Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Savoie (suite)

 J.-P. Laurent, Sculptures religieuses en Savoie (Gardet, Annecy, 1954). / R. Oursel, l’Art populaire baroque en Savoie (Gardet, Annecy, 1956) ; l’Art religieux du Moyen Âge en Savoie (Gardet, Annecy, 1956) ; Art en Savoie (Arthaud, 1975). / C. Gardet, De la peinture du Moyen Âge en Savoie (Gardet, Annecy, 1965-66 ; 2 vol.). / Merveilles des châteaux de Savoie et du Dauphiné (Hachette, 1972). / J. Lovie, Savoie (Arthaud, 1973).

Savoie. 73

Départ. de la Région Rhône-Alpes* ; 6 036 km2 ; 305 118 hab. Ch.-l. Chambéry*. S.-pr. Albertville et Saint-Jean-de-Maurienne.


Le département recoupe tous les grands ensembles physiques du domaine alpin français : les Préalpes, le Sillon alpin, les massifs centraux et la zone interne. La partie préalpine se compose, au nord, du massif des Bauges, constitué lui-même de deux sous-ensembles (à l’ouest, des anticlinaux surtout calcaires [les crêtes du Revard, dominant le lac du Bourget et Aix-les-Bains] ; à l’est, toujours des calcaires, mais avec des inversions de relief [la dent d’Arclusaz, au-dessus de Saint-Pierre-d’Albigny ; la région du Châtelard]), et, au sud, du massif de la Chartreuse, où une active érosion des séries marneuses a défoncé les anticlinaux calcaires, provoquant des inversions et, par suite, une prolifération de synclinaux calcaires perchés. Le massif du Beaufortin, cristallin, couvre les massifs centraux. La zone intra-alpine est constituée par le massif de la Vanoise, dans lequel une forte tectonique tangentielle des terrains sédimentaires et métamorphiques a engendré un relief assez confus. Enfin, au contact des massifs centraux et des zones préalpines sédimentaires, on trouve la déchirure du Sillon alpin, représentée en Savoie par la vallée inférieure de l’Arly et surtout par la vallée de l’Isère (Combe de Savoie). Le Sillon atteint une ampleur considérable, encore renforcée par la cluse de Chambéry et par la profonde pénétration dans le domaine alpin de l’Arc (Maurienne) et de l’Isère (Tarentaise).

Historiquement, la région savoyarde a été active très tôt par toutes ses voies de passage vers l’Italie du Nord, liant les deux parties du royaume de Savoie, cette activité étant encore renforcée lors du rattachement de la Savoie à la France et de la révolution des transports.

L’agriculture a vécu longtemps en autarcie, en exploitant au mieux un milieu naturel de montagne boisée et humide. L’exploitation sylvo-pastorale la plus parfaite, et qui demeure la plus tenace, se trouve dans les Bauges et le nord de la Grande-Chartreuse : l’élevage laitier et d’embouche associant les prairies basses et les alpages s’ajoute à une exploitation de la forêt, qui est en expansion grâce à l’abandon des alpages et au reboisement. Un système analogue est en place dans le Beaufortin et la Vanoise. Malgré le repli actuel de l’agriculture dans les vallées, celles-ci voient remonter haut sur leurs pentes le maïs et les vergers de pommiers. On dénombre au total 92 000 ha d’herbages, 15 000 ha de terres labourables — dont 6 000 en céréales —, 17 000 ha de forêts ainsi qu’un troupeau de 90 000 bovins (race tarine), de 28 000 ovins et de 35 000 porcins. Un morcellement extrême des exploitations (60 p. 100 ont moins de 10 ha) et une généralisation du statut d’ouvrier-paysan conduisent à un exode rural massif, qui permet en contrepartie une intensification de l’élevage dans les vallées, plus avancée en Tarentaise qu’en Maurienne.

Ces deux axes sont des « rues d’usines ». La Tarentaise a l’équipement le plus ancien (barrage de Tignes, alimentant les centrales des Brévières, de Malgovert et de Randens), renforcé par le rassemblement des eaux du Beaufortin dans le barrage de Roselend (centrale de La Bâthie). L’Arc alimente, à partir des retenues de Bissorte et du Mont-Cenis, un escalier de centrales. L’électrochimie en Tarentaise, le groupe P. U. K. (Pechiney-Ugine-Kuhlmann) avec électrochimie, électrométallurgie et ferro-alliages en Maurienne (de Saint-Jean-de-Maurienne à La Chambre), les aciers spéciaux et inoxydables d’Ugine, la soufflerie de Modane créent une intense activité industrielle. Cependant, le prix du transport des matières premières devenant prohibitif, on assiste à un glissement des industries vers les cluses alpines. Cela permet à Chambéry d’ajouter à sa fonction de centre ferroviaire, routier et commercial ainsi qu’à son industrie alimentaire (L’Allobroge) le travail de l’aluminium, les constructions électriques (que l’on trouve aussi à Aix-les-Bains avec la Compagnie générale d’électricité [C. G. E.]), la confection, le travail du cuir (Bally), le verre textile, l’industrie mécanique.

Au thermalisme surtout estival d’Aix-les-Bains, s’ajoutent aujourd’hui les séjours dans le parc national de la Vanoise, dans les stations hivernales de Méribel-les-Allues, de Saint-Martin-de-Belleville, de Courchevel, de Val-d’Isère, de Tignes, de La Plagne. L’équipement touristique est plus lent. Mais l’aspect international de la région demeure grâce aux axes transalpins.

R. D.-C.

➙ Alpes françaises / Chambéry / Rhône-Alpes.

Savoie (Haute-). 74

Départ. de la Région Rhône-Alpes* ; 4 391 km2 ; 447 795 hab. Ch.-l. Annecy*. S.-pr. Bonneville, Saint-Julien-en-Genevois et Thonon-les-Bains.


Le département s’étend sur une région presque exclusivement montagneuse, faite d’éléments préalpins et de massifs centraux élevés.

Les éléments préalpins comptent, entre le lac Léman et la cluse de l’Arve, le massif du Chablais (culminant vers 3 000 m et constitué de calcaire jurassique mis en place par des empilements de charriage de style helvétique) et, entre la cluse de l’Arve et celle du Fier, le massif du Genevois ou des Bornes (ensemble de dalles calcaires de l’Urgonien et de séries marneuses, enseveli sous des calcaires et des schistes plus anciens, culminant aux Aravis).