Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

semence (suite)

L’Homme

Dès le début de la révolution agricole au Néolithique, l’Homme a entrepris de choisir certaines plantes, de favoriser leur reproduction aux dépens des autres et les a cultivées en différentes parties du monde, modifiant ainsi leur répartition naturelle. En Europe, maintes espèces sont d’origine asiatique (Inde, Moyen-Orient, pied de l’Himālaya, Chine...) ou américaine (Andes, Mexique...).

Des végétaux ornementaux ont été, de la même façon, acclimatés en divers lieux, et, accidentellement, des espèces sauvages ont été importées dans les bagages de l’Homme : Élodée du Canada... Certaines espèces échappées des cultures ou introduites fortuitement se sont si bien fixées qu’elles modifient complètement le paysage : Opuntia, Agaves des côtes méditerranéennes.

J.-M. T. et F. T.


Sélection des semences

L’utilisation de semences de qualité connue et clairement définie est devenue un facteur important de la productivité agricole. Pendant très longtemps, l’agriculteur a été producteur de ses semences. La spécialisation de cette production a été précoce pour des cultures de qualité, à reproduction surtout végétative (fleurs à bulbes, ou caïeux, plants d’arbres ou de Vigne), mais récente pour les graines. La capacité de production d’une semence est liée à la fois à son patrimoine génétique et à sa valeur d’utilisation : aussi le progrès en semences est-il corrélatif d’un progrès technique à la fois cause et conséquence de l’existence de nouvelles semences ainsi que d’une organisation commerciale et d’un contrôle administratif permettant la distribution de semences garanties.


Que sont les semences ?

On distingue deux grands types de semences selon leur nature génétique et leur teneur en eau (plus cette teneur est forte, plus faible est l’aptitude à la conservation).

Les semences « sèches », d’une teneur en eau de l’ordre de 10 p. 100, sont issues d’une reproduction sexuée ; ce sont des graines (ovules) ou des fruits (ovaires). Les fruits sont simples (Céréales) ou composés (Betterave) ; les graines sont vêtues (Orge, Sainfoin) ou nues (Pois, Haricot). Les enveloppes d’une semence sèche sont importantes par leurs rôles dans la protection mécanique contre des chocs et dans la germination (échanges gazeux, absorption d’eau) ; elles contiennent l’embryon et des substances de réserve. Ces dernières sont surtout des glucides chez les Graminacées (les deux tiers de la matière sèche), des associations protides-lipides chez de nombreuses dicotylédones (notamment Légumineuses et Oléagineux).

Les semences « aqueuses » sont des fragments de plantes comprenant un bourgeon (c’est-à-dire un méristème, entouré d’ébauches foliaires) et des tissus caulinaires ou racinaires (assises génératrices qui permettront la formation de racines). Elles sont récoltées dans une période de repos végétatif de la plante mère. Les nœuds sont prélevés soit sur la plante (greffon d’arbres fruitiers, bouturage de Cannes à sucre...), soit sur des organes tubérisés (bulbe d’Oignon ou de Tulipe, tubercule de Pomme de terre).


Ce qu’attend l’utilisateur

L’utilisateur attend des semences qu’il se procure un certain nombre de caractéristiques. En effet, pour obtenir le meilleur rendement, il faut une certaine quantité de plantes à l’unité de surface (de 100 à 400 au mètre carré pour le Blé, de 6 à 12 pour la Betterave ou le Maïs,...) et une disposition aussi régulière que le permettent les matériels de semis ou de plantation et les impératifs d’entretien et de récolte de la culture. On peut distinguer les caractères suivants.

• Un semis commode. Cela concerne surtout les plantes de grande culture, surtout celles qui ont une densité optimale de peuplement faible (de 3 à 12 plantes au mètre carré : Betterave, Chou, Pomme de terre...). Pour avoir un bon semis, il faut des graines sans aspérités (nécessité d’un polissage), de dimension régulière (nécessité d’un calibrage) et de forme régulière, plutôt sphérique (utilité de l’enrobage).

• Une bonne germination. L’agriculteur choisit une densité de semis ; c’est le pourcentage de levée qui donnera le peuplement final. Aussi faut-il que le taux de germination soit élevé ou, au moins, qu’il soit connu à l’avance. De toute manière, à une levée inférieure à 100 p. 100 correspond un peuplement irrégulier.

• Un peuplement homogène. Indépendamment de l’homogénéité du lot de semences, il résulte à la fois de l’unité des génotypes et de la dimension des graines.

• Un bon état sanitaire. Les lots de semences ne doivent pas contribuer à transmettre des maladies ni comporter une fraction de semences d’autres espèces ou variétés (en particulier de mauvaises herbes).


Réalisation de ces exigences


La commodité des semis

Pour un nombre croissant de semences s’est développée toute une technologie de traitement. C’est surtout pour la Betterave* et des cultures maraîchères que des progrès ont été réalisés. Les principaux types de traitements doivent permettre :
— l’acquisition, s’il y a lieu, de la monogermie (pour la Betterave, cela a commencé par être réalisé mécaniquement, avant d’être obtenu par sélection de variétés monogermes) ;
— l’uniformité de la forme et de la taille ainsi qu’une surface lisse.

L’enrobage des graines est une technique datant des années 50 ; il répond à toutes ces exigences et, de plus, permet d’augmenter la taille de très petites graines (Carotte), rendant possible un semis précis avec des semoirs robustes. Les substances enrobantes doivent répondre à de nombreuses conditions pour ne pas gêner la germination de l’embryon : laisser circuler l’air et l’eau ; laisser passer les gemmules et les radicules. On tend, actuellement, à s’en servir comme support pour des oligo-éléments, des produits antiparasitaires ou des substances inactivant des toxiques végétaux (désherbants par exemple). Plus récemment, on a fabriqué des « films » contenant des capsules biodégradables où se trouvent la graine et ces divers adjuvants, y compris des activateurs de germination.