Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Saône-et-Loire. 71 (suite)

L’agriculture a été favorisée par la diversité des aptitudes, l’urbanisation précoce et l’activité des voies de communication. La viticulture a fait de bonne heure la fortune de la côte chalonnaise et du Mâconnais. Au xixe s., c’est toute la partie centrale et occidentale qui a bénéficié de l’ouverture : elle s’est orientée vers l’élevage du bétail charolais, spéculation à la fois moderne et extensive, impliquant un exode rural rapide, qui a contribué à la baisse précoce de population. Seule la Bresse a échappé, grâce à la polyculture et à sa situation en marge des grands courants d’échange, à cette évolution. Elle est restée un pays de petites exploitations et de forte densité. En dehors des zones où les cultures maraîchères sont importantes, le long de la Seille, en aval de Louhans, la mutation contemporaine de l’agriculture est particulièrement brutale dans ce secteur : la population active agricole diminue de 3 p. 100 par an en Bresse, et c’est de là que partent une bonne partie des jeunes qui vont tenter fortune à Lyon, à Dijon, à Sochaux ou à Paris.

La Saône-et-Loire est un département en voie de transformation profonde : il connaît à la fois une reconversion industrielle difficile et une modernisation agricole brutale dans la zone qui avait échappé aux grandes crises de réadaptation du siècle dernier. Mais ces ombres ne doivent pas masquer les preuves d’un dynamisme retrouvé grâce aux progrès des communications (autoroute et chemin de fer) ni le fait que la beauté des paysages, la richesse du patrimoine artistique et urbain ainsi que l’absence de pollution placent le département dans un très bon rang parmi ceux du Centre-Est qui essaient d’attirer de nouvelles activités. Un axe urbain se dessine le long de la Saône, sur lequel se greffe, comme un appendice occidental, l’ancien bassin minier. Là, la croissance est rapide, et les perspectives d’avenir, excellentes.

P. C.

➙ Autun / Chalon-sur-Saône.

São Paulo

État du Brésil.


Situé dans le Sud-Est, la région la plus dynamique du Brésil, l’État s’étend sur une superficie presque égale à la moitié de celle de la France. Au cours du xxe s., il a connu un essor économique spectaculaire, en partie à cause de la mise en valeur agricole de son espace, mais aussi grâce à la croissance extraordinaire de la ville de São Paulo*, qui en est la capitale. Sur une superficie d’à peine 3 p. 100 du territoire national, l’État de São Paulo groupe près du cinquième de la population totale du Brésil, plus du quart de sa population urbaine et de la moitié, en valeur, de sa production industrielle. Mais au sein même de cet État, près de la moitié de la population et plus des deux tiers de la production industrielle se trouvent localisés dans la région urbaine de la capitale, ce qui provoque un déséquilibre économique et démographique au sein même de cet espace.


Le milieu

L’État fait partie des hautes terres atlantiques et comprend différentes régions naturelles depuis la côte atlantique jusqu’au fleuve Paraná, qui en constitue la limite occidentale. Une plaine littorale, souvent malsaine, tantôt étroite, tantôt plus large au niveau de Santos, en est un premier élément ; elle se situe au pied du très vaste escarpement de la serra do Mar (bordure orientale du socle brésilien) ; celle-ci, qui culmine vers 1 500 m, est très disséquée par l’érosion ; sa position d’écran par rapport aux vents venus de l’Atlantique lui vaut d’exceptionnelles quantités de pluies et une végétation de forêt dense dont elle est encore partiellement couverte. À l’ouest de cette ligne de crêtes s’étendent les hauts plateaux disséqués de la région de la ville de São Paulo. Les rivières qui coulent vers l’ouest ont sculpté cette zone de hautes terres cristallines en chaînons montagneux, séparés par d’assez larges vallées. Ces hautes terres sont bordées à l’ouest par une dépression périphérique en croissant qui s’étend sur plus de 400 km, avec une topographie de collines et de buttes façonnées dans les roches plus tendres de la fin de l’ère primaire. Cette zone plus basse est elle-même limitée à l’ouest par un relief de côtes dû à l’alternance des grès du Trias et des basaltes consécutifs à un immense épanchement volcanique de la fin de l’ère primaire qui a recouvert une grande partie de l’intérieur du Brésil méridional. L’escarpement, souvent précédé de buttes témoins, est disséqué par de très larges percées conséquentes dues aux rivières qui continuent à rouler vers l’ouest, affluents du grand fleuve Paraná. L’ensemble de l’intérieur de l’État de São Paulo, au-delà de ce relief de côtes, est constitué par un plateau incliné vers l’ouest jusqu’au bord de la vallée du Paraná, chacun des affluents de celui-ci divisant cette zone en lanières de plateaux dues aux interfluves et en plaines alluviales de part et d’autre des rivières. Aux zones de basaltes correspondent des sols particulièrement riches, qui ont été l’une des bases de l’essor agricole de la région.

Le climat, très humide dans la partie orientale de l’État, surtout sur les hautes terres, devient de plus en plus sec vers l’intérieur. La végétation naturelle, actuellement presque disparue en raison de l’intensité des défrichements, reflétait ces contrastes climatiques : la forêt tropicale de l’est laissait progressivement place à une végétation de savane arborée, puis de brousse et de petits arbres dans la zone proche du Paraná.


Peuplement et économie

Au cours de l’époque coloniale, les terres de l’actuel État ne présentent qu’un intérêt médiocre pour l’économie de l’époque, qui cherche avant tout des zones tropicales humides pour la production de la canne à sucre, ou des zones riches en métaux rares et précieux. Aussi la région ne renferme-t-elle encore que 837 000 habitants en 1872 (3 hab. au km2). Les activités économiques se limitent alors à des cultures vivrières, à quelques plantations de canne à sucre, à un commerce dû à l’activité de la ville de São Paulo. La culture de la canne à sucre sera le premier facteur de développement économique. Mais c’est la culture du café qui, à partir de 1860-1870, constitue la richesse principale de l’État ; partie de la région de Rio de Janeiro, cette culture trouve des conditions naturelles très favorables dans la zone de São Paulo et connaît, dans la dernière partie du xixe s. et la première partie du xxe s., un essor spectaculaire qui aboutit au peuplement de l’État par un afflux d’étrangers et d’immigrants venus des autres régions du Brésil. Petit à petit, les planteurs enrichis prennent l’habitude de résider dans la ville de São Paulo. Le café gagne d’abord les bons sols de la dépression, puis ceux de la côte, et enfin de son revers, particulièrement là où le basalte donne des sols riches. Une marche pionnière vers l’ouest conquiert progressivement ces terres, antérieurement inutilisées, jusqu’à atteindre les rives du Paraná et à déborder ensuite au sud, vers l’État de Paraná. Mais la culture du café épuise les sols, et, au fur et à mesure que progresse la mise en valeur de l’ouest, les terres de la partie orientale sont abandonnées. Il faut attendre le très grand essor de la ville de São Paulo, après la Seconde Guerre mondiale, pour que ces terres plus proches de l’Atlantique soient réoccupées par une agriculture moderne plus diversifiée fondée sur la production de denrées destinées au ravitaillement de la ville de São Paulo ou sur la grande culture de la canne à sucre ou du coton ; ces terres sont aussi parfois reprises par la culture du café, mais selon des méthodes modernes fondées sur l’irrigation et l’utilisation d’engrais.

Dans la partie nord-ouest, plus sèche et moins propice à ces cultures, l’élevage reste dominant, ce qui explique que le cheptel bovin de l’État soit aujourd’hui très important, avec plus de 11 millions de têtes.