Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

santé (suite)

Le ministère de l’Éducation nationale réglemente l’hygiène scolaire et universitaire, celui de la Justice les problèmes de l’enfance délinquante. Le ministère des Transports s’intéresse à l’hygiène des transports. L’Office des pêches maritimes est rattaché à la Marine marchande. Le ministère de la Défense nationale a un service de santé autonome. Ainsi, le ministère de la Santé coordonne-t-il, mais ne traite-t-il pas directement tous les problèmes sanitaires.

Le ministère comporte une Direction générale de la santé, une Direction des hôpitaux, une Direction de l’action sociale et un Service central de la pharmacie et des médicaments. Le ministre est aidé par des inspecteurs généraux, des conseillers techniques (Conseil supérieur d’hygiène publique). Au ministère de la Santé publique et de la population est notamment rattaché l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (I. N. S. E. R. M.). L’École nationale de la santé publique assure la formation des personnels qui concourent à la protection sanitaire et à l’action sociale.

L’organisation départementale de la santé est sous les ordres du préfet. Celui-ci dirige le médecin directeur départemental de la santé, assisté de médecins inspecteurs. Le directeur départemental est chargé de la lutte contre les maladies contagieuses et veille à l’hygiène alimentaire, à l’aide sociale, etc. Dans la Région parisienne, le préfet de la Région parisienne a sous sa dépendance le contrôle des eaux, l’hygiène de l’habitat, l’hygiène sociale ; le préfet de police régit l’épidémiologie, la vaccination, les désinfections ainsi que l’hygiène de l’alimentation. Le directeur de l’Assistance publique dirige les hôpitaux et hospices et la protection de l’enfance. Tous ces services sont réunis par une direction départementale de l’action sanitaire et sociale.

Au niveau communal, le maire est chargé de prendre toutes les mesures d’hygiène conformes au règlement départemental. La réglementation nationale de la santé comprend des lois, des décrets, des arrêtés et instructions, ces derniers étant ministériels, préfectoraux ou communaux.

Le Code de la santé publique, publié en 1953, comprend plusieurs secteurs. L’un a trait aux mesures générales (vaccinations, maladies contagieuses, désinfection, salubrité), le second à la protection de la famille et de l’enfance, le troisième à la lutte contre la tuberculose et les maladies vénériennes ; les suivants concernent les professions médicales, la pharmacie, les hôpitaux, les laboratoires, enfin les services départementaux de la santé, avec leurs particularités.

P. V.

santé des armées (Service de)

Service ayant pour mission principale d’assurer en toutes circonstances le soutien sanitaire des forces armées de terre, de mer et de l’air.



Une longue évolution

La mission et l’organisation actuelles du Service de santé sont le résultat d’une longue évolution qui débute en France au début du xive s. sous le règne de Philippe le Bel ; apparaissent alors aux côtés des gens de guerre quelques médicastres et barbiers-chirurgiens. Au xve s., dans l’armée de Charles le Téméraire, des chirurgiens sont attachés aux compagnies d’hommes d’armes dans la proportion de 22 chirurgiens pour 20 000 hommes. L’expérience n’est pas poursuivie ; seuls quelques princes ont à leur côté un chirurgien, mais les chefs de corps restent libres d’attacher ou non un tel homme de l’art à leur régiment. C’est sous Henri II qu’en 1550 est prévu le premier « hospital ambulatoire » et que la valeur de la « chirurgie d’armée » est consacrée par Ambroise Paré (v. 1509-1590), en particulier au siège de Metz (1552), où il pratique pour la première fois la ligature des vaisseaux au cours des amputations. Divers projets échouent ou sont incomplètement réalisés, mais il s’agit d’abord d’établissements de traitement. Il faut attendre le code Michau en 1629, ordonnance royale rédigée à l’instigation de Richelieu, pour voir poindre un début d’organisation : à l’échelon du régiment, la présence d’un chirurgien est obligatoire et la création d’une infirmerie requise. Ce service de santé en campagne débute réellement au siège de Casale Monferrato, en 1640. Enfin, par un édit de 1708 qui constitue l’acte de naissance du Service de santé militaire, Louis XIV ordonne la création du corps de santé militaire, formé d’« officiers de Sa Majesté, médecins, chirurgiens et majors à la suite des armées ». Le roi fait installer cinquante hôpitaux militaires le long des frontières ; la vénalité des charges de médecin des hôpitaux est supprimée en 1717, et leur recrutement confié à un conseil de huit inspecteurs généraux. En 1747, les officiers de santé des hôpitaux comme des régiments sont placés sous le contrôle des commissaires des guerres. En 1775, on constitue dans certains hôpitaux (Lille, Metz, Strasbourg) des amphithéâtres pour l’instruction des médecins. En 1793, l’abbaye du Val-de-Grâce à Paris est transformée en hôpital militaire d’instruction, mais, en dépit de la renommée de ses grands « patrons », Percy (1754-1825), Desgenettes (1762-1837) et D. Larrey (1766-1842), l’organisation du corps de santé ne progresse guère sous l’Empire. Louis XVIII fera réinstaller les hôpitaux militaires dans les grandes places, mais il faudra attendre 1856 pour voir créer à Strasbourg la première école moderne chargée de la formation des médecins et pharmaciens militaires (elle sera reformée à Lyon en 1889). Par les lois de 1882 et de 1889, le Service de santé cesse de relever de l’intendance et reçoit enfin son autonomie.


Le Service de santé de la marine

Dans la marine, le Service de santé naît à la fin du xviie s., où des chirurgiens sont embarqués sur les vaisseaux du roi. À partir de 1722, ils reçoivent une instruction spéciale dans les écoles de Rochefort, Toulon et Brest, où débute notamment Broussais (1772-1838). La tradition de ces écoles de chirurgie navale sera reprise par l’École principale du service de santé de la marine et des colonies (dite souvent « École de santé navale »), ouverte à Bordeaux en 1890 pour la formation du personnel médical de l’armée de mer et des troupes de marine. Cette époque est en effet celle des campagnes coloniales, où les médecins militaires jouent un rôle d’avant-garde tant pour la protection sanitaire des troupes que pour la connaissance et la prophylaxie des maladies tropicales. Aussi, se détachant de celui de la marine, un Service de santé propre aux troupes coloniales acquiert son autonomie en 1900. L’œuvre qu’il accomplit dans la lutte contre les grands fléaux africains (maladie du sommeil, paludisme, etc.) demeure l’un des plus beaux témoignages à son actif, illustré par les noms de Jules Emily (1866-1944), le médecin de la mission Marchand, et d’Eugène Jamot (1879-1937), vainqueur de la maladie du sommeil et organisateur des colonnes mobiles de santé qui prendront la suite des troupes de pacification. C’est dans leur sillage qu’œuvrent, depuis l’accession à l’indépendance des anciens territoires français d’Afrique, les médecins militaires détachés au titre de la coopération auprès des jeunes États africains. En 1907, le Service de santé des troupes coloniales ouvrait à Marseille une école et un centre de recherche consacrés à l’étude de la médecine tropicale.