Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sexualisation (suite)

Les caractères sexuels somatiques secondaires englobent tous les détails morphologiques caractéristiques de l’un ou l’autre sexe. Ils permettent d’emblée leur identification, par exemple de reconnaître un coq et une poule. Chez l’homme et la femme, les caractères sexuels secondaires intéressent le système pileux, plus développé chez l’homme, la largeur du bassin, plus importante chez la femme, le développement des glandes mammaires, réduit chez l’homme, un timbre de voix propre à chaque sexe.

Ces caractères sexuels secondaires ne sont pas toujours aussi accusés. Chez la Souris, par exemple, ils sont beaucoup plus discrets et ne permettent pas une identification morphologique externe des sexes. Il en est de même chez certains Oiseaux (Pigeons, Serins) : le serin chante, la serine est muette.

Les caractères sexuels secondaires se retrouvent chez les divers animaux et affectent des caractères variés. Voici quelques attributs du sexe mâle : crinière du Lion, bois du Cerf, cornes du Bélier, callosités fessières de quelques Singes, sac vocal du Singe hurleur, glandes odorantes du Chevrotain Porte-Musc, canines saillantes du Morse, du Phacochère. Beaucoup d’Oiseaux mâles possèdent un plumage brillamment coloré (Gallinacés, Paradisiers, Colibris...), alors que celui des femelles est terne ; l’aspect inverse est beaucoup plus rare. Les Grenouilles et les Crapauds mâles présentent des callosités digitales ; les sacs vocaux caractérisent les mâles d’Amphibiens. Des couleurs différentes affectent les Poissons mâles et femelles. L’Hippocampe mâle porte une poche incubatrice. Le Xiphophore mâle montre une nageoire caudale en épée. Les Insectes et les Crustacés mâles sont dotés d’appendices remarquables (cornes frontales des Oryctes, mandibules des Lucanes, pinces des Crabes, pinces abdominales des Forficules). L’appareil musical des Insectes mâles offre un développement plus ou moins important.

L’ensemble de ces caractères sexuels germinaux et somatiques primaires et secondaires définit le sexe génital de l’individu. Ce sexe s’établit progressivement pendant la vie embryonnaire et l’enfance, et sera définitivement réalisé après la puberté. Caractères sexuels germinaux et tractus génital se différencient en une première phase embryonnaire ; les caractères sexuels secondaires se développent en une seconde phase, au cours de la puberté.


Développement de l’appareil génital des Vertébrés

Les Vertébrés sont généralement gonochoriques, c’est-à-dire à sexes séparés ; l’hermaphrodisme est rare.


Gonades

À l’origine, les gonades (ovaire et testicule) sont généralement paires, mais l’une d’elles peut ne pas se développer : la poule et les femelles des Oiseaux possèdent une seule gonade, la gauche.

Au début du développement, tout Vertébré est sexuellement indifférent et potentiellement hermaphrodite. La différenciation sexuelle stabilisera l’une des ébauches et fera régresser l’autre. Au stade indifférencié, la gonade comprend un épithélium, un cortex périphérique et une medulla centrale ; le cortex possède des potentialités femelles, alors que la medulla manifeste des potentialités mâles. Ces deux territoires à potentialités différentes caractérisent plus les gonades que les gonocytes primaires, qui ne sont pas sexués ; de leur situation dans l’un ou l’autre de ces territoires dépendra leur évolution en spermatozoïdes ou en ovules. L’évolution du cortex conduira à la différenciation d’un ovaire ; au contraire, le développement de la medulla entraîne la formation d’un testicule. Cette impulsion relève de la détermination génétique du sexe ; en général, détermination génétique du sexe et différenciation sexuelle coïncident. Parfois, la bivalence persiste ; un Crapaud mâle castré développe des ovaires rudimentaires à partir des organes de Bidder, gonade vestigiale à potentialités femelles qui n’évolue jamais dans les conditions normales.


Évolution testiculaire chez les Vertébrés supérieurs

Les gonocytes primordiaux se trouvent dans le croissant germinal chez les Oiseaux et dans l’ébauche mésoblastique chez les Mammifères ; l’épithélium péritonéal, où migrent les gonocytes, devient l’épithélium germinatif, analogue du cortex ; il prolifère, et des cordons sexuels formés de cellules germinales, ou spermatogonies, apparaissent, se détachent de l’épithélium et envahissent la medulla, qui prend de l’importance, alors que le cortex régresse ; celui-ci est remplacé par une albuginée, une épaisse enveloppe fibreuse. Les cordons sexuels se fragmentent et donnent des tubes séminifères. Les spermatogonies se multiplient, mais la spermatogenèse et la spermiogenèse ne s’effectueront qu’à la maturité sexuelle. Entre les cordons sexuels se développe un abondant tissu interstitiel, comprenant les cellules de Leydig, responsables de la sécrétion de l’hormone mâle. À la puberté, sous l’action des gonadostimulines hypophysaires, la testostérone suscitera la réalisation des caractères sexuels secondaires. Le mésonéphros, ou rein secondaire ou corps de Wolff, se différencie et perd ses fonctions excrétrices dans la portion génitale ; les tubes séminifères restent en communication avec les tubules du mésonéphros pour assurer l’évacuation des spermatozoïdes. Le réseau testiculaire (canaux efférents, canaux de l’épididyme), les vésicules séminales correspondent à des transformations du mésonéphros fœtal.

La différenciation sexuelle du fœtus humain commence vers la huitième semaine et se termine vers le troisième ou le quatrième mois de la gestation.


Évolution ovarienne chez les Vertébrés supérieurs

Au début, elle ressemble à l’évolution testiculaire. Une première poussée de cordons sexuels s’accompagne d’un développement de la medulla et marque une évolution mâle. Mais la medulla régresse, les cordons disparaissent et une dégénérescence adipeuse se manifeste. Une seconde poussée de cordons réapparaît et ne se détache pas de l’épithélium germinatif, ou cortex ; ces cordons en sont une prolifération et repoussent la medulla. Les cellules germinales des cordons sont des ovogonies, qui se multiplient rapidement : 5 millions pour les deux ovaires d’un fœtus humain de cinq à six mois. L’ovocyte entre en préméiose, s’entoure de cellules folliculaires, et ainsi se forme le follicule de De Graaf chez les Mammifères. Le follicule poursuivra son évolution au moment de la puberté ; de nombreux follicules dégénéreront. Les dérivés wolffiens disparaissent, et un canal uniquement génital, le canal de Müller, se différencie en oviducte et deviendra fonctionnel ; il constituera les principales voies génitales femelles.