Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sapeurs-pompiers (corps des) (suite)

Par décret du 18 septembre 1811, Napoléon Ier lui substitue un bataillon de sapeurs-pompiers militaires. En 1831, les villes sont autorisées à transformer en corps de pompiers une fraction de la garde nationale, et, en 1867, le bataillon de pompiers de Paris est transformé en régiment. Pendant la Commune de 1871, les pompiers de province sont appelés en renfort à Paris, où 220 palais et bâtiments sont brûlés. Les structures du corps des sapeurs-pompiers sont définies en 1875 sous l’autorité du ministre de l’Intérieur. La loi du 5 avril 1884 confie aux maires « le soin de prévenir [...] et de faire cesser par la distribution de secours [...] les accidents et les fléaux calamiteux tels que les incendies ». Vers 1870 étaient apparues les premières pompes à vapeur et en 1883 les grandes échelles, mais le premier fourgon-pompe automobile n’est mis en service qu’en 1907. La carence des pompiers locaux lors de l’incendie des Nouvelles Galeries de Marseille en 1938 est à l’origine de la création du bataillon de marins-pompiers militaires, qui, depuis 1939, veille sur la grande cité phocéenne. Rattaché en 1965 à l’arme du génie, le régiment de Paris est transformé en 1967 en brigade et prend en charge dès 1968 les nouveaux départements de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne et des Hauts-de-Seine.


Les formations françaises des sapeurs-pompiers

• La brigade des sapeurs-pompiers de Paris, composée de militaires de l’armée de terre, est une grande unité du génie placée pour emploi aux ordres du préfet de police. Commandée par un général qui dispose d’un état-major classique à quatre bureaux, plus un cinquième bureau de prévention et un bureau d’études générales, elle comprend :
— un groupement des services qui assure son support administratif, logistique et technique ;
— un groupement d’instruction chargé de la formation des recrues et des cadres ;
— trois groupements d’incendie rassemblant 23 compagnies articulées en 77 centres de secours terrestres, 2 centres de secours portuaires et un commando héliporté ;
— des détachements extérieurs à Lacq-Artix (Pyrénées-Atlantiques), Biscarrosse (Landes), Brignoles (Var) et Kourou (Guyane).

La zone de responsabilité de la brigade est divisée en 77 secteurs défendus chacun par un centre de secours dont la dotation en personnel et matériel est fonction de la nature et de l’importance des risques. L’activité opérationnelle s’accroît de 12 p. 100 en moyenne par an ; elle est passée de 49 000 interventions (dont 9 000 incendies) en 1968 à plus de 95 000 (dont environ 13 000 incendies) en 1975 (soit 260 interventions par jour).

En 1974, l’effectif de la brigade était de 6 329 hommes dont 213 officiers, 31 médecins, 978 sous-officiers et 5 107 hommes du rang. Les officiers proviennent pour 75 p. 100 du génie, pour 25 p. 100 des autres armes, mais les sous-officiers sont formés exclusivement parmi les sapeurs de la brigade. Ceux-ci sont, en grande majorité, des engagés volontaires pour cinq ans, mais des appelés du service national complètent les effectifs. La brigade met en œuvre près de 750 véhicules comprenant notamment 77 voitures à feux de cheminée, 243 engins-pompes, 71 grandes échelles, 3 bras élévateurs articulés, 6 fourgons de protection, 10 fourgons électroventilateurs, 1 fourgon producteur de mousse, 4 camions-grues, 23 ambulances de transport ou de réanimation, 28 canots de sauvetage, 3 bateaux-pompes, 1 barge antipollution et 1 hélicoptère.

La brigade de Paris est la plus importante école française du feu : ses anciens sapeurs constituent une partie importante des corps de sapeurs-pompiers professionnels des grandes villes françaises et des services de sécurité privés (usines, entrepôts, grands magasins, etc.).

• Le bataillon de marins-pompiers de Marseille, composé de personnel de la marine nationale, est mis à la disposition du maire de cette ville. Il est commandé par un capitaine de vaisseau qui est en même temps inspecteur départemental des services d’incendie et de secours et à ce titre relève du préfet. Sa responsabilité s’étend sur 23 000 ha et comporte 26 km de quais portuaires ainsi que l’aéroport de Marignane et la zone industrielle de Fos-sur-Mer. Le bataillon comprend un état-major, des services (prévention, instruction, etc.) et des unités d’incendie réparties en huit centres de secours terrestre et un centre de secours portuaire. Comme à Paris, son activité s’accroît rapidement : moins de 8 000 interventions (dont 1 900 feux) en 1968, près de 40 000 (dont 3 400 feux et 24 800 transports sanitaires) en 1974.

L’effectif du bataillon atteint un chiffre de 969 hommes dont 23 officiers, 7 médecins, 213 officiers-mariniers et 726 quartiers-maîtres et marins qui se recrutent par voie d’engagement de trois ans. Ils mettent en œuvre plus de 200 véhicules et engins comprenant notamment 45 engins-pompes (dont 20 camions-citernes pour feux de forêts), 2 embarcations de sauvetage et 3 bateaux-pompes très puissants. Les marins-pompiers de Marseille sont entraînés à la lutte contre les feux de bateaux (19 en 1974).

• Les corps de sapeurs-pompiers communaux ont été organisés par les décrets du 7 mars 1953 et du 12 juillet 1973. Près de 7 500 sapeurs-pompiers professionnels et plus de 200 000 volontaires veulent sur le patrimoine national en dehors des secteurs confiés aux militaires à Paris et à Marseille. L’organisation du service d’incendie et de secours (décret du 20 mai 1955) de type départemental est confiée à un officier supérieur de sapeurs-pompiers inspecteur départemental des services d’incendie et de secours. Les communes sont libres d’entretenir ou non un corps de sapeurs-pompiers, mais elles s’intègrent obligatoirement dans l’organisation départementale et participent à ses dépenses (décret-loi du 12 nov. 1938).

Le territoire du département est divisé en secteurs d’intervention s’étendant sur plusieurs communes. Chaque secteur est attribué à un centre de secours qui comprend :
— un corps de sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires ;
— du matériel d’intervention ;
— des installations immobilières pour abriter le matériel et loger éventuellement le personnel.

L’implantation des centres de secours est déterminée par le délai d’intervention, qui ne doit pas dépasser 15 à 20 minutes, ce qui correspond à un rayon d’action maximal d’environ 12 km. Chaque centre de secours dépend d’un centre de secours principal doté de moyens plus puissants et capable d’intervenir en renfort le cas échéant.