Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

São Paulo (suite)

Cependant, la progression de la culture du café ne saurait entièrement expliquer l’essor de la population de l’État ; le grand mouvement d’industrialisation, parti de la ville de São Paulo au début du xxe s., a fait de cette zone le cœur industriel du Brésil et a contribué au peuplement. L’industrie s’est fixée essentiellement dans la capitale et ses alentours immédiats, bien que certaines villes de l’intérieur aient également bénéficié du développement de cette nouvelle fonction.

Actuellement, l’État est caractérisé par une très grande disparité entre la région urbaine de São Paulo, qui comprend 45 p. 100 de la population totale de l’État et assure 66 p. 100 de la valeur industrielle, et les zones de l’intérieur et du littoral, beaucoup moins développées. En bordure de l’Atlantique, en effet, s’opposent brutalement les parties nord et sud, très peu mises en valeur, et la zone en contact direct avec la capitale, autour du port de Santos, premier port du Brésil et grand centre industriel par ses communes voisines, notamment celle de Cubatão.

D’une façon générale cependant, l’État, grâce à l’essor de la culture du café et à la richesse consécutive aux activités économiques et commerciales, bénéficie d’une infrastructure de transports importante. Un véritable réseau ferré ainsi qu’un réseau routier, constitué de très bonnes routes et d’autoroutes (comme celle qui relie la capitale à son port de Santos), relient l’ensemble de la région à la ville de São Paulo. L’État s’organise autour de plusieurs grandes villes et d’un assez grand nombre de villes moyennes disposées au long des axes de communication. Campinas, Ribeirão Prêto, Bauru et Sorocaba sont de véritables métropoles régionales qui comptent actuellement entre 100 000 et 350 000 habitants et sont non seulement des centres commerciaux pour leur région, mais aussi des centres industriels non négligeables et des foyers de vie intellectuelle pourvus d’universités autonomes.

M. R.

 P. Monbeig, Pionniers et planteurs de São Paulo (A. Colin, 1952).

São Paulo

V. du Brésil, capit. de l’État de São Paulo.


En 1872, São Paulo n’était qu’un modeste centre administratif d’un espace lui-même assez peu peuplé. Les grands foyers économiques et culturels du Brésil étaient encore situés dans les villes issues de l’ère coloniale, Rio* de Janeiro, capitale depuis le xviiie s., Salvador* et Recife*. Aujourd’hui, São Paulo est la première ville brésilienne, avec plus de 6 millions d’habitants. Premier foyer industriel du pays, celle-ci groupe plus de 40 p. 100 de la valeur de la production nationale. Par la puissance de son économie, elle est la véritable métropole économique de l’espace brésilien ; elle est également une métropole régionale pour la partie la plus moderne du Sud-Est brésilien ; elle est enfin une gigantesque agglomération urbaine qui pose de très sérieux problèmes à ceux qui ont la charge de trouver des remèdes aux difficultés actuelles de la vie dans son aire métropolitaine.


La croissance urbaine

Un historien a pu écrire que São Paulo a été fondé deux fois : la création au xvie s. a donné le jour à une petite ville qui a grandi lentement jusqu’au dernier quart du xixe s. À partir de ce moment, les progrès économiques liés d’abord à la culture du café, puis à l’industrialisation ont fondé le nouveau São Paulo, doté de forces qui ont provoqué l’essor extrêmement rapide de la cité et sa transformation en une grande métropole.

À l’origine, la ville exerçait une fonction religieuse et scolaire et non, comme les autres villes brésiliennes de l’époque coloniale, une fonction d’entrepôt, de commerce et de résidence des propriétaires fonciers. Elle fut, en effet, l’œuvre des Jésuites, chargés de l’éducation des enfants. Ils avaient fondé un collège dans la région, près du port de São Vicente, mais, considérant la proximité des colons portugais comme néfaste à leur mission éducative, ils s’installèrent sur le plateau qui bordait la plaine littorale, à une cinquantaine de kilomètres de la mer ; cette fondation fut à l’origine de São Paulo. La construction du collège fut entreprise en 1554, ce qui incita le gouvernement portugais à installer aux alentours un certain nombre de maisons et de services administratifs qui, dès 1573, donnèrent à ce lieu un caractère urbain, avec environ 120 foyers habités par des Blancs, à proximité d’un village d’Indiens et de métis. Au xviie s., un certain nombre d’activités agricoles se développèrent aux environs de la cité, dans des fermes installées par des Portugais et entretenues par des esclaves indiens ; cependant, la région ne pouvait abriter des cultures aussi rentables que celles des parties vraiment tropicales du Brésil ; la mise en valeur resta essentiellement consacrée au ravitaillement des gens de la ville, sans être la base d’un mouvement commercial d’exportation de grande envergure.

Au xviie et surtout au xviiie s., São Paulo bénéficie de l’importance de sa position géographique, qui en fait le point de départ des expéditions vers l’intérieur du pays, qu’effectuent des aventuriers appelés bandeirantes, en quête d’Indiens à réduire en esclavage ou de richesses minières. En effet, la vallée du fleuve dont la source se trouve à peu près à la hauteur de São Paulo mais qui, au lieu de couler vers l’Atlantique, se dirige vers l’intérieur, ouvre une voie de pénétration très facile dans ce monde inconnu, artificiellement partagé, en 1494, entre Espagnols et Portugais par le traité de Tordesillas. Tout au long de l’époque coloniale partent ainsi de São Paulo des groupes de conquérants qui, d’une part, assurent l’extension de la possession portugaise au-delà de la ligne théorique de frontière et, d’autre part, donnent à la ville de départ, devenue capitale de ces bandeirantes, un double bénéfice : le négoce à grande distance qui suit les expéditions des conquérants et qui entretient une grande activité commerciale dans la ville de São Paulo ; la constitution, à São Paulo, d’un esprit de communauté autonome par rapport à la puissance portugaise et d’un sentiment d’unité morale.