sève (suite)
Il apparaît, à la suite d’expériences récentes, que la circulation dans les tubes criblés n’est véritablement polarisée que pour les substances de croissance (v. auxines), dans les coléoptiles d’avoine par exemple, tandis que les autres produits (nutritifs...) peuvent, suivant les conditions et le moment, circuler dans un sens ou dans l’autre. Alors que, généralement, on observe une circulation vers une concentration décroissante, dans quelques cas (évacuation du sucre du limbe vers la tige ou accumulation de réserves dans la graine) on a remarqué une translocation du saccharose en sens inverse.
On a évoqué, pour expliquer les déplacements de substances dans les tubes criblés, de nombreux phénomènes. Certains auteurs pensent que le transport de l’eau et des diverses substances dissoutes se fait en masse sous l’influence de la pression osmotique. Mais cette hypothèse ne s’accorde guère avec les différences de vitesse observées entre les diverses substances. Les phénomènes de diffusion et de dialyse joueraient un rôle primordial dans les vacuoles et entre les cellules. Cependant, on ne peut expliquer ainsi les déplacements dans le sens des concentrations croissantes, et, d’autre part, les vitesses observées sont considérablement supérieures à celles que donnerait la diffusion, lente par nature (même si l’on fait intervenir les mouvements de cyclose à l’intérieur des cellules), surtout lorsqu’il y a passage à travers des membranes du cytoplasme.
On met également l’accent sur le rôle que doit jouer le cytoplasme vivant. Ce dernier est obligatoirement traversé par la sève au niveau des cribles et il constitue autour de la zone de conduction une véritable gaine. Ce cytoplasme est riche en enzymes, et celles-ci sont la preuve de l’existence d’un métabolisme actif. D’autre part, l’influence de la température sur la vitesse de réaction s’explique très bien s’il s’agit d’un mécanisme enzymatique. Aussi, les théories modernes, dites « métaboliques », invoquent-elles ce phénomène.
Cependant, il faut avouer que rien d’absolument certain ne permet d’expliquer la conduction de la sève élaborée dans son ensemble.
J.-M. T. et F. T.
P. Binet et J.-P. Brunel, Biologie végétale. Physiologie végétale (Doin, 1967-68 ; 2 vol.). / R. Heller, Précis de biologie végétale, t. II : Nutrition et métabolisme (Masson, 1969). / A. S. Crafts et C. E. Crisp, Phloem Transport in Plants (San Francisco, 1971).