Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Saône (Haute-). 70 (suite)

L’économie a traversé de nouveau une phase de mutation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’industrie cotonnière a beaucoup souffert de la perte de ses marchés traditionnels comme de la modernisation des techniques. Elle s’est maintenue en certains points, mais au prix d’une compression des effectifs qui aurait ruiné complètement le nord-est du département si l’essor des industries de la porte de Bourgogne (Alsthom et Bull à Belfort, mais surtout Peugeot à Sochaux) n’avait permis à la main-d’œuvre de se reconvertir au prix de longues migrations quotidiennes.

L’élevage laitier est plus affecté par la crise fromagère que celui des autres régions comtoises, dans la mesure où il fournit des produits de moindre qualité. Il demeure l’activité essentielle, mais la céréaliculture regagne du terrain, cependant que l’élevage pour la viande connaît un succès croissant.

Les petites villes somnolentes d’hier s’animent grâce à l’implantation d’entreprises industrielles qui gravitent autour de Dijon, de Besançon et surtout de Montbéliard. Gray a réussi à développer ses constructions mécaniques. À Vesoul, où les usines traditionnelles ont mal résisté à l’évolution, l’essor s’est manifesté en partie grâce à l’implantation d’une importante succursale du groupe Peugeot, le service des pièces détachées. Ainsi, le département, sans réussir à se structurer autour d’un seul centre, connaît-il enfin une certaine unité : il est un pays de petites villes ouvrières, perdues dans des campagnes trop vides bien souvent pour justifier les équipements collectifs qui permettent le maintien de la population. La Haute-Saône connaît une prospérité indéniable, mais continue à appartenir à la grande zone démographiquement déprimée qui s’étend des rives de l’Ognon aux pays de la Meuse et de la Marne.

P. C.

➙ Franche-Comté.

Saône-et-Loire. 71

Départ. de la Région Bourgogne* ; 8 565 km2 ; 569 810 hab. Ch.-l. Mâcon. S.-préf. Autun*, Chalon-sur-Saône*, Charolles, Louhans.


La densité d’occupation est assez basse (67 hab. au km2). Dans un ensemble généralement bien doué par ses sols et par son climat, et où la vie urbaine est ancienne, cette faiblesse étonne. Elle s’explique d’autant plus difficilement que l’industrie a connu ici un développement précoce ; les gisements de houille, les mines de fer et les facilités de communication ont fixé là dès la fin du xviiie s. quelques-unes des industries lourdes qui sont généralement à la base de tous les essors manufacturiers. Au xixe s., d’ailleurs, la croissance se poursuivit régulièrement jusqu’en 1886, et la population était alors de 625 000 personnes. Le déclin qui commence alors est celui qui frappe la presque totalité de la France rurale. La croissance a repris après la Seconde Guerre mondiale, mais elle s’effectue lentement. La population est relativement âgée par suite de l’exode passé, ce qui réduit l’accroissement naturel. Le solde migratoire est défavorable, les départs excèdent les arrivées de 1 500 à 2 000 personnes par an.

L’importance de la Saône-et-Loire dans l’espace français tient à la diversité de ses ressources, mais plus encore à sa position : le département a été taillé dans la Bourgogne et est bâti sur une des deux séries de seuils qui donnaient à la province son rôle, ceux qui séparent les plaines de la Saône et les bassins de la Loire et, au-delà, vers le nord-ouest, dans la région autunoise, mènent à l’Yonne et au centre du Bassin parisien. Il est peu d’ensembles territoriaux aussi variés, même dans un pays divers comme la France, et l’unité résulte des faisceaux de relations qui traversent la région.

Entre le Morvan et le haut Beaujolais, les hauteurs qui séparent la Loire et la Saône s’abaissent, et la circulation est favorisée par des bassins et des vallées : celui de la Grosne, parallèle à la vallée de la Saône et ouvrant une voie entre les monts du Mâconnais et ceux du Charolais ; celui que suivent les vallées de la Dheune et de la Bourbince, alignées du nord-est au sud-ouest selon l’axe hercynien, qui explique la présence des gisements houillers de Blanzy, Montceau-les-Mines, Le Creusot ; celui d’Autun, installé dans un matériel du même âge, comme en témoigne le petit gisement d’Épinac.

Dans le sens nord-sud, la Loire et la Saône relayaient les routes qui franchissaient les seuils. À partir de Chalon, les voies s’épanouissaient en direction du nord-est, par la vallée du Doubs, ou du nord, en suivant le cours de la Saône elle-même, ou un peu plus à l’ouest, le long du talus bien égoutté de la Côte. Il n’y a guère que la Bresse, au-delà de la Saône, trop humide, trop basse, qui soit restée en dehors de la vie de relation.

La malchance a voulu que les faisceaux de routes ne se nouent pas toujours aux mêmes points, ce qui a multiplié les villes, mais a nui à l’épanouissement de centres puissants, à la mesure de l’économie moderne : c’est là la grande faiblesse de la région. Les centres se sont installés à la fois le long de la Saône, de Mâcon à Chalon en passant par Tournus, et dans les collines et les bassins de l’ouest. La Loire n’a pas eu le même rôle fixateur que la Saône, Marcigny et Digoin demeurent bien modestes. Autun et Cluny ont eu un temps un rayonnement bien supérieur, cependant que l’industrie permettait, au siècle dernier, l’essor de l’agglomération de Montceau-les-Mines et du Creusot.

Au moment de la formation du département, le choix de Mâcon comme chef-lieu a sans doute accru la difficulté d’organiser ce vaste espace. Mâcon est très excentrique, et Chalon, mieux situé, n’a pas bénéficié des équipements ferroviaires qui auraient renforcé sa centralité. Cette dernière ville a prospéré grâce à l’industrie, liée à la proximité du Creusot. Elle est aujourd’hui la plus importante du département, avec 70 000 habitants dans son agglomération, contre 43 000 à Mâcon. La zone industrielle forme une agglomération de 110 000 âmes, entre Montceau-les-Mines, Montchanin et Le Creusot, mais il s’agit d’une série de centres mal reliés que le recul des houillères plonge dans la crise. La métallurgie et les industries nouvelles arrivent à peine à éviter le déclin de l’ensemble, qui demande à être restructuré. L’évolution des petits centres est très diverse, en fonction de l’importance de leurs services et du développement de leurs industries. Charolles et Autun, longtemps stagnants, ont connu une poussée vigoureuse, alors que Digoin, Paray-le-Monial et Marcigny stagnent.