Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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sang (suite)

Parmi les autres éléments dont le dosage présente un intérêt dans les globules, citons le sodium et le potassium. En effet, les taux de ces ions dans les globules sont les mêmes que dans les autres cellules de l’organisme. L’établissement de ces taux et leur comparaison avec les dosages plasmatiques des mêmes corps renseignent sur l’équilibre ionique de l’organisme entier (déshydratations, rétentions salines, fuites de potassium, etc).

• Cytologie des éléments figurés ; hémogramme
L’étude quantitative des différents éléments figurés est représentée par les numérations globulaire et plaquettaire, alors que les renseignements morphologiques sont fournis par la formule leucocytaire, ou formule sanguine, l’ensemble de ces examens constituant l’hémogramme.

• La numération globulaire. Les globules rouges (hématies) et blancs (leucocytes) sont dénombrés dans 1 mm3 de sang. Pour rendre cette numération possible, on effectue d’abord une dilution avec une pipette de précision graduée, qui prend 1 mm3 de sang, puis qui est complétée jusqu’à 100 mm3 (0,1 ml) avec un diluant ; la solution ainsi obtenue est placée dans un hématimètre comportant une cavité délimitant 1 mm3 et dont le fond est quadrillé. Les globules sont alors comptés au microscope sur ce quadrillage, et le nombre obtenu est multiplié par 100 pour obtenir le nombre réel. À l’état normal, on compte de 4 500 000 à 5 000 000 d’hématies et de 6 000 à 9 000 leucocytes. Les hématies sont diminuées dans les anémies et augmentées dans les polyglobulies. Les leucocytes sont diminués dans les leucopénies et augmentés dans les hyperleucocytoses. Dans certains cas, on peut être amené à faire des dilutions au 1/200 ou, au contraire, au 1/10.

• La numération des plaquettes. Elle peut être faite à l’hématimètre, mais la dilution nécessite l’emploi de diluants spéciaux. On peut aussi compter les hématies dans une dilution de titre quelconque et en déduire le nombre des plaquettes. Le microscope à contraste de phase permet d’augmenter la précision de la numération des plaquettes. Celles-ci sont diminuées dans les maladies hémorragiques et notamment dans les purpuras.

• La formule leucocytaire, ou formule sanguine. Cet examen est fait au microscope sur un frottis mince de sang après coloration spéciale (la plus courante est la coloration de May-Grünwald-Giemsa).

Les globules blancs se divisent en deux grandes catégories : les granulocytes, ou polynucléaires, et les agranulocytes, groupant les lymphocytes et les monocytes.

Les granulocytes, ou polynucléaires, sont appelés ainsi parce qu’ils ont des granulations dans leur cytoplasme et que leur noyau est multilobé, faisant croire qu’il y a plusieurs noyaux. Selon les colorations que prennent les granulations, on distingue les neutrophiles (ou neutrocytes), les éosinophiles (ou éosinocytes) et les basophiles (ou basocytes). Par ailleurs, le nombre apparent de noyaux, qui augmente avec l’âge des polynucléaires, permet d’établir la formule d’Arneth, qui indique le nombre relatif de polynucléaires à 2, 3, 4, 5 noyaux et qui renseigne sur le renouvellement de ces cellules.

Les granulocytes représentent normalement 65 p. 100 des leucocytes (de 1 à 3 p. 100 d’éosinophiles et de 0 à 1 p. 100 de basophiles).

Les agranulocytes (sans granulations dans le cytoplasme) se divisent en lymphocytes (30 p. 100) et monocytes (5 p. 100).

Tous ces éléments qui constituent la formule leucocytaire varient dans les différentes maladies, et la connaissance de ces variations donne des renseignements indispensables. Dans le même examen au microscope, on étudie la forme, la dimension et la coloration des hématies, et l’on observe éventuellement la présence d’hématies jeunes, nucléées (avec noyau) ou réticulées (à structure non homogène), ce qui renseigne sur le fonctionnement des organes hématopoïétiques (v. hématopoïèse).

• Myélogramme. Adénogramme. Il faut noter qu’au cours des maladies de sang les examens ci-dessus ne suffisent généralement pas et qu’il faut les compléter par l’examen des cellules de la moelle osseuse (myélogramme), qui renseigne sur l’hématopoïèse, et parfois par l’examen des cellules obtenues par ponction d’un ganglion lymphatique (adénogramme).

• Numération automatique
De même qu’il existe des appareils automatiques pour l’examen chimique du sang, de même on dispose maintenant d’appareils pouvant compter automatiquement les globules rouges et les globules blancs (qu’ils distinguent), voire d’appareils capables de différencier les différentes catégories de globules blancs. Ces appareils permettent des gains de temps considérables dans les laboratoires d’analyse médicale.


Les maladies du sang chez l’Homme

Sous le terme très général d’hémopathies, on désigne en médecine toutes les maladies affectant le sang en tant que tissu. Toutes les lignées cellulaires peuvent être touchées, et les modifications observées dans le sang circulant sont pratiquement toujours liées à des atteintes des organes formateurs du sang (organes hématopoïétiques [v. hématopoïèse]) ou des organes où sont détruits les globules, notamment la rate. L’hématologie est la spécialité médicale qui traite des fonctions et des maladies du sang et des organes hématopoïétiques, les unes et les autres ne pouvant être dissociées.

Par contre ne sont pas des maladies de sang les infections où un germe microbien se trouve présent dans le sang pendant un temps plus ou moins long, telles les septicémies*, la syphilis* et autres maladies infectieuses. De même, certaines affections que le langage populaire attribue « au sang », tels les troubles de la ménopause* (où il existe bien un dérèglement du taux des hormones circulantes, mais où cette anomalie est due à des troubles des glandes endocrines), ne sont pas des maladies du sang. Il en est de même des maladies génétiques liées à des anomalies chromosomiques et où le sang n’intervient pas et n’est pas concerné en tant que tel, le terme de sang étant alors pris dans le sens d’« hérédité ».