Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sensibilité [en pyrotechnie] (suite)

Sensibilité à l’amorce

Cette sensibilité particulière est l’aptitude d’une matière à détoner sous l’action de la détonation d’un autre explosif, appelé explosif primaire, placé directement à son contact ou séparé seulement par une paroi très mince. Avec les explosifs suffisamment sensibles, il suffit d’une masse inférieure à 1 g d’explosif primaire pour provoquer la détonation. On caractérise numériquement cette sensibilité par la plus petite masse de fulminate de mercure qui entraîne à coup sûr la détonation de l’explosif éprouvé ; à cet effet, on dispose d’une gamme de détonateurs renfermant 0,25, 0,30, 0,40, 0,50... 2,00 g de fulminate de mercure. Avec des explosifs de moindre sensibilité, on doit faire un essai avec des détonateurs à chargement mixte. Ceux-ci comprennent, outre l’explosif primaire, une masse de 0,5 à 1 g d’explosif secondaire comprimé, dont on sait qu’ils sont assimilables à des détonateurs qui renfermeraient 3 g et 5 g de fulminate. Avec des explosifs encore moins sensibles, on adjoint au détonateur un relais d’amorçage de 10, 20 ou 50 g d’explosif secondaire. Un explosif est d’autant plus sensible à l’amorce que la masse de fulminate (ou d’ensemble explosif utilisé pour l’amorçage) est plus faible ; pour tous les explosifs solides, la sensibilité décroît quand la densité de chargement croît ; c’est ainsi que l’acide picrique dont on fait varier la densité de chargement de 1,20 à 1,70 g/cm3 exige des amorces de charge de fulminate croissant de 0,25 à 0,50 g. La sensibilité à l’onde explosive est fonction de la densité de l’explosif et de son état (pulvérulent, gélatineux, fondu). Si la densité est trop élevée, l’onde explosive provoquée par le détonateur peut ne pas agir ou s’arrêter en cours de propagation. Les explosifs de mine, utilisés au tir en cartouches ordinaires doivent, à la densité à laquelle ils sont encartouchés, être sensibles à l’amorce de 1,5 g de fulminate afin d’avoir l’assurance qu’ils ne peuvent produire de raté avec les détonateurs no 8, réglementaires dans les mines.

L. M.

➙ Explosif / Explosion.

 L. Vennin, E. Burlot et H. Lécorché, les Poudres et explosifs (Béranger, 1932). / J. Calzia, les Substances explosives et leurs nuisances (Dunod, 1969).

Séoul

En cor. Sŏ-ul, capit. de la Corée* du Sud ; 5 600 000 hab.



Le développement urbain

Choisie comme métropole par le roi Tä-cŏ, fondateur de la dynastie des Li (ou I) [1392-1910] (elle s’appelait alors Han-yang), Séoul prospéra comme centre de la monarchie jusqu’à l’occupation japonaise. Auparavant, elle était un simple marché local établi à proximité de la Han dans une étroite plaine protégée sur trois côtés par des collines escarpées. Une muraille fut édifiée autour de la nouvelle capitale, tandis que des citadelles annexes étaient construites aux quatre points cardinaux. La cité elle-même fut tracée selon le plan en damier des capitales chinoises avec des portes monumentales au nord, au sud, à l’est et à l’ouest. Le palais s’adossait au côté nord, faisant ainsi face au sud, tandis que la ville se composait de constructions à un étage aux murs d’argile et couvertes de tuiles.

Sous l’occupation japonaise, le paysage urbain connut une première révolution ; une gare fut édifiée entre la porte sud et la Han et devint le noyau d’un quartier actif (ateliers ferroviaires, centrale thermique), et, de l’autre côté du fleuve, un aéroport fut installé. Dans la ville même, des quartiers entiers furent rasés et on perça des rues nouvelles et larges, que bordèrent les constructions de brique et de pierre du nouveau régime : bureaux du gouvernement général, poste, hôpitaux, hôtels et une cathédrale catholique. En 1925, la ville avait 342 626 habitants ; en 1940, 935 464, en raison notamment de l’incorporation des communes suburbaines et de l’afflux des ruraux, toujours important dans ce pays où les campagnes demeuraient misérables.

Après la défaite japonaise, Séoul devint le siège d’un gouvernement militaire américain ; la population continua de croître et son importance força à la séparer administrativement de la province de Kyŏng-gi en 1948. En 1949, des flots de réfugiés du Nord portèrent sa population à 1 446 019, soit le vingtième de la population de la péninsule. Occupée par les troupes communistes de juin à septembre 1950, puis de janvier à mars 1951, elle demeura ensuite aux mains des forces des Nations unies et, en dépit de sa proximité d’une frontière « brûlante », redevint le centre du gouvernement sud-coréen.

Détruite en grande partie par la guerre (1950-1953), elle a été tôt reconstruite et présente aujourd’hui un paysage en voie de modernisation rapide ; des immeubles de 20 à 25 étages s’y édifient les uns après les autres tandis que des autoroutes suspendues, à la manière de Tōkyō, enjambent les vieilles artères de la ville. Ses faubourgs s’étendent vers le sud, en direction de la Han et du port d’In-č’ŏn (ou Inchon). Cette croissance est guidée par un plan d’urbanisme constamment retouché et qui tente d’éviter le genre d’excès dont Tōkyō donne le monstrueux exemple. Soucieux de favoriser la croissance de leur ville sans les nuisances qui caractérisent la capitale japonaise, les édiles ont entrepris un remaniement spectaculaire de son espace, dont le fleuron sera l’île de Yeoido.

Celle-ci étant située au milieu de la Han à environ 8 km du centre et étant composée uniquement de sable, la saison des pluies la submergeait chaque année. La construction des digues périphériques a commencé en 1970 et pris fin deux ans après. Une avenue axiale de 300 m de large et 1 300 m de long a été tracée, et des immeubles résidentiels de 13 étages déjà construits abritaient quelque 5 000 familles dès la fin de 1972. Ultérieurement seront déplacés dans l’île les bâtiments administratifs, les ambassades, les bureaux des sociétés étrangères et des grands journaux. Une fois complété ce projet, l’île abritera environ 150 000 habitants durant le jour (40 000 la nuit) et dégagera le centre de la capitale.