Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Seldjoukides (suite)

Les Seldjoukides de Syrie (1078-1117)

En 1070-71, quand le Mirdāside d’Alep se fut soumis à Alp Arslan, une fraction d’Oghouz partit pour la Palestine sous la direction d’Atsiz ibn Uvak (Atsız), s’empara de Ramla, de Jérusalem et finalement de Damas (1076), mais fut mis en échec par les forces fāṭimides d’Égypte. Atsız fut en si grandes difficultés qu’il dut faire appel à ses maîtres, qui lui dépêchèrent Tutuch (Tutuş, 1078-1095), fils d’Alp Arslan, un cousin de Malik Chāh. Tutuch redressa la situation, entra dans Damas (1078), où il se débarrassa d’Atsız en le faisant périr l’année suivante. Il échoua à son tour devant Alep, et c’est Malik Chāh qui vint en personne devant la ville, la prit et nomma comme gouverneur Āq Sunqur (Aksungur). Zangī, le fils de ce dernier, fondera la dynastie des Zangīdes, à laquelle Alep doit tant, en particulier dans le domaine architectural.

Quand Barkiyārūq succède à Malik Chāh, Tutuch, qui n’a pas pardonné qu’on ne lui ait pas remis Alep, se pose en rival de son neveu, mais il est vaincu et tué sur le champ de bataille. Ses deux fils, Riḍwān (Rıdvan, 1095-1113) et Duqāq (Dokak, 1095-1104), n’en obtiennent pas moins la souveraineté le premier d’Alep, le second de Damas. Ces deux villes sont alors florissantes, mais sans réelle puissance, aux prises avec les croisés et avec toutes les principautés musulmanes qui les entourent : la Syrie est redevenue aussi morcelée qu’elle l’était avant l’invasion seldjoukide. Comme les Seldjoukides d’Iraq, ceux de Syrie laissent la réalité du pouvoir aux atabeks. Celui de Duqāq, le Turc Tugh-Tegīn (Tuğ Tekin, † 1128), finit par fonder sa propre dynastie, celle des Būrides. Dès 1128, la petite principauté d’Alep est conquise par l’atabek Zangī de Mossoul. Zangī (1127-1146) se rendra assez rapidement maître de tout le pays, à l’exception de Damas. Il se tournera alors contre les croisés, et ses successeurs, Nūr al-Dīn et Ṣalāḥ al-Dīn (Saladin*), s’empareront de Damas et de l’Égypte : mais, conséquences des invasions des Seldjoukides, ces faits ne relèvent plus de leur histoire.

J.-P. R.

➙ Arménie / Byzantin (Empire) / Croisades / Iran / Iraq / Latins du Levant (États) / Ottomans / Syrie / Turcs / Turquie.

 F. Sarre, Reise in Kleinasien, Sommer 1895. Forschungen zur Seldjukischen Kunst und Geographie des Landes (Berlin, 1896). / J. Laurent, Byzance et les Turcs seldjoukides (Berger-Levrault, Nancy, 1913). / P. Wittek, The Rise of the Ottoman Empire (Londres, 1938). / F. Isiltan, Die Seltschuken-Geschichte des Akserāyī (Leipzig, 1943). / T. T. Rice, The Seljuks in Asia Minor (Londres, 1961). / C. Cahen, Pre-Ottoman Turkey (Londres, 1968). / O. Aslanapa, Turkish Art and Architecture (Londres, 1971).

sélection animale

Ensemble des opérations qui concourent à la production d’animaux améliorés, capables de répondre aux exigences de la production (conditions de milieu, structures des élevages...) et à la demande du marché (lait, viande, laine...).



Introduction

De tout temps, les éleveurs ont ainsi sélectionné leur cheptel, selon des procédés plus ou moins efficaces. Toutefois, le développement des connaissances dans le domaine de la génétique*, ainsi que, plus récemment, le prodigieux essor des techniques de calcul automatique ont permis, dans un premier temps, de comprendre les mécanismes entrant en jeu dans les opérations de sélection et ainsi d’expliquer ce qui, jusque-là, n’était qu’empirique, puis de proposer des méthodes et des modèles de sélection beaucoup plus efficaces en même temps que de les appliquer à des populations animales de grande taille, ce qui a permis une amélioration génétique rapide du cheptel de tout un pays. Ainsi, dans l’espèce bovine, il a été possible d’augmenter de manière très importante le niveau de production laitière de chaque vache : en France, ce niveau est passé, dans les quinze dernières années, de 2 500 à 3 500 kg par lactation (chaque lactation durant environ dix mois) ; les meilleurs troupeaux atteignent déjà des productions moyennes de 6 000 kg, ce qui n’est encore qu’à peine supérieur au niveau moyen des troupeaux américains soumis au contrôle laitier, les meilleurs troupeaux de ce pays ayant des moyennes de production de 9 000 kg (soit 30 kg de lait en moyenne par vache et par jour !).

De même, chez la volaille, la sélection a permis, au moment où l’on cherchait à améliorer la croissance du poulet de chair, de gagner chaque année de 30 à 40 g sur le poids du poulet à huit semaines (lequel pèse environ 1 700 g).


Bases de l’amélioration génétique

Bien que le mécanisme général de l’hérédité corresponde aux mêmes règles que chez les autres êtres vivants, ses manifestations chez les animaux domestiques peuvent se rattacher à deux grands types.

Il peut s’agir tout d’abord de caractères déterminés par un ou quelques gènes, chaque gène ayant une action importante et donc visible. Ces caractères sont en général discontinus, c’est-à-dire que les variations observées peuvent se ranger en un certain nombre de catégories bien définies : on peut dire qu’un animal a le caractère ou ne l’a pas, et que tous les animaux qui l’ont ont le même ou à peu près.

Ces caractères, de plus, ne sont, en général, pas influencés par le milieu. Exemple : présence de cornes chez les Bovins, forme de la crête chez la poule...

Le second type intéresse des caractères déterminés par un grand nombre de gènes, chacun d’entre eux ayant une action minime et n’étant donc pas décelable en tant que tel. De plus, l’expression finale de ces caractères est soumise à l’influence du milieu (alimentation, hygiène, habitat...), si bien que l’on observe une variation continue du caractère en passant progressivement d’un extrême à l’autre. Ces caractères ont une importance économique considérable, car ce sont en général tous les caractères de production. Exemples : production laitière, vitesse de croissance, nombre de petits par portée...

L’influence du milieu sur ce second groupe de caractères est primordiale : des animaux ayant un bon potentiel génétique (génotype) mais élevés dans un mauvais milieu donneront de faibles productions (phénotypes) tout en restant parfaitement capables d’engendrer des descendants de valeur : « Si les jambes de bois ne s’héritent pas, les têtes de bois, elles, s’héritent. »

Le milieu joue ainsi un rôle important dans la détection des meilleurs reproducteurs.

Tout le succès auquel peut parvenir le sélectionneur dépend donc de son habileté à détecter et à faire reproduire les animaux de son troupeau qui se montrent supérieurs à la moyenne, cette supériorité étant due à un mécanisme génétique qui puisse être transmissible.