Athènes (suite)
• Les Propylées. Ces portes monumentales (conçues par l’architecte Mnésiclès) commandent l’entrée de l’Acropole par sa pente accessible du versant ouest. Ce sont des parvis majestueux de 60 m de façade sur 30 m de profondeur, où les processions pouvaient se recueillir et s’ordonner. L’édifice, qui ne fut jamais complètement achevé, comportait au centre un vaste bâtiment amphiprostyle soutenu à l’intérieur par une colonnade ionique entre deux portiques de six colonnes doriques. Sur le flanc nord, une aile en retour, la Pinacothèque, dominait le rocher. L’aile opposée, pour ne pas empiéter sur des emplacements consacrés à d’autres cultes, se réduisait à une façade. Métopes et frontons étaient sans ornements. Entre les Propylées et le Parthénon se dressait une grande statue de bronze d’Athéna combattante (Promachos).
• Temple d’Athéna Nikê, dit « de la Victoire aptère ». Ce petit édifice est situé sur un saillant du rocher, à côté des Propylées, où, dès le vie s., un sanctuaire avait été dédié à Athéna Nikê (l’Athéna des Victoires), dont la statue, simple xoanon, fut appelée aptère par différence avec les Victoires ailées traditionnelles. Le temple construit par Callicratès, de pur style ionique, consiste en une cella unique de 4 m de côté, cantonnée sur ses deux façades d’un portique de quatre colonnes. Plus qu’à sa frise, consacrée aux guerres médiques, la célébrité de son décor sculpté tenait à la balustrade qui l’entourait du côté du rocher à pic. Longue de 32 m et haute de 1 m, elle représentait des Victoires se rendant au sacrifice : la procession se déroulait en relief vigoureux au-dessus de la Voie sacrée menant aux Propylées. Plusieurs de ces plaques de marbre ont été retrouvées ; bien que très mutilées, elles révèlent un art attique d’une élégance toute particulière : art à la fois hardi et chaste, qui sous des tissus presque transparents voile et montre la nudité.
• L’Érechthéion. C’est plusieurs années après la mort de Périclès que Nicias fit relever les ruines de l’ancien sanctuaire d’Érechthée. On n’opérait pas en table rase : il fallait respecter la place rituelle de cultes hétéroclites et obscurs. C’est là que Poséidon et Athéna s’étaient affrontés, qu’avait surgi l’olivier sacré, que le trident du dieu avait fait jaillir une source. Des cellae à des niveaux différents devaient être englobées dans une unité architecturale réunissant l’idole antique d’Athéna, le Serpent sacré, le tombeau de Cécrops. L’architecte Philoclès réalisa un monument complexe dont la disposition n’a pu être déchiffrée avec certitude. Il comporte deux portiques ioniques, souvent copiés, et celui, plus célèbre encore, des Caryatides, porteuses de corbeilles dont la tête charmante et robuste soutient l’architrave.
Monuments divers.
La liste serait longue des monuments notables de l’Athènes du ve s. av. J.-C. : les textes signalent des sanctuaires dédiés à presque tous les dieux, mais ils ont laissé peu de vestiges. Les collines célèbres qui font face à l’Acropole, la Pnyx, le Mouseion, l’Aréopage, n’ont pas été couronnées de monuments civils ou religieux de quelque importance. Quant à l’habitat privé, il était sans luxe.
• Le Céramique. C’est à la sortie de la ville qu’étaient les cimetières, dont le plus célèbre sur la voie d’Éleusis, qui traversait le faubourg du Céramique. La plupart des Athéniens importants eurent là leur tombeau. Les fouilles qui s’y poursuivent depuis un siècle ont mis au jour d’infinies richesses (vases de l’époque géométrique, stèles funéraires, etc.). Quelques monuments ont été remontés in situ, tels les spectaculaires Géants d’époque romaine.
De Périclès à Byzance
Après Périclès, la cité, appauvrie par les guerres, n’eut pas les moyens d’achever son œuvre. De riches protecteurs des arts (chorèges) se firent élever des monuments votifs, tels celui de Thrasyllos contre le mur de l’Acropole et celui de Lysicrate (dit « Lanterne de Démosthène ») dans l’antique rue des Trépieds. Athènes, dont le rayonnement persista pendant plusieurs siècles, ne cessa de « s’embellir », mais aucun de ses monuments postérieurs au ive s. av. J.-C. n’a d’importance majeure pour l’histoire de l’art. La domination macédonienne fut pour Athènes la grande époque des « évergètes » (bienfaiteurs), au premier rang desquels il faut citer deux rois de Pergame, Eumenês et Attalos. On doit au premier le portique qui porte son nom, vaste déambulatoire qui conduit au théâtre de Dionysos. Attalos, un peu plus tard, rénova l’Agora et l’entoura d’autres portiques somptueux.
Le respect que lui vouèrent les Romains n’alla pas pour Athènes sans inconvénient. Elle fut l’objet d’un vaste pillage, tandis que s’y élevaient des bâtisses bien peu conformes au programme de Périclès, tels la statue équestre géante d’Agrippa devant les Propylées, la « tour des vents », l’escalier colossal de l’Acropole, le Temple de Rome à côté du Parthénon, les ornements du théâtre de Dionysos, etc. Hadrien, qu’on nommait plaisamment « Graeculus », créa toute une ville nouvelle, la « Ville d’Hadrien » à côté de la « Ville de Thésée », construisit un forum à la romaine et acheva en marbre et en style corinthien le temple colossal de Zeus (Olympieion) commencé sous Pisistrate. Un évergète, Hérode Atticus, construisit l’Odéon qui porte encore son nom. Un autre, C. Julius Antiochos Philopappos, se fit élever un gigantesque mausolée sur le Mouseion. Le voyageur Pausanias a laissé une description de la ville telle qu’elle était sous les Antonins. C’était un dédale où, à chaque pas, autels, ex-voto, effigies, tombeaux, stèles, inscriptions célébraient les dieux, les héros, les hommes de la légende, de la grande et de la petite histoire, depuis Cécrops jusqu’à l’empereur régnant.
Athènes byzantine, franque et turque
Avec le transfert de la capitale de l’Empire à Constantinople commença le déclin d’Athènes, qui perdit son rang de métropole de l’hellénisme. Dans l’Empire byzantin, elle ne fut plus qu’une bourgade. Les invasions barbares des iiie et ive s. ruinèrent entièrement la ville basse. Le christianisme ferma les écoles philosophiques et interdit les cultes. Dans les temples brutalement modifiés, Athéna et Thésée furent remplacés par la Panagia Theotokos et par saint Georges. Aucune grande basilique ne fut construite ; on n’édifia que des chapelles et de modestes monastères, parmi lesquels il faut citer les églises des Saints-Théodores, de la Kapnikaréa, de la Petite-Métropole, qui sont aujourd’hui la parure charmante du centre de la ville. Au pied de l’Hymette, le monastère de Kaisariani est un bon exemplaire du style byzantin du xe s. Quant à celui de Dhafni, sur le chemin d’Éleusis, il montre des mosaïques qui sont parmi les plus belles de l’art byzantin*.