Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Atlantique (océan) (suite)

Les tempêtes sont particulièrement fréquentes dans ces parages du front polaire, où les dépressions cycloniques sont très actives. Ce sont des régions au climat rigoureux et humide, avec de la pluie et de la neige en hiver, et d’épais brouillards en été. Les eaux froides apportent un abondant phytoplancton ; de plus, les brassages qui se produisent au voisinage de la convergence provoquent un enrichissement des eaux de surface en sels minéraux, alimentant un plancton particulièrement abondant au début du printemps et à la fin de l’été, surtout dans les régions de hauts-fonds qui entourent l’Islande. Traditionnellement, la pêche de la morue et des espèces voisines frayant dans les eaux froides (aiglefin, merlan, flétan) est pratiquée de janvier à mai. Depuis quelques décennies, la pêche du hareng d’Islande a pris autant d’importance, principalement pendant l’été. On considère que près de 20 p. 100 des pêches européennes se pratiquent dans les eaux islandaises. Mais, par suite de la surexploitation des fonds et du déplacement des bancs les plus riches vers le large, les autorités islandaises tendent à reculer les limites des eaux territoriales et sont en butte à de constantes difficultés avec les gouvernements européens intéressés.

J.-R. V.

 G. Schott, Geographie des atlantischen Ozeans (Hambourg, 1926). / E. Le Danois, l’Atlantique, histoire et vie d’un océan (A. Michel, 1938). / Deutsches hydrographisches Institut, Handbuch des atlantischen Ozeans, t. I : Nordatlantischer Ozean (Hambourg, 1952). / U. S. Navy, Marine Climatic Atlas of the World, t. I : North Atlantic Ocean (Washington, 1955) ; t. II : South Atlantic Ocean (Washington, 1958). / A. Guilcher et J. Beaujeu-Garnier, l’Europe du Nord et du Nord-Ouest (P. U. F., 1958). / A. Guilcher, Précis d’hydrologie marine et continentale (Masson, 1965). / R. W. Fairbridge (sous la dir. de), The Encyclopedia of Oceanography (New York, 1966).


Les mers bordières de l’Europe


Mer celte

Partie de la plate-forme allant de l’Irlande à la Bretagne, elle a une topographie monotone, sauf au sud (grands bancs de sable de la Grande et de la Petite Sole, fosse d’Ouessant). Pour le rythme hydrologique saisonnier, l’hiver a une structure thermohaline homogène, produite par le brassage des tempêtes et la descente de l’eau, alourdie par refroidissement. En été s’opère une stratification par formation d’une eau superficielle tiède (16 °C) et peu salée. Les courants de marée sont prédominants dans les régions internes (le jusant, morphologiquement le plus actif, entraîne les sables vers le sud). Dans la partie externe, les grandes houles d’ouest interviennent efficacement dans le modelé des bancs sableux. Les eaux et les fonds, brassés et remaniés, sont riches ; la pêche est très active (maquereau, chalutage, crustacés sur les fonds rocheux côtiers). Un grand port pétrolier est aménagé à Bantry Bay (Irlande).


Golfe de Gascogne

Il est bordé à l’est et au sud par une plate-forme qui va se rétrécissant vers l’Espagne, où les fonds sont très heurtés. Le centre et l’ouest du golfe sont occupés par une plaine abyssale remarquablement plate, hérissée de dômes (banc Biscay, dômes Cantabria et Gascogne). L’influence des eaux atlantiques est grande. L’onde de marée venue du sud-ouest y est d’amplitude restreinte (parfois contrariée par l’action des houles) ; les parties internes des plates-formes sont parcourues par des courants rapides (remaniement des sédiments, dépôt des fractions fines dans le fond des baies et plus au large [Grande Vasière]). Le courant général, lent, dans le sens des aiguilles d’une montre, se résout en veines isolées par des poches d’eau plus froide formées au voisinage des côtes par refroidissement ou upwelling. Le contact thermique (concentration du plancton et des poissons [germon, sardine, merlu]) est fréquemment estompé lors du passage des dépressions cycloniques ; rendue aléatoire, la pêche saisonnière (et artisanale) est en recul. Seul le chalutage se maintient, non sans difficulté. Les grands ports (Concarneau, Lorient, La Rochelle, Pasajes et Vigo) se tournent vers la pêche lointaine.


Manche et mer d’Irlande

De longs couloirs à fond plat sont surmontés par de rares bancs de sable en crêtes étroites ; la partie médiane est partiellement occupée par un sillon profond (Hurd Deep de la Manche). Les masses d’eau y conservent des caractéristiques très atlantiques : salinité de 35 p. 1 000, sauf près des côtes ; température de 16-17 °C en été et de 8-9 °C en hiver. La marée y a une importance exceptionnelle. L’amplitude augmente surtout sur les rives sud et est, où les marnages sont plus forts et plus précoces ; les courants deviennent violents, de dessin complexe par la formation de tourbillons et d’anomalies qui intéressent directement la vie des ports (Southampton et Le Havre bénéficient d’une prolongation anormale de la haute mer, ou « tenue du plein »). La Manche et la mer d’Irlande sont des mers instables et turbulentes, qui ont une structure homotherme, même en été. La force des courants explique l’importance des fonds graveleux, caillouteux et rocheux. La pêche est peu abondante. Le trafic maritime y est intense.


Mer du Nord

V. l’article.


Mer Baltique

C’est une mer continentale, récemment dégagée par la fusion des inlandsis et formée par une série de bassins (maximum : 459 m dans la fosse Ouest-Gotland) séparés par des seuils portant des hauts-fonds et des îles. Le relief est surtout structural, remodelé lors des glaciations. La marée est faible ou masquée par des oscillations de niveau d’origine climatique (seiches, ondes de tempêtes). Les apports d’eau douce sont importants. Comme la perte par évaporation est égale ou supérieure aux précipitations, le bilan hydrologique est positif et la salinité faible, en surface et dans l’Est (détroits danois : 10 p. 1 000 ; golfe de Botnie : 5 p. 1 000). La variation annuelle de la salinité (maximum en février ; minimum en mai avec la fonte des neiges et des glaces) est l’inverse de celle des régimes fluviaux. On note une forte oscillation des températures : été 16 °C (sud), 12 °C (en Botnie) ; en hiver, la banquise est fréquente au voisinage des côtes et dans le Nord. La circulation est affectée par des changements rapides selon les vents ; elle suit dans l’ensemble un mouvement senestre avec un courant de décharge le long des côtes scandinaves (débit maximal au printemps), compensé en profondeur par la pénétration d’eau plus salée le long des côtes méridionales. La présence de seuils entrave le renouvellement des eaux, le remaniement des fonds et la migration des faunes ; ces seuils favorisent la stratification thermohaline pendant une grande partie de l’année. La stabilité explique l’appauvrissement des flores et des faunes ainsi que la réduction de l’action morphologique des houles et des courants : au-dessous de 10 à 20 m, les fractions fines s’accumulent dans le fond des cuvettes, où prédominent les vases. La Baltique est peu poissonneuse.