui va croissant — du Brésil. Depuis peu, l’importation de graine se substitue, pour une part, à celle de farine et de tourteau, du fait que des huileries de Soja ont été implantées en Bretagne et dans des régions voisines.

Des races de volaille aptes à utiliser avantageusement un mélange de Soja et de Maïs ont été créées.

Du Soja est cultivé dans la vallée du Rhône, à partir de Valence, dans la vallée de la Garonne et au Pays basque, le tout sur quelque 5 000 ha, le rendement étant de 30 quintaux à l’hectare (jusqu’à 50 quintaux en très bonne culture).

G. N.

 C. V. Piper et W. J. Morse, The Soybean (New York, 1923). / J. Bordas, le Soja et son rôle alimentaire (Hermann, 1937). / M. Blanchard, le Soja en France, ses possibilités culturales, ses débouchés industriels, son intérêt économique (Soc. d’éd. géographiques, maritimes et coloniales, 1941). / Conference on Soybean Products in Human Foods. Proceedings (Washington, 1962). / A. G. Norman (sous la dir. de), The Soybean. Genetics, Breeding, Physiology, Nutrition, Management (New York, 1963). / Conference on Soybean Protein Foods. Proceedings (Washington, 1966). / E. Orr et D. Adair, The Production of Protein Foods and Concentrates from Oilseeds (Londres, 1967). / Conference on Soybean Protein Foods. Proceedings (Washington, 1968). / Conference on Protein Rich Food-Products from Oilseeds. Proceedings (Washington, 1969). / G. Noachovitch, Graines oléagineuses et problèmes alimentaires, numéro spécial des Annales de l’Institut national agronomique (1969). / I. E. Liener (sous la dir. de), Toxic Constituents of Plant Foodstuffs (New York, 1969). / W. O. Scott et S. R. Aldrich, Modern Soybean Production (Cincinnati, 1970). / S. S. De, Technology of Production of Edible Flours and Protein Products from Soybean (Rome, 1971). / World Soy Protein Conference. Proceedings (New York, 1974).

sol

Formation superficielle généralement meuble et plus ou moins agrégée, qui résulte de l’action prolongée de l’atmosphère et de la biosphère sur la lithosphère.


Suivant les conditions bioclimatiques, lithologiques et géomorphologiques qui président à leur genèse, mais aussi en fonction de la durée de leur évolution, les sols offrent une grande diversité. Divers critères permettent d’en différencier les profils et d’en établir une classification rationnelle qui peut servir de base à une cartographie objective.


La « vie » du sol


Naissance du sol

Le sol peut être utilement comparé à un véritable organisme vivant.

Comme tout organisme vivant, en effet, le sol naît à la vie (pédogenèse). La roche mère originelle subit des phénomènes d’érosion* : érosion physique par le gel et le dégel ou l’action du vent ; érosion chimique, telle que l’attaque par les eaux chargées de sels ou de gaz carbonique. De toute façon, cette roche est peu à peu fragmentée en morceaux de plus en plus petits et en particules de plus en plus fines. Mais il s’agit encore d’un substrat strictement minéral ; le sol n’est pas encore né. Dans ce substrat, des micro-organismes vont se développer : Bactéries à pouvoir de synthèse élevé, Algues unicellulaires ou Lichens forment cette végétation pionnière ; celle-ci fait la synthèse de substances organiques, qui se « complexent » avec la matière minérale provenant de la roche mère. À ce moment, le sol est véritablement né.

Puis, à une vitesse variable — quelques dizaines d’années, quelques siècles, quelques millénaires parfois —, le sol se développe, pour parvenir à l’état adulte : sol en équilibre « climacique », en fonction de la nature de la roche mère, du climat et de la végétation.


Le sol adulte

Ce sol adulte a une structure non seulement pédologique avec divers horizons, mais une structure fine, colloïdale, presque tissulaire : colloïdes minéraux, essentiellement constitués par les argiles ; colloïdes organiques, constitués par les substances humiques. Ces deux types de colloïdes sont étroitement unis pour former le complexe argilo-humique. Ce dernier a une importance considérable pour la vie du sol. En effet, sur les agrégats qui le constituent, les micro-organismes vont se développer, y formant des microcolonies, les pénétrant plus ou moins intimement ; de fait, ils y sont beaucoup plus nombreux que dans l’eau libre du sol.

Le deuxième rôle important de ce complexe argilo-humique est justement la façon dont il règle le métabolisme de l’eau dans le sol, non pas l’eau de ruissellement ou d’infiltration, mais l’eau retenue au sein des micropores ou des macropores : ce pouvoir de rétention d’eau du sol détermine son potentiel d’oxydo-réduction, donc la prédominance d’une microflore aérobie ou anaérobie, avec toutes les différences que cela implique des points de vue métabolique et biochimique.