Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Sénèque (suite)

Rajeunissant les lieux communs du stoïcisme, Sénèque applique tous ses efforts à faire tendre la volonté individuelle vers la voie du dépassement, c’est-à-dire le dédain des biens sensibles et l’indifférence devant les traverses de l’existence. La matière n’est pas nouvelle, mais l’originalité de Sénèque est dans l’approfondissement de ces thèmes depuis longtemps conventionnels. La pénétration de ses variations (sur la mort, la douleur, la pauvreté, la fortune, l’exil), son sens des nuances, sa subtile délicatesse dans l’analyse indiquent une acuité psychologique d’instinct. À l’appui de cette profondeur, un don rare de l’improvisation, un style qui sait être âpre et véhément, toujours varié par sa vivacité, ses rebondissements, l’abondance des images, mais qui n’exclut pas des fautes de goût, par excès même de richesse, et une composition parfois déconcertante (« c’est du sable sans chaux », disait Caligula). Cette intime fusion d’une noble pensée et d’une expression en rupture avec l’esthétique traditionnelle situe Sénèque parmi les plus grands.

A. M.-B.

➙ Antiquité classique (les grands courants littéraires de l’) / Latine (littérature).

 R. Waltz, la Vie politique de Sénèque (Perrin, 1909). / A. Bourgery, Sénèque prosateur (Les Belles Lettres, 1922). / E. Albertini, la Composition dans les ouvrages philosophiques de Sénèque (De Boccard, 1923). / L. Herrmann, le Théâtre de Sénèque (Les Belles Lettres, 1924). / A. Pittet, le Vocabulaire philosophique de Sénèque (Les Belles Lettres, 1937). / F. Martinazzoli, Seneca (Florence, 1945). / A. de Bovis, la Sagesse de Sénèque (Aubier, 1948). / P. Grimal, Sénèque, sa vie, son œuvre (P. U. F., 1948 ; nouv. éd., 1967). / F. Giancotti, Saggio sulle tragedie di Seneca (Rome, 1953). / I. Lana, L. A. Seneca (Turin, 1955). / A. Cattin, les Thèmes lyriques dans les tragédies de Sénèque (Fribourg, 1963). / J. M. André et P. Aubenque, Sénèque (Seghers, 1964). / C. Wanke, Seneca, Lucan, Corneille (Heidelberg, 1964). / Les Tragédies de Sénèque et le théâtre de la Renaissance (C. N. R. S., 1964). / K. Abel, Bauformen in Senecas Dialogen (Heidelberg, 1967).

sénescence

Processus d’involution de l’organisme en fonction de son âge avancé.


Il s’agit d’un mot plus précis que vieillissement, qui inclut souvent l’idée d’augmentation en âge de l’individu, avancée en âge et sénescence n’allant pas toujours de pair.


L’état sénile

Il est bien connu chez l’Homme par ses manifestations externes : rides de la peau, tassement de la colonne vertébrale (diminution de la taille), voire courbure de cette dernière, perte des cheveux (beaucoup plus chez l’homme que chez la femme) et décoloration des poils, diminution de l’acuité des appareils sensoriels, affaiblissement musculaire dû à une dégénérescence des fibrilles musculaires, tremblement, régulation thermique difficile, etc.

Mais la principale caractéristique de la sénescence est peut-être l’arrêt des fonctions de reproduction. Chez la femme, c’est la ménopause*, marquée par l’arrêt des cycles œstraux ; chez l’homme, c’est le fléchissement plus lent et plus tardif des activités sexuelles. Tout cela correspond à une baisse de l’activité endocrinienne, qui s’étend (on le sait maintenant) à bien d’autres hormones qu’aux hormones sexuelles. L’involution sexuelle est donc bien l’effet, non la cause, de la sénescence. Notons, cependant, que certaines hormones, comme l’insuline (hormone hypoglycémiante du pancréas) et les corticostéroïdes (hormones des corticosurrénales), ne semblent pas sécrétées en quantité moindre avec l’âge.

Le débit cardiaque diminue progressivement, ce qui est à mettre en rapport avec les augmentations de la pression artérielle et de la résistance périphérique, elles-mêmes dues à un durcissement des vaisseaux.

La fonction digestive s’effectue plus difficilement (baisse des sécrétions enzymatiques). Les fonctions d’excrétion, tant pulmonaire que rénale, vont aussi en diminuant, de même que les fonctions psychiques. Tous ces faits sont la conséquence de la baisse des métabolismes cellulaires et des capacités d’adaptation de l’organisme (maintien de la constance du milieu intérieur, ou homéostasie, et lutte contre les agressions externes : variations de température, effort, etc.).

Chaque cellule semble touchée par le processus de sénescence, puisque le renouvellement du protoplasme s’effectue beaucoup plus lentement et qu’on assiste à une perte d’eau qui modifie le rapport eau intracellulaire / eau extracellulaire. Faut-il, dès lors, rechercher l’origine de la sénescence au niveau de la biochimie cellulaire ?

Notons d’abord que la sénescence s’étend à de nombreuses espèces de Mammifères (Singes, Rats...) et même aux Oiseaux, incluant ainsi dans un même groupe tous les animaux à température constante (homéothermes) et à croissance limitée.

Dans le cas des Vertébrés à température variable, l’involution des organes est en général beaucoup plus tardive. La fonction de reproduction, en particulier, ne diminue généralement pas avec l’âge. Parfois la croissance se poursuit toute la vie. Est-ce, pour autant, dire qu’il n’y a pas sénescence et que la mort est toujours accidentelle ? Il ne semble pas, car des études statistiques sur des Poissons ont montré que le taux de mortalité s’accroît avec l’âge.

La sénescence, avec des formes diverses, paraît toucher aussi le plus grand nombre des Métazoaires invertébrés. Il en est, en tout cas, ainsi pour les Insectes, les Rotifères, certains Vers et Crustacés inférieurs (Daphnies, Cyclops).

Parmi les végétaux, chez certains Champignons, comme Podospora anserina (Ascomycètes), on a mis en évidence l’existence d’un « déterminant de la sénescence », sans pour autant pouvoir le caractériser.


Sénescence et immortalité cellulaire : les facteurs internes de la sénescence

La mort* existe-t-elle nécessairement chez tous les êtres vivants en tant que conséquence inéluctable de la sénescence ?