Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Schwitters (Kurt) (suite)

Les poèmes phonétiques d’Arp, de Hausmann, lui inspirent sa Ursonate publiée en 1932. Dans le domaine de la peinture, Schwitters refuse la limitation des couleurs fournies dans le commerce et de leur application concertée sur la toile : « Au fond, dit-il en 1928, je ne comprenais pas pourquoi on ne pouvait pas utiliser dans un tableau, au même titre que les couleurs fabriquées par les marchands, des matériaux tels que vieux billets de train, bouts de ficelle, rayons de vélo, bref tout le vieux bric-à-brac qui traîne dans les débarras et sur les tas d’ordures. » Ceci implique la généralisation de la technique du collage*, employée épisodiquement par les cubistes, les futuristes, les dadaïstes ; c’est surtout l’utilisation à des fins esthétiques du rebut, du déchet, pratique qui devait se généraliser au début des années 60 (Robert Rauschenberg*, le nouveau réalisme*...).

Parallèlement, il y a répudiation de la sculpture traditionnelle. Marcel Duchamp* y avait substitué l’objet avec ses ready-mades ; Schwitters reprend plutôt les visées esthétiques des premiers assemblages de Picasso* (cf. son Breite Schnurchel de 1923), mais, surtout, il agrandit ces assemblages à l’échelle d’un environnement*, perçant sa maison à Hanovre de la cave au grenier pour créer, à partir de 1920, un espace mystérieux : c’est le Merzbau, « cathédrale des misères érotiques », qui sera détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, repris en des versions nouvelles, mais inachevées, pendant son exil en Norvège (1935) et en Grande-Bretagne.

L’essentiel de l’œuvre plastique conservé réside donc dans les tableaux de petits et de moyens formats : jusqu’à sa mort, en 1948, Schwitters agence avec patience et minutie des tickets de transports, des emballages et des papiers officiels déchirés, des tissus et des objets (pièces de monnaie, ficelle, bouts de bois), jouant sur des compositions très élaborées, combinant surtout avec un art consommé les couleurs — souvent éteintes et indécises — et les textures diverses de chaque fragment. « Tableaux » comme il n’en avait jamais été conçu jusque-là et auxquels Schwitters applique le terme générique de Merz, formé d’une suite de lettres qui étaient restées lisibles, une fois, après déchirure et collage d’une publicité de la Commerz und Privatbank. Toute la production de Schwitters se fit désormais sous ce sigle étrange : ses constructions s’appellent Merzbau, sa revue, Merz (1923-1927), ses poèmes, partie importante de son œuvre, Merzdichtung et Merzgedicht ; ses articles traitent de Merzmalerei (1919) ou de Merztableau (1932). Attitude significative, opposant aux œuvres figuratives — qui apparaissent comme détachées de leur auteur — les créations authentiques de Schwitters, celles qui reflètent avec une cohérence quasi obsessionnelle un univers intérieur étroitement refermé sur la sensibilité propre de l’artiste.

M. E.

 Schwitters. Collages (Berggrün, 1954). / W. Schmalenbach, Kurt Schwitters (Cologne, 1967).

sciage

Opération par laquelle on transforme le bois brut, directement issu de la forêt, en pièces généralement parallélépipédiques à l’aide de lames métalliques dentées animées d’un mouvement de translation ou de rotation.



Généralités

Le bois brut ainsi transformé est généralement de diamètre notable (grumes), mais on constate une tendance à scier du bois de plus en plus petit, jusqu’à 10 cm de diamètre. Les pièces obtenues par sciage sont elles-mêmes appelées sciages ou débits. Elles alimentent de nombreuses industries, parmi lesquelles les plus importantes sont la construction (charpentes, menuiseries intérieures et extérieures), l’ameublement, l’emballage, les chemins de fer, etc.

Selon leurs dimensions, les sciages peuvent être groupés en familles et en catégories. On distingue (avec les dimensions les plus courantes, exprimées en millimètres) :
— les sciages à section rectangulaire ou carrée : traverses de chemin de fer (140 × 240), madriers (75 × 225), bastaings (63 × 160), chevrons (80 × 80 ; 60 × 80), etc. ;
— les sciages plats : planches (25 ; 18), voliges (15 ; 12) ;
— les sciages de petites sections : carrelets (40 × 40), lambourdes (27 × 40), liteaux (27 × 27), lattes (9 × 27), etc.

Tous ces sciages comportent généralement des arêtes vives : c’est pourquoi on les appelle des avivés. On trouve encore assez fréquemment en France des débits tirés des grumes par de simples traits de scie parallèles, dont les bords restent de ce fait irréguliers. Après sciage, on les rempile les uns au-dessus des autres, reconstituant ainsi l’apparence de la grume dont ils ont été tirés. Cet ensemble constitue un plot, ou boule, et chaque sciage est un plateau, une planche ou un feuillet de plot. Pour certains usages (traçage de pièces complexes), ces sciages sont préférés aux avivés.

Avant d’être vendus, les sciages font l’objet d’un classement, c’est-à-dire d’une répartition entre des catégories technologiques et commerciales. Les critères de classement sont :
— l’essence de l’arbre dont sont issus les sciages (chêne, hêtre, sapin, hemlock, sipo, etc.) ;
— les dimensions des sciages ;
— leur qualité (absence ou abondance plus ou moins grande de défauts tels que nœuds, fentes, fil tors, taches colorées, etc.).


Technologie du sciage

Il faut distinguer les procédés mécaniques selon lesquels s’effectue le sciage, les outils utilisés et la spécialisation des machines à scier selon la fonction qu’elles remplissent.


Sciage proprement dit

Il est réalisé par trois procédés principaux.

• Machines alternatives ou scies à cadres, appelées encore châssis ou multiples. Conservant le principe des premiers moulins, elles sont dotées d’un bâti lourd à l’intérieur duquel coulisse alternativement de haut en bas et de bas en haut, à grande vitesse (de 200 à 400 coups par minute), un cadre dans lequel sont tendues plusieurs lames d’acier dentées de 600 à 1 300 mm de long. Un chariot amène devant les lames les grumes à scier ou les pièces à dédoubler, qui se succèdent sans interruption à la vitesse de 3 à 20 m/mn. Pour n lames qui sont montées sur le cadre, la machine débite ainsi à la fois n – 1 sciages comportant deux faces nettes et deux dosses.