Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Smith (David) (suite)

Les éléments métalliques se raccordent entre eux avec une franchise et une décision impressionnantes, l’ensemble se composant tantôt en largeur, tantôt en hauteur, mais le plus souvent selon la dominante d’un plan vertical (Zig IV de 1961 est l’un des rares exemples d’agencement selon un plan oblique). Même dans la série des « Cubi », l’empilement des parallélépipèdes métalliques, juchés sur un haut piédestal, obéit à cet impératif (Cubi XVIII) ; s’il y a des dissonances, comme dans Cubi XIX ou Zig VIII, elles se déterminent par rapport à l’orientation dominante. Les éléments utilisés sont des plaques et des tiges de fabrication industrielle, des éléments standard découpés et soudés. David Smith est en effet rarement un « assembleur » au sens strict du terme, c’est-à-dire un créateur d’objets nouveaux par amalgames d’autres objets ou de fragments significatifs préexistants, ce que sont beaucoup plus souvent ses homologues européens, un Ettore Colla (1899-1968) ou un Robert Jacobsen (né en 1912). La démarche de David Smith a fait de lui un précurseur du minimal* art.

M. E.

 David Smith, catalogue de la rétrospective du Museum of Modern Art (New York, 1957).

Snijders (Frans)

Peintre flamand (Anvers 1579 - id. 1657).


Fils du tenancier d’une taverne que fréquentaient les artistes, il entre en 1592 dans l’atelier de Pieter II Bruegel*, dit Bruegel d’Enfer, et poursuit son apprentissage chez Hendrik Van Balen (1575-1632). En 1602, il est reçu franc-maître à la gilde de Saint-Luc (où il est inscrit sous le nom de François Snyers) et, en 1608, il entreprend le traditionnel voyage d’Italie. De retour en 1609, il ne quittera plus sa ville natale. En 1611, il épouse Margaretha de Vos, sœur des peintres Cornelis et Paul de Vos*, et, en 1619, devient membre de la « Société des romanistes » ; il est nommé premier peintre de la cour par les archiducs Albert et Isabelle.

Durant toute sa carrière, il restera fidèle aux mêmes thèmes : les natures mortes, les animaux, les scènes de chasse. Nullement influencé par ses deux maîtres, son art plein de fougue se rattache au style rubénien tel qu’il s’impose à Anvers* dans la première moitié du xviie s. Évocations de la gourmandise, ses natures mortes, souvent de grandes dimensions, sont dans la tradition de Joachim Beuckelaer (1535-1574, élève de Pieter Aertsen*), mais dépassent celui-ci par l’importance accordée aux victuailles, qui repoussent à l’arrière-plan les personnages si, d’aventure, ils sont présents. Ses préférences vont aux pelages, aux plumages, aux carapaces et aux reflets irisés des poissons, sans oublier les fruits et les fleurs, toujours traduits en couleurs subtiles et volontiers chatoyantes. Il les assemble en une profusion pleine de mouvement, qui préfigure le tumulte de ses scènes de chasse. Sangliers, ours, cerfs, il n’importe, Snijders les peint dans un mouvement plus décoratif que sauvage, à la manière de Rubens*, avec qui il collabore régulièrement après son retour d’Italie et dont il est sans doute, par le style, le peintre qui se rapproche le plus.

Frans Snijders, selon la coutume de l’époque, collabore aussi avec d’autres peintres, tel Abraham Janssens (1575-1632), précurseur à Anvers de la peinture baroque. De son côté, il recourt à des confrères pour étoffer telle de ses propres œuvres. C’est ainsi qu’il a fait appel, pour peindre des figures, à Van Dyck* ou à Cornelis de Vos et, pour le paysage, à Jan Wildens (1586-1653), le paysagiste habituel de Rubens.

Vivant à l’époque du grand épanouissement de l’école d’Anvers, qui fournissait inlassablement de grandes compositions pour servir la Contre-Réforme*, Snijders a pâti quelque peu des thèmes auxquels il est resté fidèle et qui étaient considérés comme secondaires en son temps. Ses œuvres n’en étaient pas moins fort demandées. On en connaît une soixantaine portant sa signature et bien d’autres qui lui sont attribuées, conservées dans les musées d’Anvers (Fleurs et fruits, le Vieux Marché d’Anvers), de Bruxelles (le Garde-manger, Chasse au daim), de Dresde (Nature morte à la dame au perroquet), de Copenhague (Corbeilles et plats de fruits), de Berlin, de Vienne, de Paris, etc.

R. A.

 E. Greindl, les Peintres flamands de nature morte au xviie s. (Elsevier, 1957). / C. R. Bordley, Rubens ou Snijders ? (la Nef de Paris, 1959).

Snorri Sturluson ou Snorre Sturlasson

Écrivain islandais (Hvamm v. 1179 - Reykjaholt 1241).


Snorri Sturluson est le plus célèbre écrivain islandais de l’époque médiévale, auteur de sagas et scalde, mais aussi homme politique influent.

Né sur la côte nord-ouest de l’Islande, Snorri est issu d’une famille ambitieuse : les Sturlungs. Il est élevé à Oddi, vieux centre de la culture islandaise fondé par Saemundr inn Fróði (Sæmund le Sage). Son père adoptif, Jón Loptsson, est le plus puissant des chefs de l’époque. Très tôt, Snorri s’intéresse à la poésie, à l’histoire, à la mythologie, mais il est également avide de pouvoir et de richesses. À vingt ans, il épouse Herdis Bersadóttir, puis il s’établit dans la grande ferme de Reykjaholt. De 1215 à 1218 et de 1222 à 1231, il est élu « lögsögumaðr » (président de l’Assemblée législative) et occupe ainsi par deux fois le plus haut poste en Islande. Cependant, sa poésie lui assure sans tarder une certaine gloire : il écrit un poème en l’honneur du roi Sverre et un autre qu’il destine au jarl Haakon Galinn.

Il part pour la Norvège en 1218 ; le roi Haakon IV Haakonsson, alors âgé de quatorze ans, et surtout le jarl Skúli lui réservent un accueil chaleureux. Il rend visite, en Suède, à la veuve de Haakon Galinn, pour qui il compose le poème intitulé Andvaka. Lorsqu’il rentre en Islande, en 1220, avec le titre de « lendrmaðr », il a promis à Skúli de convaincre les Islandais d’accepter la suzeraineté du roi de Norvège, mais il ne tient guère sa promesse. Par contre, il adresse au jarl un long poème d’une centaine de strophes en son honneur et en celui du roi, le Háttatal.