Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Schleswig-Holstein (suite)

La défaite allemande de 1918 fournit l’opportunité de l’examiner de nouveau. Député au Reichstag (depuis 1906), Hanssen demande solennellement, le 23 octobre 1918, l’application de l’article 5 du traité de Prague. Le gouvernement provisoire de Berlin fait une déclaration dans ce sens, le 14 novembre, mais tandis qu’une campagne se déclenche dans le pays, le ministère danois préfère se tourner vers les vainqueurs, partenaires plus solides (28 nov.). Finalement, les habitants du Slesvig du Nord seront effectivement consultés, les 10 février et 14 mars 1920. Dans la zone contiguë au Danemark, le rattachement au Danemark est voté par 75 431 voix contre 25 329 ; dans la zone « intérieure », plus méridionale, la supériorité globale des Allemands (51 724 contre 12 800) n’entraîne qu’une rectification mineure. À Flensburg, ville symbole, l’élément allemand l’emporte (à trois contre un). Dès lors, le Slesvig présente les deux aspects complémentaires du problème des minorités : celui des droits de la minorité allemande dans le Slesvig du Nord, réuni au Danemark, celui des droits de la minorité danoise dans le Schleswig central, maintenu sous la souveraineté allemande. Dans la pratique, les deux éléments se fortifient. Ainsi, dans le Nord, le « Deutscher Schulverein » permet de multiplier les écoles allemandes, et une association de crédit (1926) facilite l’installation d’une centaine de fermiers. Dans le Sud, des organisations danoises « travaillent » tout le pays de Flensburg, où une presse danoise renaît. La dictature nationale-socialiste introduit une activité économique nouvelle, liée surtout au réarmement, en même temps qu’une refonte administrative accroissant le poids des districts proprement allemands dans le Schleswig-Holstein. La principale association danoise du Schleswig résiste — elle compte encore 2 728 membres en 1945 —, mais les effectifs des écoles danoises diminuent.

Depuis 1945, le pays a été submergé par un flot de réfugiés et expulsés de Prusse-Orientale et de Poméranie. Dans le cadre du Land de Schleswig-Holstein, reconstitué par les Britanniques, on eut la surprise de constater la présence d’un élément danois notable jusque dans le sud du Schleswig. À la première élection au Bundestag (1949), 75 000 voix « danoises » envoyèrent un député à Bonn. Sans doute, ce vote comportait-il un élément d’opportunisme : en 1953, il n’y avait plus que 43 000 voix. Mais ce noyau s’est ensuite maintenu. Au Danemark, l’élément allemand représente à peu près le dixième de la population du Slesvig. On constate le même phénomène que de l’autre côté de la frontière : il y a eu une représentation éphémère des Allemands au Folketing (1953-1964), mais l’accord entre les deux populations est garanti par l’existence d’une « délégation de contact » créée par le gouvernement.

À la « question des duchés », casse-tête des diplomates au xixe s., semblent avoir succédé l’équilibre politique et l’harmonie sociale entre Allemands et Danois.

F. L’H.

➙ Allemagne / Bismarck / Danemark / Prusse.

 O. Brandt, Geschichte Schleswig-Holsteins. Ein Grundriss (Kiel, 1925 ; 6e éd., 1966). / L. D. Steefel, The Schleswig-Holstein Question (Cambridge, Mass., 1932). / Nord-Schleswig, Bild einer Grenzlandschaft, eine politische Monographie (Neumünster, 1963).

Schmitt (Florent)

Compositeur français (Blâmont 1870 - Neuilly-sur-Seine 1958).


Florent Schmitt passe ses premières années en Lorraine. Après avoir appris les rudiments de la musique dans sa famille, qui le met en contact avec les cantates de Bach, les sonates de Beethoven, les œuvres de Strauss, de Wagner, de Chabrier et des Russes, il part en 1887 pour Nancy, où il entre au conservatoire afin d’y apprendre le piano avec Henry Hess, et l’harmonie avec Gustave Sandre.

Le voici à Paris en 1889, et c’est auprès de T. Dubois, de A. Lavignac, de A. Gédalge, de J. Massenet, de G. Fauré qu’il parfait son éducation musicale. Il fait la connaissance de Debussy et se lie avec E. Satie. Dès 1896, il tente le concours de Rome ; mais il n’obtient le premier grand prix qu’en 1900 (cantate Sémiramis). Entre 1901 et 1904, il effectuera de nombreux voyages en Italie, en Autriche, en Allemagne, en Espagne, en Grèce, en Suède, en Turquie et en Pologne, ne faisant que de brèves apparitions à la villa Médicis.

Sa vie va s’écouler dès lors avec des alternances de voyages et de séjours laborieux. À cet homme curieux de tout, ces voyages à travers le monde, de la Russie à l’Amérique, permettront d’approcher toutes sortes de milieux, de connaître de multiples expériences musicales et humaines.

Dans ses premières œuvres, nombreuses sont les pièces pour le piano (Musiques foraines, Nuits romaines, Trois Valses nocturnes) où l’on sent l’influence de Schumann et de Chopin. En 1904, F. Schmitt compose deux œuvres symphoniques : Musique de plein air et le Palais hanté, sorte de préparation aux deux chefs-d’œuvre qui vont apparaître coup sur coup, le Psaume XLVII et la Tragédie de Salomé.

Le Psaume XLVII (première audition le 27 déc. 1906 sous la direction de Désiré Émile Inghelbrecht [1880-1965], avec Yvonne Gall) est un « envoi de Rome ». C’est l’œuvre d’un précurseur par l’originalité et la richesse de l’harmonie et par la complexité rythmique. « Une des sources d’Honegger, une des sources de Messiaen se trouve en cette musique qui mêle la sensualité au drame » (N. Dufourcq). Schmitt fait d’abord éclater son chœur et son orchestre dans une traduction grandiose, pleine de jubilation, que suit une fugue au rythme martelé. La seconde partie tranche par sa douceur, sa ligne mélodique plus souple énoncée par le violon solo, puis par le soprano. La troisième partie nous ramène à l’atmosphère exaltante du début dans un brillant ut majeur.