Serpotta (Giacomo) (suite)
De 1687 à 1717, il travaille pour les Dominicains à l’oratoire de Santa Zita, où il énumère dans les bas-reliefs les mystères du rosaire, une des grandes dévotions de l’époque. Le mur du fond présente la composition la plus riche, autour d’un bas-relief de la bataille navale de Lépante, sensée avoir été gagnée grâce à l’invocation de la Vierge du Rosaire. Cette multitude de figures et de tableaux en relief, traités en stuc blanc rehaussé par endroits de dorure, produit un effet de vie intense. Les draperies, les attitudes sont variées à l’infini, sans que cette virtuosité nuise à la profondeur mystique de l’ensemble, qui baigne dans une sorte de joie céleste. Seuls les grands sculpteurs rococo de l’Allemagne du Sud trouveront les mêmes accents de piété heureuse.
L’oratoire de San Lorenzo (1706-1708) comporte une suite de bas-reliefs racontant les vies de saint Laurent et de saint François avec le même goût du détail pittoresque. Sur le mur du fond, le martyre de saint Laurent a curieusement des accents presque néo-classiques. Les statues des Vertus, sur leurs socles, semblent dialoguer avec les putti qui tourbillonnent tout autour. Le dernier de ces oratoires, celui du Rosaire (1720), greffé sur l’église San Domenico, laisse une part à la peinture ; des cadres ovales enferment ici les bas-reliefs et des niches les statues. Mais la fantaisie luxuriante de Serpotta se surpasse et il annonce certaines recherches et certaines libertés du rococo. Parmi ses œuvres marquantes, il convient de citer encore les belles statues de l’église San Francesco d’Assisi de Palerme et, à Agrigente, le grand ensemble du maître-autel de Santo Spirito.
En contemplant la sainte Monique alanguie sur ses nuages à Sant’Agostino de Palerme, on ne peut se retenir d’évoquer la sainte Thérèse du Bernin, dont elle est une transposition. Serpotta a su, dans un style très personnel et grâce à la ductilité du stuc, transmettre à la Sicile* la grande leçon de la sculpture baroque* romaine, dans une œuvre souvent noble, toujours savoureuse et brillante.
F. S.
G. Carandente, Giacomo Serpotta (Turin, 1967).