Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

scarlatine

Maladie contagieuse due à la diffusion de la toxine de certains Streptocoques.


Cette toxine est érythrogène (elle provoque une éruption rouge) et elle est antigénique (immunisante). Épidémique, la scarlatine est sporadique et propagée par des sujets atteints d’angine streptococcique.

Le début est brutal avec frissons, vomissements et ascension thermique à 40 °C, chez un malade porteur d’une angine rouge. L’éruption apparaît entre la 12e et la 24e heure. Elle commence à la racine des membres, à la base du cou, aux plis de flexion. Elle s’étend à tout le corps, prédominant au tronc, et respecte les paumes et les plantes. C’est une nappe érythémateuse (rouge) sans intervalle de peau saine. La peau est chaude, sèche, rugueuse. Fréquemment, l’éruption est plus discrète, limitée au tronc et aux plis, où elle est souvent accompagnée de pétéchies (points rouges dus à une hémorragie minime dans le derme). Cette éruption externe, ou exanthème, s’accompagne d’une éruption interne, l’énanthème : il existe une angine rouge diffuse, douloureuse. La langue, blanche au début, desquame de la pointe vers la base (langue framboise au 6e jour), puis elle se répare et retrouve progressivement son aspect normal. La fièvre est élevée durant la période éruptive. Le prélèvement de gorge met en évidence le Streptocoque bêta-hémolytique. La numération globulaire montre une augmentation du nombre des leucocytes. En 10 jours, l’éruption s’efface et la desquamation commence, fine au tronc et à la face, en doigts de gant, en larges lambeaux au niveau des mains et des pieds. La convalescence est brève. L’existence d’une protéinurie (albumine dans les urines) doit être systématiquement recherchée. Le traitement par la pénicilline raccourcit l’évolution ; surtout, il évite les complications.

Les complications précoces sont essentiellement les angines graves, ou durables, parfois ulcéro-nécrotiques, voire pseudo-membraneuses, les otites et mastoïdites, les adénites, les surinfections sinusiennes. Les complications infectieuses à distance, ou septicémiques, sont plus rares. Exceptionnellement s’observent des scarlatines graves avec choc lié à la toxine.

Les complications tardives, prévenues par la pénicillinothérapie, sont dominées par le risque de glomérulonéphrite aiguë (v. rein) et de rhumatisme* articulaire aigu.

Parmi les formes cliniques, à côté des formes frustes, qui font courir un risque maximal de complications (lié à leur méconnaissance), ou graves, parfois mortelles, on distingue des formes chirurgicales (scarlatine à la suite de brûlures) ou obstétricales (après accouchement) et des formes liées à d’autres germes que le Streptocoque (Staphylocoque).

Le diagnostic différentiel ne se pose guère avec la rougeole, la rubéole. La mononucléose infectieuse (angine avec augmentation du nombre des mononucléaires, v. leucocyte) peut dans certains cas poser des problèmes, de même les éruptions de début de varicelle ou de septicémie à Streptocoque. L’allergie à la pénicilline pose souvent un problème diagnostique très difficile, surtout lorsque cet antibiotique a été prescrit pour une angine précédant de quelques jours l’éruption.

Le traitement de la scarlatine, comme celui des affections à Streptocoques, repose sur la pénicillinothérapie : ici, un à deux millions d’unités par jour, par voie orale ou intramusculaire, durant 10 jours assurent la guérison. Le repos est nécessaire, ainsi que la surveillance du cœur et des urines durant un mois. L’éviction scolaire (40 jours classiquement) peut être interrompue après deux prélèvements de gorge négatifs à 10 jours d’intervalle. Cependant, la maladie reste à déclaration obligatoire.

Grâce à la pénicilline, la scarlatine est une maladie bénigne si elle est tôt et bien traitée.

P. V.

Scarlatti (Alessandro)

Compositeur italien (Palerme 1660 - Naples 1725).



La vie

On ignore tout de sa jeunesse. Il vient à Rome à l’âge de douze ans (1672) et y étudie la musique. Il aurait été l’élève de G. Carissimi* — fort peu de temps d’ailleurs, puisque le maître mourut en janvier 1674 — ou de Bernardo Pasquini (1637-1710), ce qui est plus plausible, mais aussi incertain. En 1678, il épouse Antonia Anzalone, qui lui donnera dix enfants, dont le célèbre claveciniste Domenico. Peu après, il fait représenter ses premiers opéras, Gli Equivoci nel semblante (1679) et L’Onestà negli amori (1680), dont le succès attire l’attention de l’ex-reine Christine de Suède. Installée à Rome après sa conversion au catholicisme, celle-ci, devenue l’ardente protectrice de l’opéra, contre lequel lutte le pape Innocent XI, nomme Alessandro maître de sa chapelle (1680). Entre-temps, le musicien est aussi devenu maître de chapelle de l’église San Gerolamo della Carita ; mais en 1683 il part pour Naples, où il dirige une compagnie théâtrale qui joue ses nouveaux opéras, Il Pompeo (1683) et La Psiche, ovvero Amore innamorato (1683). Il est nommé maître de la chapelle royale, poste qu’il occupera jusqu’en 1703. Durant cette période, il compose une quantité prodigieuse d’œuvres religieuses et profanes (messes, oratorios, sérénades, cantates) et environ trente-cinq opéras, comme La Statira (1690) et La Caduta dei decemviri (1697), qui marquent une évolution formelle et stylistique un peu hâtive. Il produit en effet pour Naples, Rome ou Venise, depuis 1694, trois ou quatre opéras par an, qui satisfont le goût à la mode, mais ne correspondent pas à son idéal artistique.

Vers 1700, la situation politique se détériore ; les remous de la guerre de la Succession d’Espagne rendent la situation de Scarlatti de plus en plus précaire. Après la représentation de Tiberio, imperatore d’Oriente, Scarlatti gagne Florence en compagnie de son fils Domenico, dans l’espoir de trouver un poste permanent à la cour de Ferdinand de Médicis, fils du grand-duc de Toscane, qui a fait construire dans sa villa Pratolino un petit théâtre pour y monter des opéras. Après un séjour de quatre mois au cours duquel il fait jouer plusieurs œuvres commandées par le souverain, il se décide, tandis que Domenico revient à Naples, à partir pour Rome, où il restera jusqu’en 1708. Il entre alors au service de son protecteur, le cardinal Ottoboni, et est nommé vice-maître de chapelle de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Il ne lui faut plus alors compter sur l’opéra pour vivre. Le pape Innocent XII a fait détruire en 1697 le théâtre Tor di Nona et interdit toute représentation. Scarlatti est contraint de composer surtout de la musique de chambre et d’église sans toutefois renoncer à alimenter la cour de Toscane en opéras, dont beaucoup ne sont pas parvenus jusqu’à nous. La vie musicale romaine reste cependant très animée et lui offre quelques compensations : il rencontre au cours des soirées chez le cardinal Ottoboni et des réunions de l’académie des Arcades, dont il devient membre en avril 1706, A. Corelli*, B. Pasquini et G. F. Händel*. En 1707, il va à Venise, où il assiste à l’exécution de ses deux nouvelles créations, Mitridate Eupatore et Il Trionfo della libertà, puis à Urbino, où son fils aîné Pietro Filippo est maître de chapelle de la cathédrale. De retour à Rome, où les conditions de vie lui sont maintenant intolérables, il songe à s’évader. Il écrit à Ferdinand, qui semble l’oublier, lorsqu’en 1708 il part pour Naples, dont les Autrichiens viennent de s’emparer. Il est alors réintégré dans son ancien poste de maître de la chapelle royale et fait venir sa famille auprès de lui, sauf Domenico, qui sert à Rome la reine de Pologne Marie-Casimire.