Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Simonov (Kirill Mikhaïlovitch, dit Konstantine)

Poète, dramaturge et romancier soviétique (Petrograd 1915).


Sa mère s’étant remariée à un officier, Konstantine Simonov vit pendant toute son enfance à Riazan et à Saratov, dans l’atmosphère des quartiers militaires des villes de garnison. À quinze ans, par goût de l’indépendance et désir de prendre une part active à l’édification du pays, il met fin à ses études secondaires pour entrer dans une école professionnelle, où il apprend le métier de tourneur, qu’il exercera jusqu’en 1935. Ses premiers vers, consacrés aux bâtisseurs du canal Volga-mer Banche, sont publiés en 1934 dans un recueil de jeune poésie et lui ouvrent les portes de l’Institut de littérature, où il entre l’année même de sa fondation. Entre 1937 et 1941, Simonov publie plusieurs longs poèmes (Pobeditel [le Vainqueur], Pavel Tchernyï, Ledovoïe poboïchtche [la Bataille des glaces], Souvorov) ainsi que les recueils Nastoïachtchie lioudi (les Hommes véritables, 1938), Dorojnyïe stikhi (Poèmes de route, 1939) et Stikhi tridtsat deviatogo goda (Vers de l’année 39, 1940). Narratifs ou lyriques, ses vers, d’une forme traditionnelle, où le pressentiment de la guerre imminente se traduit notamment par l’évocation des gloires militaires du passé national, expriment les sentiments d’une génération élevée dans l’ascétisme révolutionnaire et prête à sacrifier le bonheur personnel à l’appel du combat. Ces thèmes inspirent aussi les premiers drames de Simonov, Istoria odnoï lioubvi (Histoire d’un amour, 1940) et Paren iz nachego goroda (Un gars de notre ville, 1941, prix Staline 1942), dont le héros résiste aux sollicitations de l’amour pour aller combattre les ennemis de la révolution en Espagne et en Mongolie.

C’est en Mongolie, à la bataille de Khalkhyn Gol (1939), que Simonov fait ses premières armes de correspondant de guerre, métier qu’il exercera de 1941 à 1945 en de nombreux secteurs du front germano-soviétique et dans les pays de l’Europe orientale libérés par les troupes soviétiques. Il en tirera plusieurs volumes de reportages : Ot Tchernogo do Barentsova moria (De la mer Noire à la mer de Barents, t. I-IV, 1941-1945 ; Pisma iz Tchekhoslovakii [Lettres de Tchécoslovaquie], 1945 ; Slavianskaïa droujba [Amitié slave], 1945 ; Iougoslavskaïa tetrad [Cahier yougoslave], 1945). Mais la guerre lui inspire surtout des vers où la sincérité douloureuse et passionnée du sentiment patriotique s’accorde à la tonalité intime et confidentielle des poèmes d’amour, et qui font de lui l’un des poètes les plus populaires de ces années (Liritcheski dnevnik [Journal lyrique] ; S toboï i bez tebia [Avec toi et sans toi] ; Frontovyïe stikhi [Poèmes du front], 1942). La popularité de Simonov s’accroît encore avec le drame Rousskie lioudi (les Russes, 1942, prix Staline 1943), exaltant le sentiment de l’unité nationale, qui est publié dans la Pravda et joué dans la plupart des théâtres du pays. C’est la guerre, enfin, qui éveille chez Simonov une vocation de romancier : première œuvre inspirée par la bataille de Stalingrad, le roman Dni i notchi (les Jours et les nuits, 1943-44, prix Staline 1946) inaugure un style nouveau du roman de guerre soviétique, « dépathétisé » et débarrassé des stéréotypes traditionnels, sobrement documentaire.

Écrite en 1944, la pièce Tak i boudet (Il en sera ainsi) se situe déjà dans la perspective de l’après-guerre, dont les difficultés, évoquées avec trop de franchise dans la nouvelle Dym otetchestva (la Fumée du pays natal, 1947), exposent celle-ci aux foudres de la critique « jdanovienne ». Plus sûrs sont les thèmes « internationaux » que Simonov, après un long séjour au Japon et aux États-Unis en qualité de journaliste, aborde dans le drame Rousski vopros (la Question russe, 1946, prix Staline 1947), dont l’action se situe aux États-Unis, et dans le recueil de poèmes politiques Drouzia i vragui (Amis et ennemis, 1948, prix Staline 1949), où il paye son tribut à l’image simplifiée d’un Occident capitaliste partagé entre les « fauteurs de guerre » et les amis de l’U. R. S. S. De Chine, où il a assisté comme correspondant de guerre à la victoire de Mao Zedong (Mao Tsö-tong), Simonov rapporte le volume de reportages Srajaïouchtchissia Kitaï (la Chine au combat, 1950). Membre du parti communiste depuis 1942, candidat au Comité central en 1952, il exerce d’importantes responsabilités au sein de l’Union des écrivains (qui le place à la tête de la revue Novyi Mir de 1946 à 1950 et de 1954 à 1958, et à la direction du journal Literatournaïa gazeta de 1950 à 1954) ainsi qu’au Comité soviétique pour la défense de la paix.

En 1952, il publie le roman Tovarichtchi po oroujiou (les Compagnons d’armes) conçu comme le premier pan d’une grande fresque à la gloire de l’armée soviétique. Cependant, le processus de déstalinisation, qui entraîne une révision critique de l’image officielle de la guerre, va faire du volume suivant, paru en 1959 sous le titre de Jivyïe i mertvyïe (les Vivants et les morts), une réflexion sur la tragédie nationale, longtemps masquée par la victoire finale de l’U. R. S. S. : à travers des personnages conscients des méfaits de la terreur stalinienne, tels le commissaire politique Svintsov et le général Serpiline, Simonov y peint avec véracité les désastres et le chaos des premiers mois de la guerre. Les romans Soldatami ne rojdaïoutsia (On ne naît pas soldat, 1963-64) et Posledneïe leto (le Dernier Été, 1970-71), où l’on retrouve les mêmes héros pendant l’hiver de Stalingrad et pendant l’été de la victoire, complètent une trilogie dont les Vivants et les morts sont désormais le premier volet.

M. A.

 I. L. Vichnievskaïa, Constantin Simonov. Étude de l’œuvre (en russe, Moscou, 1966). / S. I. Fradkina, l’Œuvre de Constantin Simonov (en russe, Moscou, 1968).

simulation

Méthode de travail qui permet d’étudier la dynamique d’un système physique en substituant à celui-ci un autre système plus accessible à l’observation et à la mesure. (On dit quelquefois que les deux systèmes sont analogues parce qu’ils sont régis par les mêmes lois.)