Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Seine (la) (suite)

De Montereau à Rouen, la Seine forme une belle artère fluviale, régularisée par des écluses, bien équipée, profonde de 2,4 à 3,2 m, accessible à des convois de plus de 1 300 t et bientôt de 3 000 t. L’Oise assure une liaison convenable avec le réseau du Nord. Une Bourse d’affrètement à Conflans-Sainte-Honorine atteste l’importance du confluent de l’Oise et de la Seine. Mais c’est naturellement Paris* qui se trouve au centre du trafic. Bénéficiant du statut de port autonome, le port de Paris est le premier port fluvial français. Il a réalisé un trafic de 43 Mt (en 1970), qui s’opère dans les installations de Paris, Gennevilliers, Nanterre, Vitry-sur-Seine, Saint-Denis et Aubervilliers, dans l’agglomération même et, entre Paris et la Normandie, à Cormeilles, Guernes et Moisson.

À partir de Rouen, la navigation fluviale et la navigation maritime se combinent autour des deux grands ports de Rouen* et du Havre*, respectivement au cinquième et au deuxième rang des ports maritimes et aux troisième et sixième rangs des ports fluviaux.


L’axe économique

Centrée sur Paris, débouchant sur la Manche — la mer la plus fréquentée du globe —, la vallée de la Seine est devenue un axe majeur, sans doute le plus important, dans l’organisation régionale de la France. Son plus lourd handicap est d’être mal reliée (et pas seulement par voie d’eau) avec le grand axe européen de la Rhénanie. Ses points forts se trouvent autour de Paris et de la Basse Seine, de la capitale et de l’ouverture maritime.

Entourée de riches campagnes céréalières, la Seine et ses affluents ont fixé depuis longtemps des sites de petites villes ou de villes moyennes qui ont combiné le commerce des grains et l’administration locale : Melun, Corbeil, Meaux, Mantes, Pontoise...

Mais ce sont surtout les impulsions de l’économie contemporaine qui confèrent à la vallée ses véritables dimensions. La voie ferrée et l’autoroute (depuis Corbeil jusqu’à Tancarville) doublent la voie d’eau pour faire de la vallée de la Seine, depuis l’agglomération parisienne jusqu’au Havre, le plus actif des axes de communication de l’hexagone.

L’industrie tire parti de ces relations privilégiées, qu’elle tend encore à valoriser. La vallée de la Seine et ses annexes peuvent être considérées comme une vaste région industrielle multipolaire. En amont de Paris, aucune continuité, physique aussi bien que fonctionnelle, ne permet de relier vraiment des pôles comme Troyes à l’ensemble principal. Mais la région parisienne et la Basse Seine, sur le même axe, ont de multiples liens d’interdépendance. Deux exemples montrent bien ces relations privilégiées : les industries de l’automobile et du pétrole. La Régie Renault a axé son expansion sur la vallée de la Seine, de la banlieue parisienne à l’estuaire, avec ses usines de Billancourt, de Flins, de Cléon et de Sandouville. Les raffineries de pétrole et les usines pétrochimiques de Gonfreville-l’Orcher, de Notre-Dame-de-Gravenchon, de Port-Jérôme, de Petit-Couronne et de Vernon traitent le pétrole importé par Le Havre pour un marché dont le sommet se situe à Paris. Les oléoducs s’ajoutent dans la vallée au réseau des autres voies de communication.


Le lieu de civilisation

Plus profondément encore, la richesse des témoignages historiques, la beauté des paysages, la permanence des créations artistiques font de la vallée de la Seine un lieu privilégié de civilisation. Les paysages naturels juxtaposent, sous un climat sans rigueur et aux lumières changeantes, les eaux calmes du fleuve, des versants ornés de forêts, de falaises blanches de craie ou de calcaire. Les civilisations rurales ont à peine altéré ce cadre, substituant les herbages ou le maraîchage aux marais, parant les coteaux d’arbres fruitiers et autrefois de vignobles, jalonnant les plus beaux sites de villages de paysans, de pêcheurs et de bateliers.

La Seine aussi a fixé les villes, les petites villes d’Île-de-France et de Haute-Normandie : Rouen, la capitale normande, et surtout Paris. La Seine fait intimement partie du paysage parisien, celui des quais, des ponts, de l’île de la Cité, berceau de la capitale, du grand vaisseau de Notre-Dame. Sur ses rives, les deux grandes provinces médiévales d’Île-de-France et de Normandie ont construit leur histoire. Et Nogent-sur-Seine, Paris, Argenteuil, Rolleboise, Giverny, Canteleu, Jumièges, Villequier, Honfleur ont séduit, jusqu’à nos jours, les romanciers, les poètes et les peintres autant que les capitaines d’industrie.

Maintenant, autour de Paris comme dans la Basse Seine, l’urbanisation, l’industrialisation et les pollutions qu’elles engendrent menacent l’harmonie du cadre de vie. Les deux schémas d’aménagement de la Région parisienne et de la Basse Seine prévoient la protection des plus beaux sites, la réservation de grandes coupures vertes, l’aménagement de bases de loisirs.

A. F.

➙ Paris / Seine-Maritime.

Seine-et-Marne. 77

Départ. de la Région Île-de-France ; 5 917 km2 ; 755 762 hab. Ch.-l. Melun. S.-préf. Meaux et Provins.


C’est le département le plus étendu et le moins peuplé de la Région parisienne. Sa croissance démographique a été néanmoins de 25 p. 100 par an entre les deux derniers recensements (1968 et 1975), car il est atteint sur sa marge occidentale par l’extension de la banlieue parisienne. Il n’a pas été affecté par le redécoupage décidé par la loi du 10 juillet 1964 et le décret du 25 février 1965. Ses limites datent donc de la Révolution française. Son territoire a été constitué par une partie de l’Île-de-France et une partie de la Champagne.

Large d’environ 80 km d’est en ouest et étiré sur 100 km du nord au sud, il est traversé d’est en ouest par la Seine et la Marne, d’où son nom. Celles-ci sont rejointes, sur son territoire, la Marne par l’Ourcq, le Grand et le Petit Morin, la Seine par l’Yonne et le Loing. La Seine-et-Marne est constituée pour l’essentiel par le plateau de Brie, légèrement ondulé, qui va de la Marne à la Seine et s’incline d’est en ouest d’environ 200 m à environ 100 m.

Au nord de la Marne, dans le Multien et la Goële, domine la très grande exploitation ; la rotation des cultures assure la première place à la betterave industrielle, et les hautes cheminées des sucreries et des distilleries parsèment le paysage.