Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

sang (suite)

• L’hématocrite. Le sang étant centrifugé (immédiatement ou après adjonction d’anticoagulant), on constate que, dans un sang normal, les éléments figurés représentent 45 p. 100 du volume total : ce pourcentage est l’hématocrite. La mesure de l’hématocrite, qui ne demande que quelques minutes (le temps de la centrifugation), donne des renseignements sur les pertes globulaires dans les urgences (notamment les hémorragies) et au cours des interventions chirurgicales.

• La vitesse de sédimentation. Si, au lieu de centrifuger le sang rendu incoagulable, on laisse déposer lentement les globules dans un tube de verre sous le seul effet de la pesanteur, ceux-ci descendent dans le tube avec une certaine vitesse, dite vitesse de sédimentation. Le mécanisme du phénomène de sédimentation n’est connu qu’en partie. On peut y distinguer trois phases. Dans la première, quelques hématies descendent sous l’effet de la gravité ; parallèlement, il se forme une agrégation de ces hématies. Dans la deuxième phase, les agrégats descendent plus rapidement, et leur vitesse de sédimentation dépend de leur taille. Dans la troisième phase, la vitesse se ralentit, car les frottements augmentent. Ainsi, la vitesse de sédimentation dépend de l’agrégation plus ou moins importante des globules. Cette agrégation est due à l’interaction de diverses protéines qui se fixent sur les globules et dont les variations de taux sont responsables des variations de la vitesse de sédimentation. À l’état normal, la vitesse de sédimentation est de 6 à 7 mm par heure dans la première heure (cette hauteur correspond à celle du plasma surnageant au-dessus des globules). Elle est un peu plus élevée chez la femme (de 8 à 10 mm) que chez l’homme, avec de faibles modifications au moment des règles. Elle augmente notablement au cours de la grossesse, à partir du 4e mois, pour ne revenir à son chiffre habituel que vers la 3e ou la 4e semaine après l’accouchement.

De nombreuses affections provoquent une accélération de la vitesse de sédimentation globulaire, mais la signification biologique de ce phénomène reste obscure. L’accélération s’observe en principe dans les états inflammatoires aigus ou chroniques, qu’ils soient d’origine infectieuse ou non, dans les anémies, dans les processus cancéreux, dans les nécroses tissulaires après irradiation (rayons X). Une vitesse de sédimentation normale n’exclut pas une maladie, même grave, et l’accélération de la vitesse de sédimentation ne permet pas de poser un diagnostic. Par contre, la répétition des mesures de la vitesse de sédimentation (toutes les semaines, tous les mois) donne des renseignements très intéressants sur l’évolution de l’affection et, par conséquent, sur son pronostic.

Un ralentissement de la vitesse de sédimentation peut s’observer dans les polyglobules, la stase cardiaque, les atteintes hépatiques.


Sang complet

Le sang complet a une densité de 1,05 (alors que la densité du plasma est de 1,025). La viscosité du sang est de 2,70 centipoises en valeur absolue et de 4,5 à 5 en valeur relative, par rapport à l’eau. Il ne faut pas confondre la viscosité avant toute coagulation et celle que prend le sang en se coagulant : le sang qui se coagule très vite n’est pas forcément plus visqueux au départ qu’en temps normal, et inversement. Par ailleurs, la viscosité du sang in vitro ne correspondant pas exactement à celle qu’il a in vivo, la mesure de viscosité n’est pratiquée qu’exceptionnellement.

Le sang est légèrement alcalin ; son pH est normalement de 7,35 et varie très peu (± 0,02). Le volume sanguin représente environ 1/13 du poids du corps ; il est relativement plus élevé chez le nouveau-né que chez l’adulte, mais ses variations physiologiques sont réduites. Il est plus élevé en été qu’en hiver (il peut augmenter de 15 à 30 p. 100) et pendant la grossesse (de 30 à 50 p. 100). Une perte accidentelle brutale de sang (hémorragie) ou une perte de plasma (cas des brûlures) met aussitôt en jeu des mécanismes d’appel d’eau à partir des tissus. Si les spoliations sont importantes, un apport exogène de sang (v. transfusion) ou de plasma (perfusion) s’impose.


Plasma

Le plasma représente 1/20 du poids du corps : 3 500 ml chez un homme de 70 kg.

La mesure du volume plasmatique fait appel à des méthodes de dilution d’une substance dans un espace donné. On emploie le bleu Evans ou encore l’iode radioactif préalablement fixé sur un faible volume d’albumine. On peut aussi étudier la diffusion de globules rouges marqués au phosphore ou au chrome radioactifs.

• Composition chimique du plasma
Le plasma représente une solution de très nombreuses substances, dont les principales (par la quantité) sont les protéines et les ions (sels minéraux). On y trouve également un sucre, le glucose, des lipides (dont la presque totalité est fixée sur des protéines [lipoprotéines]) et, à très faible concentration, des hormones et des vitamines.

• Protéines plasmatiques. Le plasma contient de 65 à 75 g de protéines par litre. Ces protéines sont de grosses molécules (macromolécules) non dialysables, non ultrafiltrables (elles ne traversent pas les membranes poreuses), mais chargées électriquement. Leur charge électrique permet de les fractionner par électrophorèse*. On peut également les séparer par ultra-centrifugation. Le fractionnement par électrophorèse permet de séparer le sérum-albumine, ou albumine, et les sérum-globulines, ou globulines.

L’albumine (ou sérum-albumine) est la fraction la plus importante des protéines du plasma : elle représente à l’état normal 60 p. 100 de leur totalité. Elle est produite essentiellement par le foie ; son poids moléculaire est de 65 000 environ. Son rôle consiste essentiellement dans le maintien du volume sanguin et de la pression oncotique (pression osmotique des protéines). C’est également une réserve de protéines pour l’organisme. Enfin, elle joue un rôle de véhicule ou transporteur pour d’autres substances : ions métalliques, acides gras libres, vitamines et hormones, produits toxiques, pigments (bilirubine). Toute l’albumine de l’organisme est renouvelée toutes les deux semaines environ.