Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Russie (suite)

La toundra s’étend peu dans la partie européenne. Elle ne s’avance que sur les caps élevés et fait place à une végétation semi-aquatique, marécageuse ou semi-forestière, où se mêlent le bouleau nain et certains pins. C’est là qu’elle est la plus peuplée, formant une partie de la région du Nord-Ouest. Mourmansk est libre de glaces grâce aux eaux relativement tièdes de l’Atlantique qui l’atteignent. Arkhangelsk peut être délivré des glaces. En revanche, les vrais caractères d’une toundra plus étendue vers le sud se trouvent dans la partie sibérienne.

La forêt est par excellence le domaine des Russes. Sans doute, sous forme de pins et de mélèzes, s’étend-elle surtout en Sibérie, où elle n’est ni essartée ni exploitée. En Europe, elle a joué un rôle social, économique et politique, à tel point que ses limites et sa composition ne sont pas partout naturelles. Au nord, c’est la taïga, composée de pins, de sapins et de bouleaux. À la latitude de Moscou commence la forêt mixte, où se mêlent des charmes, des chênes, des tilleuls, des aulnes et des saules. Faisant transition avec la steppe au sud de Voronej, dans la Volga moyenne, la lessostep (forêt steppique ou steppe boisée) forme la limite méridionale des pays russes.

La forêt a recueilli et protégé le peuple russe, chassé des steppes par les nomades ; des clairières ont été défrichées, comme celle de Moscou, mais les sols, les fameux podzols (sols cendrés), doivent recevoir des engrais chimiques ; les champs portent des cultures de seigle, d’orge, de blé et des légumes verts ; les prairies sont fréquentes. Les marais et les innombrables cours d’eau fournissent grâce à la pêche une partie de l’alimentation. Le bois sert à la fabrication des izbas, des outils agricoles, des instruments ménagers : l’industrie des koustari, artisans du bois et colporteurs, est devenue une grande branche de l’économie dans la région de Moscou et la Volga supérieure. L’écorce de tilleul donne les lapti, sortes de chaussures habilement préparées. Le bois était déjà exploité avant la Révolution et fait l’objet d’une grande industrie (grumes, bois sciés, caisses, allumettes, pâtes de cellulose et papier) ; les usines sont disséminées le long des cours d’eau ou aux confluences. Couvrant la moitié de la surface de l’Union, possédant la moitié des résineux du monde, la forêt se compose de plus de 40 p. 100 de mélèzes (encore peu exploités), de 16 p. 100 de pins, d’autant de sapins, de 14 p. 100 d’épicéas, le reste étant des bouleaux et des arbres à feuilles caduques. Elle est de plus en plus « bonifiée », recensée, mise en coupe et regénérée à la fois dans la partie européenne et dans le Sud.

L’agriculture peut se développer : 4 p. 100 des terres seulement sont cultivées, mais ce pourcentage atteint de 20 à 50 p. 100 dans la forêt mixte (avoine, lin, orge), tandis qu’à la frontière de la steppe apparaissent les cultures du climat continental de la zone tempérée, blé et maïs, dont la limite septentrionale remonte jusqu’au sud de Moscou.

Enfin, la République de Russie ne possède presque pas de steppe, à l’exception des régions entre Don et Volga inférieurs et du nord du Caucase (steppe des Kalmouks), mais ce sont des secteurs plus arrosés qu’en Asie, subissant moins souvent les tempêtes de sable, où subsiste la transhumance, mais où les cultures sont possibles, surtout si elles sont irriguées. Les terres vierges s’étendent pour une faible part dans le sud de la Sibérie occidentale, et l’on a décrit des îlots steppiques dans l’Altaï, la région des Bouriates ou le long du Transsibérien et en Extrême-Orient.


Les grandes régions économiques

La Russie en compte dix, d’importance inégale. Une brève description commence par la partie centrale pour gagner les régions périphériques.

Le Centre dit industriel comprend le bassin de la haute Volga et la région de Moscou*. L’agriculture assure 40 p. 100 du lin de l’Union et 20 p. 100 de la pomme de terre. L’industrie, centrée autour d’Ivanovo, de Iaroslavl, de Smolensk, de Moscou, est une industrie légère : textile (surtout), alimentation, mécanique de précision. Le Centre des Terres noires, au sud, est moins peuplé, ayant été ravagé par la guerre ; la population n’a guère augmenté depuis, mais la région fournit le dixième des grains de l’Union, les deux tiers de la betterave à sucre, 17 p. 100 du tournesol. Moscou a stérilisé en partie le développement économique, mais la capitale, par ses besoins de main-d’œuvre et de ravitaillement, a pu transformer ces deux régions du Centre.

La région du Nord-Ouest appartient à la taïga et à la toundra. Le cercle polaire la traverse ; la densité moyenne y est de 3 habitants au kilomètre carré. C’est encore une frange pionnière, un pays neuf dont les richesses ont été mises en valeur par un bon réseau de communications. Les ressources sont : la houille du bassin de la Petchora (20 Mt par an, mais 260 milliards de tonnes de réserves) ; le pétrole et le gaz du nord du bassin Volga-Oural ; l’énergie hydraulique fournie par de nombreuses centrales ; dans la presqu’île de Kola, les néphélines, qui contiennent de l’aluminium, les apatites, des phosphates ; le cuivre et le nickel. Leningrad* anime la région, qui, malgré la pauvreté de l’agriculture, est en pleine expansion, fournissant le quart des bois débardés de la Russie, le tiers de la cellulose et du papier...

Les pays de la Volga comprennent deux régions économiques fort inégales. Au nord, la Volga-Viatka reste un pays de forêts et de culture du lin, sans grandes villes. Mais les réalisations et les projets de la Grande Volga ainsi que l’exploitation du Second-Bakou font de la région dite du Povoljie l’une des plus dynamiques de l’U. R. S. S., fournissant presque les trois quarts du pétrole de l’Union, 15 p. 100 du gaz naturel, presque autant d’électricité. L’exploitation de ces richesses récemment découvertes a entraîné la formation d’un réseau industriel en pleine croissance et d’un réseau urbain fondé sur les champs pétrolifères et le grand fleuve. Des entreprises ont été transférées ici pendant la guerre. Volgograd* (anc. Stalingrad*) symbolise la résistance, aux limites de l’Asie, du peuple russe. C’est une zone d’attraction pour les cadres et la main-d’œuvre.