Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Germain-en-Laye

Ch.-l. d’arrond. des Yvelines* ; 40 471 hab.


À 20 km à l’ouest de Paris, la ville est située sur le rebord d’un plateau dominant la rive gauche de la Seine de 65 m et au sud-est de la forêt du même nom, qui couvre encore près de 4 000 ha.

Saint-Germain ne forme qu’une seule agglomération (de plus de 50 000 hab.) avec Le Pecq, situé à son pied, de part et d’autre de la Seine, et dont le pont donne accès à Saint-Germain en venant de Paris.

Ce fut, dès 1836, la première ville reliée à Paris par une voie ferrée ; celle-ci est devenue la branche ouest du réseau express régional (R. E. R.), qui traversera l’agglomération parisienne d’ouest en est et reliera Saint-Germain à Boissy-Saint-Léger.

Saint-Germain-en-Laye fut longtemps une tranquille sous-préfecture, résidence d’une bourgeoisie aisée, surtout dans les quartiers des parcs Pereire et de Noailles, et une ville de garnison avec des états-majors, des régiments de cavalerie et, à proximité de la forêt, le camp des Loges. La ville renferme aussi de nombreux établissements scolaires (y compris une maison de la Légion d’honneur) et hospitaliers.

Depuis la Seconde Guerre mondiale s’y sont fixés un lycée international, des laboratoires, des services de recherche, des industries légères. On y a créé un centre sportif moderne. Un certain nombre d’immeubles de standing ont été construits, surtout près de la forêt. La population et les emplois ont nettement augmenté.

C’est le centre le plus important de l’ouest de la grande banlieue parisienne entre Versailles au sud, Pontoise au nord et Mantes à l’ouest. L’arrivée du R. E. R. ne peut qu’accentuer ce rôle.

J. B.


Histoire et art

L’histoire de la cité se confond avec celle de ses deux châteaux, à l’ombre desquels s’est développée la ville royale. Du château Vieux et du château Neuf, le premier seul subsiste.

Au début du xie s., vers 1015, dans cette partie de l’immense forêt qui s’étend au-delà de Chartres et d’Étampes et dont les restes constituent aujourd’hui les forêts de Saint-Germain-en-Laye, de Marly, etc., Robert II le Pieux fait élever une petite église sous le vocable de Saint-Germain ; cela suppose l’existence d’une bourgade dès cette époque.

Vers 1122-1124, Louis VI le Gros y construit une première habitation royale. Il ne subsiste aucun vestige de cette demeure, où séjourna souvent Louis IX, qui la dote vers 1235 de l’élégant vaisseau gothique de la sainte chapelle, attribuée à Pierre de Montreuil et aujourd’hui incorporée à l’un des côtés de l’enceinte pentagonale. Après Saint Louis, le château ne sert plus, pendant longtemps, de résidence royale. Occupé pendant vingt-cinq ans par les Anglais lors de la guerre de Cent Ans, il subit de graves dommages, et Charles V le fait presque entièrement reconstruire, avec un donjon carré, entre 1363 et 1367. Louis XII y vient en 1514 pour le mariage de sa fille Claude avec le futur François Ier.

Ce dernier, attiré par l’Île-de-France depuis sa captivité de Madrid, décide de moderniser la forteresse. Entrepris en 1539 sous la direction de Pierre Chambiges, les travaux respectent le plan d’origine, avec les fossés et les parties basses. Les deux étages ajoutés à cette époque sont d’un style à la fois sobre et mouvementé. La brique dessine sur un fond de maçonnerie la décoration des façades, celles qui donnent sur la cour comme celles de l’extérieur. Une innovation d’esprit italien est apportée par la couverture en terrasse qui sert de belvédère.

Les rois qui marquèrent le plus par leurs séjours l’édifice rénové furent Louis XIII et Louis XIV. Louis XIII affectionne Saint-Germain parce qu’il peut s’y livrer à son exercice favori, la chasse au loup. Le grand événement de son règne se place ici en 1638. En reconnaissance de la venue de son fils tant espéré (le futur Louis XIV), il place son royaume sous la protection de la Sainte Vierge — à laquelle il consacre sa personne, ses sujets — et institue la procession votive du 15 août. Après la Fronde, la Cour s’installe à Saint-Germain, où Louis XIV passe une grande partie de sa jeunesse. L’ayant quitté en 1682 pour Versailles, le roi y offre l’hospitalité à Jacques II et à la reine Marie de Modène, les souverains détrônés d’Angleterre, qui s’y installent en 1689. Jacques II y meurt en 1701 : un mausolée élevé dans l’église paroissiale rappelle sa mémoire.

Remanié de façon peu heureuse par J. H.-Mansart* à la fin du xviie s., le château Vieux a retrouvé sous le second Empire, dans une restauration radicale, l’essentiel de son aspect de la Renaissance. Il abrite, depuis cette époque, le musée des Antiquités nationales.

Entrepris par Henri II sur les dessins de Philibert Delorme*, le château Neuf, édifice de plaisance, est achevé par Henri IV sous la conduite de Louis Métezeau. Formé de bâtiments bas et de pavillons, il occupait le rebord du plateau, couronnant une superbe composition qui descendait jusqu’à la Seine par des terrasses, des arcades, des escaliers, des parterres, dissimulant des grottes à jeux hydrauliques. Ce château servira peu. En 1777, Louis XVI le donne au comte d’Artois (futur Charles X), qui le fait raser, mais ne peut mener à bien son projet de reconstruction. Le domaine conserve, en revanche, la noble terrasse que Le Nôtre* a aménagée vers 1670 à la lisière de la forêt.

B. de M.

Le musée des Antiquités nationales

La passion de Napoléon III pour l’histoire romaine est à l’origine de la création du Musée archéologique romain ; ce pôle d’intérêt est rapidement élargi par les travaux de Jacques Boucher de Perthes révélant l’homme préhistorique, et par les premières grandes fouilles entreprises en France. Cela détermine l’appellation de musée des Antiquités nationales, inauguré par l’empereur dès 1867, alors que les travaux de restauration du château se poursuivent jusqu’en 1907.

Le premier fonds est constitué par les acquisitions du souverain, un dépôt d’objets du musée du Louvre, la donation du roi de Danemark Frédéric VII et celle de J. Boucher de Perthes en 1862.

Selon le vœu de l’empereur, les premiers conservateurs réunissent de nombreux moulages d’œuvres et de monuments gallo-romains, ainsi que des maquettes des armements lourds ou des systèmes défensifs romains.