Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sforza (suite)

Il n’hésite pas à soutenir la révolte de Gênes contre les forces franco-angevines du roi René en 1461 ; il obtient néanmoins l’alliance du dauphin Louis, qui, devenu roi, l’investit en décembre 1463 de la seigneurie de cette ville. Quand il succombe d’une crise d’apoplexie le 8 mars 1466, le duc de Milan lègue à son fils un État agrandi et mieux équipé (canale della Martesana unissant Côme à Milan en 1460), une capitale embellie (Ospedale Maggiore), où se retrouvent les érudits italiens et grecs, notamment ceux qui, tel Constantin Lascaris, fuient Constantinople.


Le temps des héritiers (1466-1535)

Galéas-Marie (Galeazzo Maria) [Fermo 1444 - Milan 1476], duc de Milan de 1466 à 1476, a été préparé à ses fonctions de chef d’État par de nombreuses missions, qui l’ont conduit de Florence, où il a été reçu, à Careggi en 1454 et en France, où il a commandé des troupes qui ont combattu pour Louis XI lors de la guerre de Bien public en 1465. Déclarant aussitôt qu’il prend Milan et son jeune duc sous sa protection, le roi de France marie celui-ci à sa belle-sœur Bonne de Savoie. Galéas-Marie relègue sa mère, Blanche-Marie Visconti, à Crémone, où elle meurt en octobre 1468 ; il se laisse gouverner par ses instincts luxurieux et cruels, laissant à son chancelier, Cicco Simonetta, le soin de continuer la politique d’équilibre de son père en Italie, tout en menaçant la Savoie dès 1468. Allié du pape Sixte IV, il marie en 1477 sa fille bâtarde Caterina (v. 1463-1509) à Girolamo Riario, neveu du pontife. Esprit éclairé, il accueille Bramante, mais donne un aspect tyrannique à son gouvernement. Aussi est-il assassiné le 26 décembre 1476 par trois jeunes Milanais, Gerolamo Olgiati, Andrea Lampugnani et Carlo Visconti, désireux de restaurer la république.

Son fils et héritier Jean-Galéas (Gian Galeazzo) [château d’Abbiategrasso 1469 - Pavie 1494] est trop jeune : il doit laisser la réalité du pouvoir à sa mère, la régente Bonne de Savoie, qui commet l’erreur d’accepter la protection de son beau-frère Ludovic le More (Ludovico) [Vigevano 1452 - Loches 1508]. Duc de Bari à la mort de son frère aîné, Sforza Maria, en 1479, Ludovic déclare majeur son neveu, écarte Bonne de Savoie du pouvoir et fait exécuter Cicco Simonetta. Il est entraîné dans la guerre de Ferrare, ville dont les Vénitiens tentent de s’emparer (1482-1484) : il cède Rovigo à ces derniers par la paix de Bagnolo, près de Brescia, le 7 août 1484, car il craint de perdre le pouvoir à Milan.

Reléguant le jeune duc au château de Pavie, il entreprend d’éliminer l’influence aragonaise malgré le mariage du duc avec Isabelle d’Aragon en 1489, puis, en accord avec Béatrice d’Este, qu’il épouse en 1491, il se rapproche de l’Angleterre. Il mécontente ainsi Florence et la France, à laquelle il a enlevé Gênes en 1488. Lorsque le pape Innocent VIII se rapproche de Naples, il fait pourtant appel en 1492 à Charles VIII, à qui il offre ce dernier trône, espérant ainsi que ce monarque renoncerait à accorder son soutien aux droits du duc d’Orléans pour Milan. Ainsi déclenche-t-il la première guerre d’Italie* en septembre 1494, au moment même où il accède enfin au trône ducal (1495-1508) au mépris des droits de son petit-neveu François. Il adhère alors à la ligue antifrançaise constituée par le pape, l’empereur, le roi et la reine d’Aragon et de Castille, et il participe à la vaine tentative faite à Fornoue, le 6 juillet 1495, pour empêcher Charles VIII de regagner la France. Il scelle ainsi son destin. Le 2 septembre 1499, l’ancien duc d’Orléans, Louis XII, occupe Milan, que récupère Ludovic le 2 février 1500. Mais celui-ci est fait prisonnier par Louis II de La Trémoille à Novare le 10 avril. Il est alors détenu au château de Lys-Saint-Georges, en Berry (1500-1504), puis à celui de Loches, où il meurt en 1508.

Il laisse deux fils : Maximilien (Massimiliano) [Milan 1493 - Paris 1530] et François II (Francesco) [1495-1535]. Réfugié en Allemagne, le premier est restauré au lendemain de la mort de Gaston de Foix grâce à l’appui du cardinal Matthäus Schiner, légat du pape Jules II. Mais, vaincu à Marignan le 14 septembre 1515, il renonce à ses droits sur le duché de Milan moyennant une pension et se retire en France. En 1521, à l’instigation de Charles Quint et de Léon X, qui reconquièrent le Milanais, François II est proclamé duc de Milan. Mais, accusé de trahison par Charles Quint, il est exilé à Côme en 1526, puis restauré en 1529, à condition de léguer à sa mort le duché à l’empereur. Avec lui disparaît en 1535 le dernier des Sforza qui ait été duc de Milan.

P. T.

➙ Milan / Visconti.

 F. Calvi, Bianca Maria Sforza-Visconti (Milan, 1888). / P. D. Pasolini, Caterina Sforza (Rome, 1893 ; 3 vol.). / C. M. Ady, A History of Milan under the Sforza (Londres, 1907). / L. Fumi, Francesco Sforza contro Jacopo Piccinino (Pérouse, 1910). / C. Violini, Galeazzo Maria Sforza, quinto duca di Milano (Milan, 1938 ; 2e éd., Turin, 1943). / C. Santoro, Gli uffizi del dominio Sforzesco, 1450-1500 (Milan, 1948). / L. C. Morley, The Story of the Sforzas (Londres, 1933 ; trad. fr. Histoire des Sforza, Payot, 1951).

Shaba

Anc. Katanga, région du sud-est du Zaïre* ; environ 500 000 km2 ; 2 754 000 hab.


Le sous-sol est formé en majeure partie par les roches anciennes du socle précambrien. Après avoir subi une pénéplanation très poussée, celui-ci s’est fracturé sous l’effet de poussées tectoniques puissantes. Le Nord offre ainsi une juxtaposition de fossés profonds (plaines du Moero, de la Lufira, de l’Upemba) et de horsts aux sommets aplanis (monts Hakansson, Kibara [1 890 m], Kundelungu, Marungu). Dans le Sud, l’ancienne pénéplaine bien conservée à la limite des bassins du Congo (appelé ici Zaïre) et du Zambèze présente à 1 300-1 500 m des surfaces sans relief, que dominent quelques inselbergs ; sur sa bordure, elle est vigoureusement démantelée par l’érosion régressive, qui met en valeur des crêtes appalachiennes, témoins de la vieille structure plissée. D’abord lents et sinueux, les cours d’eau se précipitent bientôt en rapides et en chutes dans des vallées étroites, qui ont facilité la construction de barrages (gorges de Nzilo, sur le Lualaba, qui est le cours supérieur du fleuve Congo).