Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Tropez

Station touristique du Var, sur la Méditerranée ; 5 434 hab. (Tropéziens).


La renommée de Saint-Tropez dépasse largement l’activité ancienne du village de pêcheurs ; celui-ci est devenu le symbole des ports de plaisance et des plages « à la mode ». Sa promotion soudaine est liée à sa fréquentation par les artistes et les professionnels du spectacle. Mais, en dehors de toute publicité tapageuse, ce petit port possédait un potentiel touristique réel, dû à un site agréable et à un passé riche d’histoire.

Face à Sainte-Maxime, sur la rive méridionale du golfe de Saint-Tropez, la ville s’est installée au pied d’un promontoire que domine la citadelle ; elle tend à devenir à l’heure actuelle un maillon de la chaîne de constructions nouvelles qui gagnent le fond du golfe (Marines de Cogolin, Port-Grimaud). Ici se trouvaient réunies les conditions favorables à l’implantation d’un port, un mouillage sûr abrité des vents et surtout du mistral.

Le port connaît à son origine le destin de nombreux comptoirs méditerranéens. C’est un jalon des escales de cabotage utilisées par les Phocéens : certainement l’ancienne Athenopolis, greffée sur un habitat indigène, reprise par les Romains et dont le nom est dû au martyr chrétien Tropez, dont le corps, décapité, serait venu s’échouer sur la grève. Du viiie au xve s., il connaît une série de périodes fastes et de revers (dus aux incursions des pirates barbaresques). Plusieurs fois mis à sac, il doit sa renaissance, à partir de 1470, à l’initiative du Génois Raphaël de Garezzio, qui relève la cité. En échange, celle-ci est dotée de privilèges et de franchises grâce à une convention octroyée par le roi René Ier le Bon, qui aura force de loi durant exactement deux siècles, jusqu’à sa suppression en 1672 par Louis XIV.

Saint-Tropez devient alors un port actif et fréquenté, une étape à partir de Marseille vers les Échelles du Levant. Deux siècles de prospérité confirmés par la création, en 1649, d’une lieutenance générale d’Amirauté, alors que les marchandises s’accumulent dans les entrepôts au pied de la citadelle. C’est en effet un petit port de cabotage commode entre Toulon et Antibes ainsi qu’une tête de pont vers les îles (Corse et Sardaigne).

Sa réputation actuelle se justifie par la proximité des plages dans un rayon d’une dizaine de kilomètres, ourlant la presqu’île : la Bouillabaisse, les Graniers, les Salins, Tahiti et Pampelonne ; mais elle bénéficie également, vers l’intérieur, du voisinage de villages perchés offrant un cadre rustique et de larges horizons : Ramatuelle, Gassin, Grimaud et, plus loin. La Garde-Freinet, La Croix-Valmer, Cogolin, peu à peu rachetés par les estivants ou doublés de quartiers neufs.

Dans la ville elle-même, le musée de l’Annonciade regroupe une série de toiles de peintres modernes, dont Seurat, Derain, Matisse, Braque, et des vues de Saint-Tropez par Signac, qui s’y fixa le premier. Le souvenir du bailli de Suffren*, descendant des seigneurs de Saint-Tropez, se perpétue à l’exposition maritime permanente, installée dans la citadelle des xvie s. et xviie s.

Les exigences du tourisme ont fait apparaître rapidement le sous-équipement d’une commune à la population anormalement gonflée, qui implique la mise en place d’un nouveau port de plaisance, d’une station d’épuration, etc., et pose le problème du choix entre la conservation du Saint-Tropez du xviiie s. ou du temps de Colette et l’extension de la ville. Le plan d’urbanisme établi en 1970 prévoit l’accueil pour 40 000 habitants, soit 5 000 logements de plus.

En dehors du tourisme, la population s’emploie à l’usine d’armement de la marine nationale, à la culture des parcelles de vigne encore épargnées par l’urbanisation, à la pêche. Il ne reste plus rien des activités anciennes. Au xviiie s., une centaine de bateaux avaient ici leur port d’attache ; d’où le développement de petites industries avec les calfats, les charpentiers de marine et les ouvriers des chantiers navals. On pratiquait également la pêche du thon par les madragues ; on récoltait éponges et coraux ; on exportait les produits locaux : bois et liège, blé, vin et eaux-de-vie.

La conquête des rives du golfe se poursuit dans un des plus beaux sites de la côte des Maures, mais de façon artificielle, sans le support d’un port vivant ; la cité lacustre de Port-Grimaud pastiche Martigues et Venise à la fois, créant un faux vieux village « provençal » sur 25 ha et offre 2 000 mouillages aux plaisanciers. Les Marines de Cogolin s’organisent en gradins autour d’un port qui ajoute 1 500 postes d’accostage.

Ainsi, peu à peu, l’habitat individuel rénové ou les petits collectifs récents se mêlent aux « marinas ». Le recrutement des vacanciers s’étend à l’Europe septentrionale ; seule la « bravade » commémorant la résistance à la flotte espagnole au xviie s. rappelle l’ancien Saint-Tropez. L’actuel, par certains côtés, dont le luxe et le snobisme ne sont pas exclus, annonce déjà la Côte d’Azur, toute proche.

R. D. et R. F.

Saint-Vincent-de-Paul (Société de)

Organisation internationale de laïques catholiques.


Cette Société d’action charitable et sociale est fondée le 23 avril 1833 par sept jeunes gens, presque tous étudiants, réunis à Paris chez l’un d’entre eux, Emmanuel Joseph Bailly (1791-1861) ; parmi eux, Frédéric Ozaam (1813-1853), l’un des chefs du catholicisme* social en France, que l’on considère comme le véritable fondateur de la Société. Le but immédiat de cette Conférence de charité, dont saint Vincent* de Paul est désigné comme patron, est la visite à domicile des familles pauvres, qui abondent alors dans la capitale ; la pratique d’une charité effective est pour ses membres le moyen essentiel de sanctification personnelle. Dès le 24 février 1835, la Conférence initiale se dédouble ; le 8 décembre de la même année sont jetées les bases de l’organisation de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, divisée en conférences, Bailly demeurant président général jusqu’en 1844. En 1836, 280 membres sont inscrits. À la fin de 1840, le conseil de direction se sépare du conseil de Paris et prend le nom de conseil général.