Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
S

Saint-Étienne (suite)

 V. Jannesson, Monographie et histoire de la ville de Saint-Étienne depuis ses origines jusqu’à nos jours (Le Hénaff, Saint-Étienne, 1891). / M. Chaulanges et J. Page, Géographie et histoire des régions de Lyon et de Saint-Étienne (Charles-Lavauzelle, 1948). / L. Dorna, Histoire de Saint-Étienne (Dumas, 1953). / J. Schnetzler, les Industries et les hommes dans la région de Saint-Étienne. Étude de géographie humaine (l’auteur, Saint-Étienne, 1974).

Saint-Exupéry (Antoine de)

Aviateur et écrivain français (Lyon 1900 - au large de la Corse [?] 1944).


La vie de ce Limousin-Provençal se place sous le signe de l’équilibre. Non de l’ordinaire. Une enfance protégée et heureuse entre quatre frères et sœurs dans l’aristocratique propriété de Saint-Maurice-de-Rémens (Ain) ne retient pas l’aventureux jeune homme de se lancer témérairement à bord d’un avion pendant son service militaire en 1921. Il a perdu la foi malgré une éducation à l’internat des jésuites du collège Sainte-Croix du Mans (1909-1914), puis chez les maristes de Fribourg (Suisse). Mais son indépendance d’esprit ne se ternit pas par la révolte, l’amertume ou le pessimisme. La traversée des « années folles » ne laisse pas dans sa pensée son empreinte de vacuité. Impétueux, rêveur, il évite de tomber dans les mirages du monde (Cocteau), de l’évasion (Larbaud, Morand), du désenchantement, de l’orgueil de la révolte (Montherlant) ou de l’action pour l’action tendant ses pièges sous les pieds de la race des jeunes conquérants (Malraux). Malgré une période difficile — il est bureaucrate, puis vendeur de camions et fait des baptêmes de l’air —, il finit à force d’opiniâtreté par pénétrer enfin en 1926 dans le monde des pilotes de la célèbre société Latécoère, son univers désormais. Un univers où la tâche la plus quotidienne ne se fait jamais routine et ne tue jamais l’exaltation. Saint-Exupéry entre dans l’aviation au moment où celle-ci entreprend ce tournant décisif qui correspond parfaitement à son tempérament. Après l’âge héroïque des fous volants, la gloire pure des combattants du ciel de la Première Guerre mondiale s’ouvre l’ère de l’héroïsme obscur des convoyeurs de courrier, et de leur patron, Didier Daurat, le célèbre Rivière de Vol de nuit. Pour Saint-Exupéry commence la grande et aventureuse errance sur des avions primitifs, soumis à tous les aléas des conditions atmosphériques, au-dessus de pays hostiles ou jamais survolés, de jour comme de nuit : courrier Toulouse-Dakar (1927), Cap-Juby en pleine dissidence marocaine, Marseille-Alger sur hydravions, pilote d’essais (1932). La mort qui le guette pendant son raid Paris-Saigon, interrompu dans le désert d’Égypte en 1932, ou durant son vol New York-Terre de Feu dans le Guatemala en 1938 le frappe en plein ciel en 1944 dans cette Seconde Guerre mondiale dont il avait suivi comme journaliste les préparatifs en Espagne (1937). La devise que Gide exprime dans sa Préface à Vol de nuit : « Le bonheur de l’homme n’est pas dans la liberté, mais dans l’acceptation d’un devoir », Saint-Exupéry la vit intensément. Et ce bonheur, il le fait partager au lecteur au long d’une œuvre écrite au hasard des randonnées et des expériences du pilote : Courrier-Sud (1928), Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de guerre (1942), Lettre à un otage (1943), Citadelle (1948). Il ne faut pas chercher dans ses romans, d’une langue à la fois précise et imagée, le romantisme de l’action et le prestige des ailes. Le talent de Saint-Exupéry s’y fond dans la grisaille du reportage, mais les illumine par le sens de la fraternité humaine. Il s’accompagne aussi de cette méditation qui s’exerce même au-dessus des lignes ennemies (Pilote de guerre). Méditation simple, franche et directe. À la portée de tous une phrase la résume dans Citadelle : « Pour que soit un homme heureux, il faut que soit un homme », dit le chef berbère. Mais pour que l’être humain subsiste, il doit sauvegarder les valeurs essentielles. Tout ce qui exprime la beauté, tout ce qui donne le sens de l’éphémère sur cette planète minérale où la vie n’est qu’accident et la pensée un miracle. Ainsi deviennent précieuses l’eau offerte par un Bédouin alors qu’on se croyait perdu, les trois feuilles vertes cultivées pieusement par le capitaine dans le désert, la lutte de Guillaumet en perdition dans les Andes (Terre des hommes). Ainsi apparaissent comme des trésors l’amitié, la grâce fragile des femmes (le Petit Prince, 1943), même si dans le monde de Saint-Exupéry leur univers s’oppose inexorablement à celui des hommes (Courrier-Sud). En un mot, il faut protéger tout ce qui semble en péril sur notre terre et qui constitue la substance même, la raison d’être de l’homme. « En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison » : ce message de Terre des hommes est un message pour aujourd’hui.

D. S.-F.

 P. Chevrier et M. Quesnel, Saint-Exupéry (Gallimard, 1958 ; nouv. éd., 1971). / C. Cate, Antoine de Saint-Exupéry (New York, 1970 ; trad. fr. Antoine de Saint-Exupéry, laboureur du ciel, Grasset, 1973). / Les Critiques de notre temps et Saint-Exupéry (Garnier, 1971).

Saint-Gall

En allem. Sankt Gallen, v. de Suisse, dans le nord-est du pays, ch.-l. du canton de Saint-Gall ; 81 000 hab.



L’histoire de la ville

Vers 614, le moine irlandais saint Gall construisit un ermitage au point supérieur de la vallée de la rivière Steinach et créa par la suite une communauté monastique. Tels furent les modestes commencements de l’abbaye des Bénédictins de Saint-Gall, fondée au viiie s. par l’abbé Otmar, laquelle établit bientôt sa suprématie sur la contrée environnante et fut pendant des siècles un des centres les plus importants de la vie religieuse, intellectuelle et économique de la Suisse orientale. L’importance du couvent déclina dès le xiie s. ; le train de vie mondain qu’y menaient les abbés et les moines s’opposait à la fois à la discipline, à la recherche scientifique et à la prospérité économique. Pendant ce temps, la ville, entièrement dépendante de l’abbaye à l’origine, s’émancipa peu à peu. Réduite d’abord à un petit nombre de constructions groupées autour du monastère et habitées par des commerçants et des fonctionnaires, elle se développa, s’entoura d’une enceinte fortifiée et fut promue en 1212 au rang de ville impériale libre. En 1281, Rodolphe de Habsbourg lui octroya le privilège d’avoir des tribunaux indépendants.