Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Seychelles (suite)

Les aléas de l’autonomie

Simple dépendance de Maurice jusqu’en 1888, l’archipel reçoit alors un administrateur, assisté de conseils exécutif et législatif, avant d’être érigé en colonie de la Couronne en 1903. Mais le retard de ces petites îles est considérable quand le premier plan de développement est mis en application en 1947. En 1965, la colonie est démembrée, dans l’intérêt de la stratégie anglo-américaine, par la création du Territoire britannique de l’océan Indien (Aldabra, Farquhar et Des Roches, etc., et les Chagos, ôtées à Maurice). Les Seychelles reçoivent en 1970 une nouvelle Constitution (suffrage universel, conseil en majorité élu). Une station américaine de repérage des satellites fonctionne depuis 1963. Les habitants exportent cannelle, coprah, vanille, thé, mais importent leur riz. La surpopulation est cause d’une importante émigration.

Aux élections générales d’avril 1974, les deux partis se prononcent en faveur de l’indépendance, qui est proclamée le 28 juin 1976. Le nouvel État devient une république, membre du Commonwealth, et recouvre sa souveraineté sur les trois îles qui lui ont été enlevées en 1965.

J.-C. N.

 A. Toussaint, la Route des îles (S. E. V. P. E. N., 1967). / Les Seychelles (Delroisse, 1973).

Sforza

Seconde dynastie ducale de Milan*.



Les origines

La dynastie des Sforza est issue d’une famille aisée de Cotignola, en Romagne, les Attendolo ; elle porte un nom qui est en réalité le surnom du premier de ses membres connus, le condottiere Muzio (ou Giacomo) Attendolo (Cotignola 1369 - près de Pescara 1424), fils de Giovanni Attendolo et d’Elisa de Petraccini. Muzio Attendolo entre en 1384 au service du condottiere Boldrino da Panicale, et passe en 1388 à celui du plus célèbre condottiere italien de la fin du xive s., Alberico da Barbiano. S’étant, à son tour, constitué une troupe, il sert successivement Pérouse pendant deux ans, le duc de Milan Jean-Galéas Visconti, qui double son salaire, Florence contre Pise, qu’il assiège, le marquis de Ferrare, Nicolas III d’Este contre Ottobone III de Parme en 1408, enfin la papauté en 1409. Il est alors nommé avec Braccio da Montone commandant en chef des armées qui doivent écarter du trône de Naples Ladislas de Durazzo au profit de Louis II d’Anjou ; il occupe une partie des États de l’Église et, à Rome, le quartier Saint-Pierre en septembre 1409, et bat Ladislas à Roccasecca le 19 mai 1411. Il sert quelque temps ce dernier prince, puis se rend à Naples en 1414, où son ascension sociale trouve son couronnement. Après s’être uni hors mariage à Lucia Terziani da Marsciano, femme de bonne naissance qui lui donne sept enfants naturels, dont Francesco Sforza (né en 1401), il épouse en 1409 la sœur du seigneur de Cortona, Antonia Salimbeni, veuve depuis peu ; il obtient de l’antipape Jean XXIII la seigneurie de Cotignola en remerciement de ses services, puis se remarie à Catella, la sœur de l’amant de la reine Jeanne II, Pandolfello Alopo, qui, après l’avoir fait emprisonner, préfère l’associer à ses ambitions. Grand connétable du royaume de Naples en mars 1415, arrêté après l’exécution de son beau-frère le 1er octobre, il retrouve sa liberté et ses fonctions en novembre 1416, mais il entre alors en conflit avec le grand sénéchal Giovanni Caracciolo, qui l’envoie occuper Rome en 1417, puis combattre Braccio da Montone en 1419-20. Rallié à la cause de Louis II d’Anjou, il épouse en troisième noce sa veuve, se révolte contre Jeanne II et, depuis Aversa, entreprend le blocus de sa capitale, où s’établit Alphonse V d’Aragon à la demande de la reine. Mais, ayant rompu avec son protecteur, la souveraine se réfugie en 1423 auprès de Muzio Attendolo, qui se noie accidentellement le 4 janvier 1424 en traversant la Pescara pour aller combattre Braccio da Montone, qui assiégeait l’Aquila.


La fondation d’une dynastie (1424-1466)

Suggérée par son fils naturel François Ier (Francesco) [San Miniato 1401 - Milan 1466], la manœuvre au cours de laquelle Muzio trouve la mort se termine par la victoire complète du jeune condottiere, bien secondé par deux de ses parents : Michèle et Lorenzo Attendolo. François, qui hérite du remarquable instrument de combat que lui a légué son père, assiège Naples pour le compte de Jeanne II, puis entre au service du duc de Milan, Philippe-Marie Visconti. Il est d’abord vaincu à Maclodio en 1427 par le capitaine général de Venise, Carmagnola, puis il inflige un échec à ce dernier, qui est décapité le 5 mai 1432. Veuf depuis 1427 de Polissena Ruffo, comtesse de Montalto, qu’il avait épousée en 1416, il est fiancé en 1432 à Blanche-Marie, fille bâtarde du duc de Milan, en récompense de ses succès. En accord avec ce prince, il conquiert la Marche d’Ancône aux dépens du pape Eugène IV, qui, pour éviter un désastre total, doit le reconnaître en mars 1434 comme vicaire, gonfalonier de l’Église et chef des opérations contre Niccolò Fortebracci. Se rapprochant de Venise et de Florence, qui le sollicitent, nouant en 1435 dans cette dernière ville une solide amitié avec Cosme de Médicis, il combat à partir de 1436 les Milanais de Niccolò Piccinino. Vainqueur à Riva et à Vérone à la fin de 1439, maître de Brescia, il contraint Philippe-Marie à traiter avec ses adversaires ; surtout, il l’oblige à lui céder Crémone et la main de Blanche-Marie, qu’il épouse enfin en novembre 1441. Excommunié en vain par Eugène IV, désireux de le chasser de la Marche d’Ancône, il brise à Montolmo, en août 1444, l’armée de ses adversaires (pape, Milan et Alphonse V d’Aragon). Il est dès lors nanti d’un vaste domaine, malheureusement difficile à défendre, car territorialement discontinu (Marche d’Ancône, fiefs dans le royaume de Naples, Crémone en Lombardie, et Pontremoli, en Toscane). Mis en difficulté dans la Marche par le condottiere pontifical Sigismondo Pandolfo Malatesta, menacé enfin par Philippe-Marie Visconti de perdre Crémone. Il restitue la Marche au nouveau pape Nicolas V et se consacre dès lors à la défense de ses biens milanais ; dans ce but, il se réconcilie avec son beau-père, dont il devient capitaine général. Après la mort de ce dernier, le 13 août 1447, il acquiert Pavie, puis se rapproche de Venise en octobre 1448, portant ainsi un coup mortel à la République ambrosienne. Entré dans Milan en février 1450, acclamé par le peuple, il reçoit le titre ducal dans la cathédrale de cette ville le 25 mars 1450. Sa principauté est alors menacée d’encerclement à la suite de l’adhésion de la Savoie à l’alliance vénéto-aragonaise ; aussi François s’allie-t-il au roi de France Charles VII par le traité de Montil-les-Tours, signé le 21 février 1452. Mais, afin d’éviter un conflit, il réussit à imposer à Venise la signature de la paix de Lodi, qui, le 9 avril 1454, instaure en Italie un état d’équilibre, auquel se rallient Florence, Naples et le Saint-Siège et qu’il entend maintenir avec l’appui de Cosme de Médicis, à qui il est lié depuis 1435 et qu’il autorise à fonder à Milan en 1450 une filiale de sa maison.