Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

scaphandre (suite)

Scaphandre autonome

(Le sigle anglo-saxon est SCUBA, Self-Contained Underwater Breathing Apparatus.) Le scaphandre lourd tend à être remplacé par des systèmes beaucoup plus légers et commodes, qui se sont développés depuis les travaux du commandant Yves Le Prieur (1885-1963), du commandant Jacques Yves Cousteau (né en 1910) et du Groupe d’études et de recherches sous-marines (G. E. R. S.) de la Marine nationale en ce qui concerne la France et de beaucoup de chercheurs et industriels sous l’impulsion des différentes amirautés dans de nombreux pays.

L’appareil respiratoire autonome à l’air comprend essentiellement le bloc-bouteille et son sanglage, le détendeur, les tuyaux respiratoires et l’embout buccal.

Dans la Marine nationale, les appareils réglementaires sont :
— l’appareil autonome « Cousteau-Gagnan » bibouteille type « Marine » en alliage léger AG 5 ;
— le monobouteille Spirotechnique en acier (ou le bibouteille) ;
— l’appareil respiratoire autonome de sauvetage (sigle ARAS), qui ne diffère du premier que par la taille des bouteilles (1,5 litre au lieu de 6,8).

Le plongeur porte un vêtement de plongée, étanche ou non, qui comprend en général pantalon, veste, cagoule (toujours obligatoire) et souvent des sous-vêtements chauds avec parfois une combinaison chauffante ; il a aussi une ceinture de lest largable, une paire de palmes, un masque de vision, un poignard, un bathymètre ainsi qu’une montre, une brassière de sauvetage, une lampe torche, un compas et divers autres accessoires suivant les missions à accomplir.


Appareil « Narguilé »

C’est une variante de l’appareil respiratoire Cousteau-Gagnan dans laquelle la source d’air reste en surface ; elle peut être soit une batterie de bouteilles d’air à haute pression, soit un compresseur à haute ou moyenne pression. L’appareil respiratoire, réduit à un détendeur alimenté par un tuyau souple, est sanglé sur le dos du plongeur et relié à un embout buccal par des tuyaux en caoutchouc annelés. Le reste de l’équipement (combinaison, masque, etc.) est le même. Le « Narguilé » est utilisé avantageusement pour des travaux de longue durée ne comportant que de faibles déplacements du plongeur.


Accidents mécaniques

Ils sont faciles à éviter par une conduite prudente de la plongée et l’observation stricte des règles ou règlements.

Le coup de ventouse, accident typique du scaphandrier à casque, est provoqué par la mise en dépression accidentelle de l’air contenu dans le scaphandre : l’habit plaque et le corps est aspiré dans le casque, d’où choc et traumatismes. La remontée en ballon, qui serait plutôt en soi un simple incident, peut être cause d’accidents liés à une remontée non contrôlée : heurts avec le ponton qui peuvent occasionner des blessures, des déchirures d’habit (d’où fuite d’air, chute et coup de ventouse), voire des accidents de décompression. Il faut également citer les barotraumatismes de l’oreille et des sinus ainsi que la surpression pulmonaire.


Physiopathologie de la plongée

Si les effets de la pression sur les scaphandriers étudiés par le physiologiste français Paul Bert (1833-1886) en 1877 et par l’Anglais John Scott Haldane (1860-1936) en 1907 sont bien connus, les causes n’en sont pas encore toutes expliquées. L’action physiologique d’un mélange respiratoire dépend à la fois de sa composition, de la concentration de ses constituants et de la pression. Ces deux derniers facteurs déterminent la pression partielle d’un gaz dans un mélange dont la valeur est, par définition, égale au produit de sa concentration par la pression absolue totale.

• L’oxygène a une pression partielle dans l’air au niveau de la mer d’environ 0,21 bar (21 p. 100 en volume), et la diminution de cette pression au-dessous de 0,17 ou 0,15 bar peut entraîner des troubles hypoxiques allant jusqu’à la perte de connaissance, tandis que l’élévation de la pression partielle d’oxygène inspiré conduit à d’autres troubles, qualifiés d’hyperoxiques. On peut donc définir une zone de normoxie comprise entre 0,21 et 0,42 bar. Il existe deux types d’hyperoxie. Le premier type, hyperoxie aiguë ou effet Paul Bert, se manifeste lors de la respiration d’oxygène pur à une pression supérieure ou égale à 1,7 bar sous forme de crise convulsive épileptique, ce qui limite la plongée à l’oxygène entre 7 et 10 m de profondeur ; lorsque l’oxygène est dilué (air comprimé), le temps de latence de survenue de la crise est assez long, mais la plongée à l’air est limitée aux environs de 100 m. Le second type, hyperoxie chronique ou effet Lorrain Smith, se manifeste pour un séjour prolongé sous des pressions partielles d’oxygène supérieures à 0,40 bar par des lésions pulmonaires de genre inflammatoire (pneumonie à l’oxygène) pouvant entraîner la mort, mais disparaissant si l’on retourne à temps à des conditions normoxiques. On est donc conduit à fixer les limites admissibles de pression partielle d’oxygène entre 0,21 et 0,42 bar, c’est-à-dire à diminuer le taux d’oxygène en fonction de la profondeur de séjour (de 2 à 4 p. 100 pour 90 m, de 0,5 à 1 p. 100 pour 390 m).

• L’azote entraîne une narcose caractérisée par des perturbations du comportement, du jugement et de la coordination neuromusculaire popularisées sous l’appellation d’« ivresse des profondeurs ». Avec l’air comprimé, ces manifestations commencent vers 40 m de profondeur et deviennent importantes pour la plupart des plongeurs vers 60 m. La narcose limite la plongée à l’air aux environs de 100 m comme l’hyperoxie aiguë. Si l’on remplace l’azote par des gaz inertes plus légers, tels que l’hélium, cette limite de profondeur est augmentée ; à vrai dire, elle n’a pu être mise en évidence aux profondeurs atteintes par l’homme (plus de 600 m en laboratoire) ; en revanche, à ces profondeurs, se révèle un syndrome neurologique particulier, le syndrome nerveux des hautes pressions, ou S. N. H. P., dont les causes multiples sont encore mal précisées ; mis en évidence par Naquet, Fructus et Brauer, ce syndrome comporte un ensemble de symptômes cliniques et électro-encéphalographiques du type excitatif, pouvant conduire à l’extrême à des convulsions.