Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

ski (suite)

Depuis, toutes les grandes équipes alpines sont organisées sur les mêmes bases, et un certain nivellement s’est opéré sur le plan collectif. Ce sont des individualités qui s’affirment à la suite de Nancy Greene (née en 1943), la Canadienne qui, à elle seule, met en échec l’équipe de France féminine, et de l’Autrichien Karl Schranz (né en 1938). Il faut citer encore le Suisse Bernhard Russi (né en 1949, descente), l’Italien Gustavo Thoeni (né en 1951, slalom spécial et géant), l’Autrichienne Anne-Marie Proell (née en 1953, descente et géant), les Françaises Michèle Jacot (née en 1952) et Ingrid Lafforgue (née en 1948), le Français Jean-Noël Augert (né en 1949), la jeune Suissesse Marie-Thérèse Nadig (née en 1954). Mais ce qui situe le mieux l’internationalisation du ski, c’est, aux jeux Olympiques de Sapporo (1972), la victoire de l’Américaine Barbara Cochran (né en 1951) en slalom spécial et surtout, dans la même discipline chez les hommes, l’étonnant triomphe du skieur espagnol Francisco Fernandez Ochoa (né en 1950). Il n’y a plus de méthodes, d’écoles miracles.


Problèmes actuels de la compétition

Le ski alpin a dépassé les questions exclusivement techniques, mais doit faire face à des problèmes d’organisation beaucoup plus délicats. Les champions ne sont plus les « pilotes d’essai » de telle ou telle méthode d’enseignement, mais les lois du profit en font trop souvent les agents publicitaires du matériel, surtout depuis le développement de la télévision. La non-qualification de l’Autrichien Karl Schranz aux jeux Olympiques de Sapporo a fait éclater de façon spectaculaire l’hypocrisie qui veut que le ski soit un sport amateur alors que ses champions sont dans leur grande majorité des professionnels. Très peu nombreux sont les skieurs d’élite qui exercent effectivement un métier en dehors de la compétition, même un métier saisonnier comme autrefois, puisque l’entraînement dure toute l’année. Et pourtant les fédérations qui demeurent attachées aux traditions et surtout à la participation aux jeux Olympiques s’efforcent de contrôler leurs meilleurs éléments, leurs initiatives tendant à vérifier les rétributions dont les skieurs sont bénéficiaires et à éviter le contact direct avec les firmes. Mais la surenchère aussi bien sur le plan national que sur le plan international menace sans cesse les systèmes les plus cohérents, comme celui du « pool » des fabricants de matériels mis en place dans les grandes nations alpines, les firmes subventionnant les fédérations, qui répartissent les ressources et autorisent une publicité collective en contre-partie de l’effort financier fourni : système fragile, que de nombreuses « crises » secouent régulièrement, et pourtant le seul raisonnable pour sauvegarder les compétitions traditionnelles.

L’avenir ? Ou bien les jeux Olympiques accepteront tous les sportifs sans distinction, amateurs et professionnels ; ou bien il y aura des skieurs qualifiés pour les épreuves internationales, championnats du monde et Coupe du monde, disposant d’un statut qui leur interdirait toutefois de participer aux Jeux. C’est sans doute cette deuxième solution qui l’emportera. Il existe bien actuellement un groupement professionnel à l’instar de ceux qui se développent en tennis, mais le coefficient du risque fort élevé en ski rend prudents les promoteurs, et les compétitions qu’ils organisent ne sont qu’un spectacle comme dans les slaloms parallèles, où les skieurs courent l’un contre l’autre sur des tracés similaires.

Le ski nordique, aux traditions plus anciennes (course de fond et saut), a évolué aussi, mais avec beaucoup plus de discrétion, ne donnant pas lieu à une bataille pour le tourisme et le matériel aussi âpre qu’en ski alpin. Il a suivi les progrès de tous les sports athlétiques grâce à un entraînement plus perfectionné et étendu dans le temps. Il s’est universalisé davantage en fond (on a vu un Italien gagner les 30 km aux Jeux de Grenoble en 1968) et surtout en saut avec les victoires des Tchèques, des Allemands de l’Est et des Japonais, qui ont détrôné la réputation d’invincibilité des Norvégiens, puis des Finlandais. L’entrée de l’U. R. S. S., puis des démocraties populaires dans les épreuves nordiques depuis les années 50 a accéléré les progrès comme dans tous les autres sports.

En saut, l’évolution a été considérable avec l’aménagement de tremplins revêtus de matière plastique, qui permettent un entraînement estival important, et, désormais, la technique des sauteurs est d’une grande précision, des expériences en soufflerie ayant servi à déterminer les attitudes les plus efficaces pour être « porté » par l’air. Là aussi, le succès dépend de la quantité d’entraînement, de son dosage et d’une organisation originale du sport d’élite au sein de la société.


L’évolution du matériel

Le métal et le plastique ont effectué une « percée » spectaculaire depuis cinq ans, aux dépens du bois et, en fond comme en saut, les skieurs de compétition ont adopté aujourd’hui les matériaux nouveaux. Dans le ski alpin, l’évolution du matériel a été plus rapide.

Avant 1940, on fabriquait les skis d’une seule pièce dans une latte de bois. Les essences les plus employées étaient le frêne, léger et nerveux, et l’hickory, d’origine américaine, d’une bonne souplesse et plus résistant que le frêne. Puis on utilisa plusieurs essences possédant des qualités différentes, que l’on contrecollait ; les skis les plus perfectionnés pouvaient comporter de vingt à cinquante lamelles.

Après avoir fait une timide apparition avant la Seconde Guerre mondiale, le ski métallique s’est imposé à partir de 1960, date à laquelle aux Jeux de Squaw Valley, dans la descente, Jean Vuarnet remporta la première victoire qui ait été acquise avec un matériel autre que le bois. Ces skis se composaient d’un noyau de bois pris entre deux lames métalliques constituées par un alliage d’aluminium, le tout étant collé à forte pression dans un four.