Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

santé (suite)

L’organisation des structures de diagnostic et de soins

Pour garantir la santé des individus et des groupes, il faut qu’interviennent les biologistes, les médecins, les chirurgiens, les pharmaciens, les psychiatres et les divers auxiliaires médicaux. Leur intervention se situe au niveau de la recherche tant fondamentale que biologique, clinique ou pharmaceutique, de l’organisation de la prévention et du dépistage des maladies ainsi que des soins (au sens le plus large du mot). Le statut économique et social de ces professionnels est actuellement très variable d’un pays à l’autre ou même à l’intérieur d’un pays donné. Dans la mesure où les problèmes de santé cessent de plus en plus d’être des problèmes individuels pour être pris en charge — en totalité ou en partie — par la communauté, on est en droit de se demander quel est celui de ces statuts qui permettra le mieux à cette communauté de remplir l’obligation de santé qu’elle a bien voulu assumer.

Deux remarques préliminaires s’imposent :
1o il est normal que ces professionnels gagnent correctement leur vie compte tenu du temps des études nécessaires, des connaissances et des expériences requises et des aptitudes à leur utilisation ainsi que des responsabilités, souvent très graves, parfois assumées ; chacun doit pouvoir y trouver les possibilités de promotion correspondant aux résultats obtenus ;
2o il est choquant par contre que la souffrance ou la vie d’un individu quelconque puissent être fonction de ses capacités financières, et il est moralement inadmissible qu’un homme ou une entreprise quelconque puissent mettre en balance l’efficacité de son intervention et la rémunération qu’il peut espérer en tirer ; il est inadmissible que cet homme ou cette entreprise puissent réaliser un profit quelconque en exploitant la souffrance d’autrui. Comme l’écrit le professeur Jean Bernard : « La santé de l’homme ne peut être, comme une mine d’or, objet de spéculation. »


L’exercice de la médecine

(Les divers types de rapports existant entre les membres du corps médical et les organismes de sécurité sociale [auxquels les pouvoirs publics ont souvent transféré une grande partie de leurs responsabilités en matière de soins] ont fait l’objet d’un exposé à l’article maladie [assurance].)

Il convient de rappeler ici que, dans les pays non socialistes, on distingue deux catégories de médecins : les médecins salariés subordonnés à un employeur ou à un chef de service et les médecins exerçant une profession libérale (c’est à cette seconde catégorie qu’il faut continuer de rattacher les médecins de caisse en Allemagne ou les médecins du Service national de santé en Grande-Bretagne) ; certains praticiens peuvent appartenir concurremment à ces deux secteurs. (V. médecine.)

Les médecins exerçant en profession libérale peuvent pratiquer leur art dans un cabinet de consultation personnel ou dans un cabinet de groupe ; dans le second cas, une partie du matériel du cabinet peut être commune aux médecins qui le composent et des remplacements et des permanences peuvent être assurés. Les économistes et les sociologues sont souvent favorables à la constitution et au fonctionnement de ces cabinets de groupe ; l’Ordre national des médecins — chargé en France de contrôler la moralité de la profession — autorise seulement les cabinets groupant des omnipraticiens ou des médecins exerçant une même spécialité, la réunion en un même local de médecins de spécialités différentes (qui pourraient se renvoyer abusivement leurs clients de l’un à l’autre pour des examens complémentaires) apparaissant au conseil de l’Ordre comme pouvant constituer une incitation permanente à une certaine forme de « dichotomie ».


La recherche

Pasteur* a été l’un des premiers à demander que la nation organise et paie la recherche* scientifique, dont il assurait qu’elle constituait l’investissement nécessaire le plus rentable en vue d’éviter la décadence pure et simple. Mais il y a une recherche fondamentale et une recherche appliquée, et c’est cette dernière que les financiers ont tendance à encourager seule ; mieux encore, certains aspects de la recherche appliquée les intéressent en priorité, par exemple ceux qui tendraient à réduire les considérables dépenses de soin des cancers, des cardiopathies et des rhumatismes supportées par les organismes de sécurité sociale. Or, la planification des recherches paraît peu payante : « Pour avoir une découverte qui rende, il faut payer cent ou mille chercheurs, pendant des années, pour un travail dont le rendement est inapparent et c’est peut-être seulement l’un d’entre eux qui fera, dans un domaine parfois différent de celui qu’il escomptait, la découverte qui justifiera l’aide apportée, en même temps qu’à lui même, à cent ou à mille de ses semblables » (professeur Henri Pequignot). C’est ainsi, par exemple, que des recherches sur les hormones, sans liens avec la cancérologie, ont permis de soigner efficacement les cancers du sein et de la prostate, puis de découvrir la cortisone, dont les applications sont multiples ; par ailleurs, c’est en essayant, contre le diabète, un remède banal, telle la tisane de pervenche, qu’on a découvert une substance efficace contre la leucémie.

Le professeur Hamburger a montré que, « dans les pays où la recherche est pauvre, les malades sont mal soignés ». Dans son esprit devraient coexister de nombreux secteurs de recherches financés les uns par un supplément du coût des actes accomplis dans les centres hospitaliers universitaires (C. H. U.), les autres par des crédits publics qu’on aurait le plus grand tort de limiter étroitement, d’autres encore par l’initiative privée ; il conviendrait d’y ajouter le secteur de recherche des grandes industries pharmaceutiques. Avec les chercheurs professionnels devraient collaborer les membres des services hospitaliers et enseignants particulièrement aptes à la recherche clinique.