Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sélection animale (suite)

Troisième expérience. Les deux progéniteurs, ou parents, diffèrent par trois caractères (expérience de trihybridisme)

Croisement d’un Cobaye à poils colorés, courts et disposés en rosette CCLLRR avec un Cobaye à poils blancs, longs et non disposés en rosette.

La F1 se compose d’hybrides à poils colorés, courts et disposés en rosette ; les trois caractères sont donc dominants. Ces hybrides CcLlRr formeront, d’après la loi d’indépendance et de disjonction des caractères ou des gènes, huit types de gamètes : CLR, CLr, ClR, Clr, cLR, cLr, clR, clr. Lors de la fécondation, les huit types de spermatozoïdes s’uniront aux huit types d’ovules pour produire soixante-quatre combinaisons, comprenant : 27 tridominants, à poils colorés, courts, en rosette ; 27 bidominants (9 à poils colorés, courts, non en rosette ; 9 à poils colorés, longs, en rosette ; 9 à poils blancs, courts, en rosette) ; 9 monodominants (3 à poils colorés, longs, non en rosette ; 3 à poils blancs, courts, non en rosette ; 3 à poils blancs, longs, en rosette) ; 1 trirécessif, à poils blancs, longs, non en rosette.

Cette descendance ne compte qu’un seul Cobaye tridominant homozygote identique à un des grands-parents et un seul trirécessif identique à l’autre grand-parent (premier et dernier du tableau).

Si l’on réalise des expériences de tétrahybridisme (parents différant par quatre caractères) ou de polyhybridisme (parents différant par n caractères), on observe qu’avec l’augmentation du nombre de caractères s’accroît également le nombre de catégories possibles de gamètes — et, par suite, le nombre des combinaisons réalisées par la fécondation ; le nombre des phénotypes augmente en progression arithmétique, alors que celui des génotypes croît en progression géométrique. À la F2, les types grands-parentaux deviennent proportionnellement de plus en plus rares. Si le nombre des caractères oppositifs égale n, le nombre de types de gamètes à la F1 est égal à 2n et le nombre de combinaisons à la F2 sera de (2n)2.

La seconde loi de l’hérédité, ou loi de disjonction des caractères, requiert une matière héréditaire à structure discontinue, formée d’unités héréditaires, les gènes. On sait, actuellement, que le gène correspond à une portion d’acide désoxyribonucléique (A. D. N.) caractérisée par la séquence de ses nucléotides et renfermant l’information génétique conditionnant la synthèse d’une protéine spécifique.


Exceptions apparentes

Les deux lois fondamentales de l’hérédité, solidement établies, semblent parfois être en défaut par suite de complications qui ont été élucidées ; ces exceptions constituent des cas particuliers parfaitement interprétés : par exemple les cas d’hérédité où les gènes sont enchaînés ou liés entre eux (phénomène de « linkage », dans lequel certains couples de gènes ne se disjoignent pas et se transmettent solidairement à la descendance), ceux où les gènes sont liés au chromosome sexuel (hérédité « sexlinked » : les Chats à pelage tricolore sont tous femelles, mais les femelles ne sont pas toutes tricolores ; ce n’est donc pas un caractère sexuel secondaire), celui des gènes létaux (le gène létal entraîne la mort, à moins que son action ne soit compensée par son allèle normal).

Les exemples cités antérieurement intéressent des cas simples, où un gène détermine un caractère ; mais plusieurs gènes conditionnent parfois un caractère : (dimérie, trimérie, polymérie, selon que deux, trois ou n gènes interviennent dans la réalisation du caractère). Un autre cas fréquent est celui où un gène préside à la réalisation de plusieurs caractères ; il s’agit alors de pléiotropie.

A. T.

➙ Génétique.

sélection végétale

Ensemble de méthodes fondées sur les manipulations génétiques des plantes cultivées et tendant à créer, puis à reproduire des variétés toujours mieux adaptées aux exigences quantitatives et qualitatives de la production agricole.


La sélection végétale comporte ainsi deux types d’activités complémentaires :
— la sélection améliorante qui permet la création de nouveaux cultivars (c’est-à-dire des nouvelles variétés cultivées) ;
— la sélection conservatrice, consacrée à la production continue de semences et de plantes de qualité génétique certifiée.


La sélection améliorante


Une science synthétique récente

Activité aussi ancienne que l’agriculture, la sélection par l’Homme, complétant la sélection naturelle, est restée empirique durant longtemps. Analysée par Darwin* (1868) en tant que facteur d’évolution des espèces, l’amélioration des plantes ne s’est établie comme une science qu’au début de ce siècle, avec l’application des lois fondamentales de la génétique*. Les progrès de ces dernières décennies sont dus à la collaboration de l’ensemble des disciplines scientifiques concourant à une meilleure connaissance de l’organisation et du fonctionnement des êtres vivants.

• Génétique et cytologie. Ces sciences permettent la connaissance du mode de transmission et du déterminisme des caractères héréditaires au plan des individus et des populations. Elles ont vu l’apparition de techniques de modification du matériel héréditaire (mutagenèse...).

• Physiologie végétale. Elle s’attache à la compréhension des fonctions biologiques et de leur régulation.

• Biologie végétale. Au-delà de la connaissance approfondie de la biologie normale des espèces, la sélection conduit également à la recherche de systèmes biologiques anormaux, notamment au niveau des systèmes de reproduction :
— stérilité mâle d’espèces normalement bisexuées, favorisant l’hybridation ;
— reproduction sexuée d’espèces à multiplication végétative normale, permettant l’utilisation de leur variabilité génétique potentielle ;
— reproduction consanguine momentanée d’espèces à hybridation habituelle, pour homogénéisation du contenu génétique de leurs descendants...

• Biochimie et biophysique. Des investigations quantitatives et qualitatives plus rapides et plus fines aident puissamment au choix des individus reproducteurs.

• Pathologie végétale. La connaissance de la biologie des parasites, de la relation de ceux-ci avec les plantes (modalités de résistance, de tolérance) permet la lutte biologique par l’amélioration des capacités de résistance des végétaux.

• Statistique et informatique. Ces techniques permettent l’analyse biométrique des variations entre les individus et l’exploitation rapide des masses de données.