Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

ski (suite)

Quelques années plus tard, la matière plastique (fibre de verre) faisait son apparition dans les skis de compétition et avec succès : à partir des jeux Olympiques de 1964, plus aucun des skieurs de l’élite ne skie avec des skis de bois. Comme dans le ski métallique, un noyau de bois figure toujours comme l’« âme » du ski. Il y aura dès lors des skis métalliques, des skis plastiques, puis des skis métallo-plastiques. Depuis quelque temps, les recherches tendent à éliminer totalement le bois, le noyau étant constitué par une matière plastique.

Pour les fixations, l’attache de cuir d’autrefois a été remplacée par un système de câble et de ressorts.

Les nécessités de la course et le nombre croissant d’accidents chez les touristes ont amené à concevoir une fixation de « sécurité » capable de « libérer » le pied en cas de torsion brutale. Les fixations de sécurité actuelles, qui sont, dans des boîtiers étanches, des mécaniques très précises (une collaboration étroite s’étant établie entre les fabricants et les spécialistes des accidents, qui définissent des normes de sécurité), ont besoin d’un réglage très rigoureux et personnalisé. Les modèles les plus récents visent surtout à élargir la marge étroite du réglage entre le danger de fracture et le déchaussage intempestif, qui peut provoquer des accidents très sérieux et, en course, des défaites.

Les modifications les plus spectaculaires ont porté sur la chaussure. On est passé, en quelques décennies, du cuir à la matière plastique ou au cuir plastifié en cherchant à concilier (parfois vainement) la rigidité — afin qu’il n’y ait aucun jeu dans la transmission d’une impulsion de la jambe au ski (surtout dans les méthodes modernes, où c’est le bas du corps qui conduit le mouvement) — et le confort. Les chaussures modernes sont entièrement moulées : elles peuvent être constituées par un chausson intérieur et une coque externe.

Si les bâtons ont gagné en légèreté grâce aux alliages légers (on concilie la légèreté et la résistance), le reste de l’équipement du skieur est plutôt affaire de mode, sauf, bien sûr, pour la compétition, où l’on utilise des collants dont les tissus mêmes ont été soumis à des tests de moindre résistance à la pénétration dans l’air.


La compétition et le tourisme

Les objectifs de la compétition et ceux du tourisme sont fondamentalement différents. L’évolution de la technique de course, surtout en slalom et en slalom géant, devient très subtile. Il y a eu la finesse de Marielle Goitschel, sa manière de garder le plus possible les skis à plat pour un meilleur glissement, puis le « ski sauvage » de Jean-Claude Killy, où toutes les manières de tourner étaient utilisées grâce à une condition athlétique peu commune et à un sens de l’anticipation, qui était la qualité majeure de ce très grand champion. Puis nous avons assisté à des démonstrations d’« avalement » avec les Autrichiens (l’étonnant Alfred Matt [né en 1948] avant son accident) et le Français Patrick Russel (né en 1946) : l’avalement est caractérisé par une attitude très assise du skieur, où la montée des cuisses devant le skieur provoque une flexion très importante au niveau du buste, donnant l’impression de recul de la position du corps.

À la technique du cramponnage du ski amont (appui sur le ski intérieur), dans laquelle s’illustrèrent Guy Périllat et Jean-Noël Augert, a succédé, en cours d’exécution du virage, l’appui continu sur le ski extérieur, qui donne un glissement plus efficace et plus rapide (Gustavo Thoeni, Patricia Emonet [née en 1956]) ; d’une manière générale, les skieurs d’élite possèdent l’« indépendance des jambes » (voilà qui est loin du ski monolithe de la méthode française d’Émile Allais, qui, personnellement, a beaucoup évolué et demeure un novateur) ; tous les skieurs de premier plan utilisent leurs skis comme de véritables patins.

Il est aisé de comprendre que, dans ces conditions, la différence entre le ski de compétition et le ski de tourisme devient de plus en plus grande. Les moniteurs chargés de l’enseignement ont établi une progression qui conduit tout le monde au virage parallèle de base (un virage aval en trace large ou serrée, facile à exécuter par allégement et transport du poids du corps d’un ski sur l’autre), progression d’ailleurs adoptée sur le plan international ; ensuite, chacun choisit selon ses possibilités.

Le fait le plus significatif de cette tendance est le succès rencontré par une nouvelle manière d’enseigner : le ski évolutif.

L’idée de base est de diminuer la difficulté de l’apprentissage du ski en utilisant des skis courts, dont on a normalisé les tailles à 1,35 m et à 1,60 m (certains éducateurs commençaient avec des skis de 1 m), respectivement pour les débutants et pour les débutants avancés. On arrive ainsi en une semaine environ au virage aval de base, et ensuite les élèves prennent des skis de taille normale. Un certain nombre d’entre eux, qui limitent leurs ambitions au ski de piste, conservent les skis courts.

La vogue, auprès du grand public, du ski de fond, dont l’appellation n’est pas très exacte, car il s’agit, en fait, d’un ski de promenade sur terrain plat ou vallonné, est un autre signe des aspirations des skieurs de tourisme ; elle oblige désormais les moniteurs de ski à posséder une bivalence (ski alpin et ski de fond).


Le terrain de jeu

Une « station de ski », de nos jours, qu’est-ce que cela représente exactement ? Essentiellement un centre urbain en montagne d’où partent des remontées mécaniques qui conduisent facilement les skieurs au point de départ des pistes, d’où ils redescendront vers le cœur de la station pour remonter ensuite. Des vieux villages qui se sont équipés pour la pratique du ski aux grands ensembles modernes, le choix est varié.

Une tradition, cependant, s’était créée grâce à l’utilisation des téléphériques dans les centres situés en Autriche ou en Suisse, où le climat assure généralement un enneigement suffisant à une altitude relativement basse et dans les vallées peuplées, qui ont déjà une saison estivale et qui sont dotées de voies d’accès faciles (l’Arlberg Express, en particulier, fut le premier grand « train de neige »). En Suisse et en France, les centres déjà équipés pour l’alpinisme et le tourisme en montagne d’été furent les premiers bénéficiaires de la vogue du ski. L’admirable réseau de chemins de fer de montagne en Suisse fut à l’origine du succès d’un tourisme hivernal qui ne s’est jamais démenti.

C’est d’abord en France, pour des raisons géographiques et météorologiques, que des centres spécifiques pour le ski se développèrent de façon systématique. Le premier téléphérique à usage de skieurs fut ouvert en 1933 à Megève-Rochebrune ; le premier remonte-pente (téléski) date de 1935, à Megève-Rochebrune, tandis que le premier télésiège fut aménagé aux Gets en 1947.