Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
R

Rutebeuf (suite)

Déplorations funèbres

La Complainte du comte de Nevers (1266). La Complainte du roi de Navarre (1271). La Complainte du comte de Poitiers (1271).

Les Complaintes du pauvre Rutebeuf

La Griesche d’hiver. La Griesche d’été. Le Dit des ribauds de Grève. Le Mariage Rutebeuf. La Complainte Rutebeuf. La Paix Rutebeuf. La Povreté Rutebeuf. La Mort Rutebeuf.

Poème dramatique et monologue comique

Le Miracle de Théophile. Le Dit de l’Herberie.

Fabliaux

La Disputaison de Chariot et du barbier. La Dame qui fit trois tours autour du moutier.

D. P.

 Œuvres complètes de Rutebeuf, publ. par E. Faral et J. Bastin (Picard, 1960 ; 2 vol.).
U. Leo, Studien zu Rutebeuf. Entwicklungsgeschichte und Form des Renart le Bestourné und der ethisch-politischen Dichtungen Rutebeufs (Halle, 1922). / E. B. Ham, Rutebeuf and Louis IX (Chapel Hill, North Carolina, 1962). / G. Lafeuille, Rutebeuf (Seghers, 1966). / N. F. Regalado, Poetic Patterns in Rutebeuf (New Haven, 1970).

ruthènes (Église et rite)

Le terme de ruthène — étymologiquement apparenté à celui de russe — a été employé à la fin du Moyen Âge dans les pays de l’Occident latin, et notamment par la chancellerie du Saint-Siège de Rome, pour désigner les populations et les communautés chrétiennes des principautés slaves les plus occidentales des domaines riourikides, entre la Dvina et le Dniepr.


Vers le milieu du xive s., la Galicie fut conquise par le roi de Pologne Casimir III* le Grand (1349), et la Volhynie et les autres États ruthènes furent rattachés à la Lituanie. Après diverses vicissitudes, les anciens pays « ruthènes » sont depuis 1945 incorporés dans l’U. R. S. S.

Prenant acte de la situation et de la volonté des catholiques ukrainiens d’affirmer leur identité, le Saint-Siège réserve depuis 1962 la dénomination de « Ruthènes » aux émigrés originaires de la métropole subcarpatique de Moukatchevo-Oujgorod, pour lesquels a été érigé en 1924 l’exarchat apostolique de Pittsburgh (États-Unis). Le terme continue, néanmoins, à s’appliquer au rite liturgique en usage dans les communautés catholiques byzantines originaires des anciens pays ruthènes.


Jusqu’à l’union de Brest-Litovsk (1596)

Après le baptême du prince Vladimir et des Kiéviens (v. 988), plusieurs évêchés sont créés dans les domaines riourikides. À partir de 1037, Kiev prend rang de métropole ecclésiastique. Les origines de cette situation demeurent controversées : certains en attribuent l’initiative à Rome, d’autres à Constantinople, d’autres à la Bulgarie. Les partisans de l’autonomie originelle de l’Église « ruthène » prétendent que le métropolite de Kiev est l’héritier des archevêques de Tmoutarakan (Tamatarkha), centre d’activité missionnaire dans le nord-est de la mer Noire, créé par le patriarche Photios* avant 869. Mais l’Église « ruthène » proprement dite prend consistance avec la création, en 1141, à Halicz (Galitch), sur le Dniestr, d’une métropole nouvelle dans la principauté de Galicie. À diverses reprises, des manifestations d’autonomie à l’égard du patriarcat de Constantinople aboutissent à l’élection, à Kiev même, de métropolites autochtones. Mais, après la mise à sac de la ville par les Tatars (1240), les métropolites kiéviens, soumis de nouveau à la juridiction patriarcale, s’établissent à Moscou (1325), sans renoncer cependant à leur titre d’origine. La métropole galicienne de Halicz connaît pendant longtemps une existence précaire : reconstituée en 1302, sous le règne du prince de Galicie et de Volhynie Georges Ier, elle est supprimée par le patriarche Isidore Ier Voukhiras (1347). Après l’extinction des riourikides de Galicie et le rattachement du pays à la Pologne et à la Lituanie, le roi de Pologne obtient son rétablissement en 1371 pour la portion du territoire soumise à son autorité ; mais, bientôt, l’union polono-lituanienne (1385) entraîne une nouvelle unification ecclésiastique au profit de la métropole de Kiev.

Jusqu’en 1448, il n’y a qu’un seul métropolite pour les « Ruthènes » du royaume polono-lituanien et du grand-duché de Moscovie. Mais le métropolite Isidore, ayant souscrit l’union avec Rome au concile de Florence (1439) et voulant y rester fidèle, est désavoué par les Moscovites, qui élisent, sans l’assentiment de Constantinople, un métropolite pour Moscou (1448). Après la renonciation d’Isidore, le pape Calixte III nomme le Bulgare Grégoire métropolite ruthène de Kiev (1458), consacrant ainsi la disjonction des deux sièges de Kiev et de Moscou. Grégoire sera également confirmé en 1470 par le patriarche de Conslantinople, situation qui se maintiendra jusqu’à la fin du siècle.


Depuis l’union de Brest-Litovsk

C’est seulement dans les dernières années du xvie s. que l’union avec Rome est formellement établie par un acte juridique ; l’accord signé à Rome le 23 décembre 1595 est ratifié par le métropolite ruthène de Kiev Michel Rahoza († 1599) et par la majorité des évêques dans un synode tenu l’année suivante (6-10 oct. 1596) dans la petite ville de Brest-Litovsk, sur le Boug. Mais une grande partie des classes dirigeantes ruthènes demeure réticente, voyant dans l’Union (Ounia) un moyen déguisé d’assimilation au catholicisme polono-lituanien de tradition latine. L’opposition est particulièrement vive de la part des Cosaques* Zaporogues et de leur hetman Piotr Konaszewicz-Sahajdaczny, suivi par la majeure partie du bas clergé et du peuple. Un appel est adressé aux patriarcats orthodoxes, et, en 1620, le patriarche orthodoxe de Jérusalem consacre un métropolite de Kiev pour les fidèles qui refusent l’Union. L’évêque de Polotsk, Josaphat Kuncewicz (saint Josaphat), dévoué à la cause de l’Union, est massacré en 1623. Une tentative de réconciliation par la création d’un patriarcat de Kiev, dont le premier titulaire aurait été le métropolite orthodoxe Pierre Moguila (1632-1647), échoue par suite de l’opposition du Saint-Siège. En 1632, la diète polonaise reconnaît l’existence des deux hiérarchies : l’une catholique byzantine unie, l’autre orthodoxe. Les guerres des Cosaques, l’insurrection de l’Ukraine en 1648, le partage du territoire de celle-ci entre la Pologne et la Moscovie en 1667 font entrer dans l’orbite du patriarcat russe de Moscou (1685) la métropole orthodoxe de Kiev ; en 1722, celle-ci sera ramenée au rang de simple archevêché.