Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Malo (suite)

Pour tenter de développer l’emploi (en 1968, le taux d’activité était seulement de 34,5 p. 100) et répondre aux besoins de la population jeune, la ville s’ouvre résolument aux activités industrielles. Certes, beaucoup d’entre elles sont liées au port (conserves de poisson, chantiers navals, usines d’engrais), mais l’aménagement d’une zone industrielle a permis depuis 1960 la création ou la décentralisation d’une dizaine d’entreprises aux activités plus diversifiées (fabrique de condensateurs, de bijoux fantaisie, usine de circuits imprimés, etc.). Le secteur des industries de transformation ne fournit que 17 p. 100 des emplois, mais l’équipement de nouveaux terrains devrait, en cas de désenclavement de la ville, accélérer le mouvement d’industrialisation.

L’espace urbain reflète ces efforts de renouveau et des quartiers neufs naissent à la périphérie. Les plans d’aménagement prévoient la rénovation de quartiers anciens pour améliorer les fronts de mer et restructurer le complexe urbain né de la fusion ; le quartier de la gare, situé entre la cité intra-muros. Saint-Servan et Paramé, devrait constituer le nouveau centre d’animation de l’agglomération malouine.

Saint-Malo, ainsi rénové, peut constituer, en association avec la station balnéaire de Dinard, reliée facilement par le pont franchissant le barrage de la Rance, un pôle important dans le tissu urbain breton.

N. P.


L’histoire

Saint-Malo doit son origine au grand évêque breton saint Maclou (ou Malo) [fin du vie s. - v. 640], qui l’évangélisa et lui donna son nom, et à Jean de Châtillon, évêque d’Alet (auj. Saint-Servan), qui y transféra en 1157 son siège épiscopal. En 1308, las de la férule ecclésiastique devenue sans doute trop pesante, les bourgeois élisent un maire et se donnent une commune jurée d’existence éphémère. En 1387, les Malouins se rebellent contre l’autorité ducale et remettent leur sort entre les mains du pape, mais ils tombent sous la tutelle royale. En 1415, Saint-Malo est rendu au duc Jean V, qui y fait immédiatement construire le grand donjon actuel (1424).

Lors des guerres de Religion, les Malouins adhèrent à la Ligue, mais ils s’aperçoivent bientôt que le roi les accable encore plus que le duc, dont ils s’étaient libérés jadis et, toujours remuants, ils songent à créer une république à la mode antique. Ils réussissent, et la République malouine dure de 1590 à la fin de 1594.

Cité maritime, ville de rudes marins, Saint-Malo atteint son apogée au moment de la « course », ce qui lui vaut le titre de « cité corsaire ». Colbert, créateur d’une puissante flotte, recourt en même temps à la « caprerie », c’est-à-dire à la course pour entraver le commerce anglais. Bien organisée, la course fait la guerre du blé, des munitions, de l’or, etc., avec un tel succès que les navires corsaires mettent en échec la marine britannique. En 1708, Saint-Malo aligne 90 vaisseaux, 99 barques, 50 chaloupes, 211 bateaux. De tous les corsaires* se distingue René Duguay-Trouin, qui capturera, durant sa carrière, 300 navires marchands et 60 vaisseaux de guerre.

La ville s’est tellement enrichie que Louis XIV lui fait consacrer 440 000 livres à ses fortifications et l’impose de 40 000 livres ! Son commerce florissant attire la Compagnie française des Indes orientales, qui établit ses bureaux à Saint-Malo en 1664.

Avec le xviiie s. commence le déclin commercial du port, qui s’accentue pendant la période révolutionnaire. Sous le Consulat et l’Empire, la course reprend contre les Anglais ; de 1803 à 1813, on arme 150 corsaires, qui saisissent 190 vaisseaux ennemis, mais les Malouins perdent 65 bâtiments, et 8 000 marins sont prisonniers sur les terribles pontons anglais, les « bateaux réguliers ». De cette nouvelle guerre de course, le héros est Robert Surcouf (1773-1827).

Le second Empire suscite une nouvelle prospérité, mais différente. Les plages et les sites pittoresques de la côte attirent les estivants, qui peuvent y venir par le train, inauguré en 1864. Saint-Malo devient la capitale de la Côte d’Émeraude.

Entre les deux grandes guerres, la ville s’étend, le port s’agrandit, l’agriculture se développe tandis que la mer n’apporte plus comme autrefois la richesse. La Seconde Guerre mondiale, l’occupation, la Libération provoquent d’effroyables destructions : la ville est entièrement rasée et incendiée. Anéantis les trésors accumulés depuis des siècles. Reconstruite avec un goût et un art parfaits qui lui ont redonné un aspect des anciens temps, Saint-Malo vit un nouveau destin, fidèle à ses traditions multiséculaires, à l’ombre de son château formidable : le donjon de Jean V, la Générale, tour construite par le duc François II, la fameuse Quiquengrogne, la tour des Dames et celle des Moulins.

M. M.

➙ Bretagne / Ille-et-Vilaine.

 D. Derveaux, Saint-Malo de Bretagne (Saint-Malo, 1943). / T. Herpin, Saint-Malo, cité corsaire (Impr. bretonne. Rennes, 1960). / F. Tuloup, Saint-Malo, histoire générale des origines à nos jours (Klincksieck, 1965).

Saint-Marin

En ital. San Marino, État d’Europe occidentale.


La république de Saint-Marin forme une enclave indépendante à l’intérieur du territoire italien. D’une superficie de 61 km2, cet État souverain s’insère entre la province de Forli au nord et celle de Pesaro et Urbino au sud. Il comprend le bloc calcaire du monte Titano (738 m) et les collines argileuses qui l’entourent. C’est donc un paysage analogue à celui que l’on trouve dans tout l’Apennin tosco-émilien. L’indépendance de Saint-Marin n’est pas liée à un fait géographique, mais à une longue évolution historique.

Entre la république de Saint-Marin et l’Italie, il y a une union douanière, complétée par des conventions dans les domaines des postes et télécommunications. La langue officielle est l’italien, et les monnaies italienne et du Vatican ont libre cours à Saint-Marin, en plus de la monnaie nationale.