Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Salzbourg (suite)

L’art à Salzbourg

Dominée par la vieille forteresse de Hohensalzburg, la ville possède aussi quelques églises médiévales : celle du vénérable couvent du Nonnberg (fondé vers l’an 700), reconstruite à la fin du xve s., mais qui conserve un ancien chœur des nonnes aux voûtes revêtues de fresques romanes ; la Franziskanerkirche, qui offre les cinq vertigineuses colonnes du rond-point de son chœur (début du xve s.), avec un maître-autel baroque de J. B. Fischer von Erlach et une célèbre Vierge à l’Enfant de Michael Pacher (v. 1435-1498). C’est en fait le baroque, ajouté au souvenir rayonnant de Mozart*, qui fait la réputation artistique de la ville. Il s’est manifesté, sous l’action des princes-archevêques, en trois vagues successives : l’italienne, l’autrichienne et celle qu’ici l’on pourrait appeler, par transposition musicale, la mozartienne.

L’archevêque Wolf Dietrich von Raitenau (1587-1612), prélat plus recommandable par son tempérament et ses connaissances que par ses mœurs, profitant de ce que l’ancienne cathédrale avait brûlé, fit dresser par l’illustre architecte Vincenzo Scamozzi un plan qui ne fut pas exécuté ; et ce fut un autre Italien, Santino Solari, qui éleva de 1614 à 1628 cette première cathédrale italienne en pays germanique, remarquable par l’ampleur de sa coupole octogonale et ses chapelles profondes.

Le centre de la ville fut alors lui-même remodelé, avec ses trois vastes places : celle de la Cathédrale, ornée d’une grande statue de la Vierge, celle de la Résidence et celle du Chapitre, animées par leurs fontaines monumentales à la romaine. Autre décor aquatique : l’abreuvoir de l’écurie de la Cour (Hofstallschwemme), avec sa cavalerie peinte et sculptée. Cette écurie possédait un manège d’hiver et un manège d’été, ce dernier bordé de galeries taillées dans le roc qui se prêtent merveilleusement à l’actuel festival de musique, image de marque de Salzbourg.

Voisine de la cathédrale, la collégiale Sankt Peter, du xiie s., a été profondément transformée une première fois au début du xviie s., puis de nouveau dans la seconde moitié du xviiie. Elle a reçu un revêtement de stucs, de peintures ainsi que des grilles d’un dessin capricieux et élégant. Un émouvant cimetière, dont les galeries s’enfoncent dans le rocher, lui est accolé.

Le prince-archevêque Marcus Sitticus (1612-1619), successeur de Wolf Dietrich, non content de poursuivre les entreprises de celui-ci, créa aux environs immédiats de la ville, à laquelle il était relié par une allée, le petit château de Hellbrunn, dont le parc est, avec ses grottes, ses marionnettes, ses eaux qui jaillissent de toutes parts, un des plus charmants caprices du baroque autrichien.

Une architecture plus solide est celle de Johann Bernhard Fischer von Erlach (1656-1723), qui construisit dans la vieille ville la Kollegienkirche, église de l’Université, et sur l’autre rive de la Salzach la Dreifaltigkeitskirche. Tout à côté de celle-ci, il ne reste guère du château de Mirabell — encore une création de l’infatigable Wolf Dietrich, transformée par Johann Lukas von Hildebrandt (1668-1745) — qu’un morceau de premier ordre, l’escalier monumental que Georg Raphael Donner (1693-1741) orna de ses ravissants putti sculptés. Quant aux jardins Mirabell, maintes fois transformés, qui occupent l’emplacement d’anciens bastions, ils sont un des charmes de la ville.

Le rococo mozartien ? C’est une musique plus qu’une architecture. Le souvenir du maître se perpétue dans la modeste maison qu’il habita, où sont conservés ses objets familiers, et aussi au « Mozarteum », qui a reçu un trésor d’archives ainsi que le très modeste cabinet de bois où fut écrite la Flûte enchantée.

P. D. C.

 F. Fuhrmann, Salzburger Kunststätten (Klagenfurt, 1956). / W. Kudrnofsky, Salzkammergut (Vienne, 1958 ; trad. fr. Salzbourg et ses environs, Marguerat, Lausanne, 1958). / H. Jahn, Salzbourg et Salzkammergut (Innsbruck et SABRI, 1964).

Samarkand

V. de l’U. R. S. S., en Ouzbékistan ; 267 000 hab.


C’est une des plus grandes, des plus belles et des plus anciennes villes de l’Asie soviétique.

La ville nouvelle, en pleine expansion, bâtie sur un plan orthogonal, s’étend à l’est de la rivière Zeravchan ; à l’ouest, c’est la cité médiévale, historique, musulmane, maintes fois détruite, mais restaurée et qui présente un bel ensemble architectural. Samarkand est d’abord incluse dans le monde iranien ; capitale de la province de Sogdiane, elle est conquise par Alexandre le Grand en 329 av. J.-C. Au début du viiie s., elle est occupée par les Arabes. Gengis khān la détruit ainsi que les canaux d’irrigation de son oasis, et Samarkand disparaît de la carte jusqu’au xive s., où Tīmūr* Lang (Tamerlan) en fait la capitale de son immense empire et un des grands foyers de la civilisation musulmane. En 1500, les Ouzbeks s’en emparent, et la ville, en proie au pillage des nomades, décline de nouveau jusqu’à ce que les Russes la conquièrent en 1868 et l’unissent par le Transcaspien au port caspien de Krasnovodsk.

Elle joue un rôle économique de plus en plus grand. Des usines préparent le raisin sec ; la ville abrite un institut de recherche sur le mouton karakul ; la laine et la soie alimentent des manufactures ; la ville transforme les produits des cultures (fruits, riz, tabac) et de l’élevage (laine et cuir). Elle possède un institut de médecine tropicale et une université, auxquels s’ajoutent des industries mécaniques (pièces pour tracteurs) et de l’appareillage cinématographique.

A. B.


Samarkand, ville d’art


La capitale tīmūride

Tīmūr Lang (Tamerlan) attira à Samarkand des artistes étrangers (chinois), y déporta l’élite de tous les pays qu’il avait soumis, y rassembla les ouvrages des plus grandes bibliothèques : il en fit ainsi un centre presque sans rival à la fin du xive s. et au début du xve. Les ateliers de céramistes, d’armuriers, de verriers, de tisserands (velours rouges) s’y multiplièrent. L’activité architecturale y fut intense. Malheureusement construits avec hâte et sans solidité, bien des monuments ont disparu (palais, mosquée dite « la Fiancée du Ciel »). Les autres ont beaucoup souffert. Ils font montre de qualités aussi bien architecturales (hardiesse, puissance, originalité, simplicité des plans) que décoratives (splendeur des céramiques de revêtement) ; les céramistes font disparaître l’architecture comme sous un immense tapis.